On ne sortira évidemment pas les chaises pliantes en prévision de la parade de la Coupe Stanley.

Mais l’arrivée d’Eric Staal à Montréal et le fait qu’il a renoncé à sa clause de non-échange pour se joindre au Canadien confirme une tendance depuis la victoire du CH aux mains des Penguins dans la bulle de Toronto : Montréal redevient une destination attirante pour les joueurs de la LNH, parmi lesquels d’anciennes gloires.

Ce détail n’est pas anodin. Même si Montréal figurait parmi les dix clubs sur la liste où il ne souhaitait pas être échangé (il n’y aurait sans doute pas renoncé avec une quarantaine complète de 14 jours), Staal a accepté de l’écarter dimanche après l’annonce des assouplissements de la santé publique.

Il avait bien sûr hâte de quitter la morosité de Buffalo, mais la date limite des échanges arrivait aussi à grands pas et il aurait pu aisément attendre quelques jours, tout au plus deux semaines, pour une destination plus favorable à ses yeux

Corey Perry n’a pas signé pour des millions cet automne. Et il n’y avait probablement pas 30 clubs à ses trousses. Mais il a choisi le Canadien.

Tyler Toffoli, lui, était nettement plus populaire, après une fin de saison spectaculaire à Vancouver. Il a accepté 17 millions pour quatre ans du CH, un salaire inférieur à sa valeur.

Après avoir été acquis pour Max Domi, Josh Anderson a accepté une prolongation de contrat de sept ans à Montréal, ce qu’il refusait de faire à Columbus.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Tyler Toffoli et Josh Anderson

Le défenseur Joel Edmundson avait connu de bonnes séries éliminatoires avec les Hurricanes de la Caroline. Il jouait contre les meilleurs trios adverses et n’a été sur la glace pour aucun but. Il était à quelques semaines de l’autonomie complète lorsqu’il a accepté une offre de quatre ans du Canadien.

Le contrat de Jake Allen, acquis en retour de choix de troisième et septième ronde, allait arriver à échéance à la fin de la saison. Il a accepté de signer une prolongation de contrat pour deux années supplémentaires cet automne.

Brendan Gallagher a accepté de prolonger de six ans son expérience avec le Canadien et Jeff Petry de quatre ans.

Certains fans sont impatients à Montréal. On les comprend. Le Canadien n’a pas remporté la moindre ronde de séries éliminatoires depuis 2015, a été exclu des séries éliminatoires trois fois depuis, et était en voie de les rater une quatrième fois n’eut été de la pandémie.

On comprend donc le scepticisme de plusieurs et probablement leur sarcasme à l’occasion.

Mais vous avez ici huit joueurs – Eric Staal, Corey Perry, Josh Anderson, Tyler Toffoli, Joel Edmundson, Jake Allen, Jeff Petry et Brendan Gallagher – qui eux, ne voient pas le portrait aussi sombre.

Ils n’auraient jamais accepté de se joindre à ce club, ou d’y prolonger leur expérience, s’ils n’avaient pas la conviction que cette équipe avait les outils pour gagner.

Ça ne rend évidemment pas le Canadien imbattable. Ils sont toujours quatrièmes dans leur division, ne l’oublions pas.

Mais il y a un écart surprenant entre ceux qui réclament à grands cris une reconstruction et le congédiement des membres de la direction et ces joueurs réputés qui, eux, croient dans le potentiel de cette formation.

Le discours aurait été différent si Staal et Perry avaient été les seuls sur cette liste. On aurait pu évoquer deux vétérans en fin de carrière dont les options étaient plus limitées. Mais ils font partie d’un groupe de plus en plus imposant à acheter le plan de Marc Bergevin.

Modérer ses attentes

Corey Perry a 12 points, dont 6 buts, en 24 matchs, et les gens sont ravis. La perception n’aurait pas été la même si on avait espéré le redoutable buteur d’antan. Perry a 35 ans, la vitesse n’est pas son apanage, mais il produit de gros jeux au moment opportun. Il joue au sein d’un quatrième trio, parfois d’un troisième au besoin.

Il faut voir l’arrivée de Staal, 36 ans, du même œil. Il ne remplacera pas Phillip Danault, Jesperi Kotkaniemi ou Nick Suzuki, à moins d’une blessure ou d’un effondrement de la part des jeunes. Marc Bergevin n’ira pas échanger Danault, son centre le plus important du moment, s’il espère faire du chemin en séries.

Jake Evans écopera avec l’arrivée de Staal. Ce jeune centre de 24 ans n’arrivait pas à gagner la confiance de Dominique Ducharme récemment. Il a été rayé de la formation à quelques reprises et jouait rarement plus de 9 minutes par match.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Jake Evans

Sur un quatrième trio, Eric Staal est un cadeau du ciel. Il mesure 6 pieds 4 pouces, il a gagné la Coupe Stanley, possède de l’expérience en séries et constituera un précieux grand frère pour Kotkaniemi et Suzuki. Il connaissait une saison difficile à Buffalo, comme tous les joueurs des Sabres, mais il a amassé 47 points en 66 matchs l’an dernier avec le Wild. Ça lui aurait conféré le deuxième rang des compteurs du CH.

Bergevin a payé des choix de troisième et cinquième ronde pour Staal. Celui-ci a coûté Marcus Johansson aux Sabres il y a sept mois à peine.

Il reste au Canadien pour le repêchage de 2021 un choix de première ronde, deux choix de deuxième ronde, deux choix de troisième ronde, trois choix de quatrième ronde, deux choix de cinquième ronde, un choix de sixième et un choix de septième ronde. Marc Bergevin n’a pas exactement vidé la banque…

Caufield s’amène

Cole Caufield s’est adressé aux médias via Zoom lundi matin. On le sent encore un peu assommé par l’élimination des Badgers du Wisconsin contre un club moins fort, vendredi dernier. L’équipe avait de grandes aspirations après avoir terminé au premier rang de la puissante division Big Ten.

PHOTO JOHN MERSITS, ASSOCIATED PRESS

Cole Caufield

Sa quarantaine aura du bon. Elle permettra au jeune homme de récupérer physiquement et émotivement d’une deuxième moitié de saison effrénée. Caufield a marqué 24 buts en 21 matchs depuis son retour du Championnat mondial junior et Wisconsin a effectué une poussée irrésistible vers les sommets.

Joël Bouchard devra, lui, s’assurer de bien protéger son nouveau joyau. Deux beaux espoirs de l’organisation, Jesse Ylonen et Jan Mysak, sont tombés au combat dimanche soir à la suite de percutantes mises en échec.

L’an dernier, Jesperi Kotkaniemi s’est blessé à la rate à son 13e match à Laval. On n’a jamais su exactement comment l’incident s’est produit, mais on ne se blesse généralement pas à la rate par soi-même…

Cole Caufield a beaucoup fait parler de lui cet hiver, et il mesure 5 pieds 7 pouces et pèse 170 livres. Il aura une cible dans le dos.

À lire

1- Quand Samuel Morin s’inspire de Serge Savard. Une belle histoire racontée par Guillaume Lefrançois.

2- Si tout va bien, le Canadien s’entraînera à nouveau lundi à 18 h en prévision d’un match mardi contre les Oilers. Guillaume, encore lui, raconte.

3- La Fédération internationale de hockey sur glace est sur le point d’adopter les règlements de la LNH. Permettez-moi ici d’omettre l’auteur de cet article…