C’était l’un des secrets les moins bien gardés du hockey, mais le DG des Ducks d’Anaheim, Bob Murray, a finalement craché le morceau cette semaine : son club est en reconstruction…

« On reste fidèles à notre plan, a-t-il lancé aux journalistes affectés à la couverture de l’équipe. On reconstruit. Nous sommes patients. Toutes nos futures décisions à venir, tous les échanges, seront effectuées avec l’avenir en tête. Pour l’instant, appréciez le talent de nos jeunes, et espérons le retour en forme de certains de nos vétérans. »

Murray justifiait un peu ainsi son inaction de la saison morte. Il a résisté à la tentation d’échanger ses meilleurs espoirs pour Jack Eichel et s’est contenté de ramener Ryan Getzlaf pour un an sur le marché des joueurs autonomes.

Même s’il n’a jamais osé l’admettre publiquement, Murray agit comme un directeur général d’un club en phase de rajeunissement depuis trois ans. Il a obtenu des choix de première ronde supplémentaires pour Ondrej Kase et Brandon Montour et s’est séparé de ses vétérans Corey Perry, Michael Del Zotto et Ryan Miller en cours de route.

Les Ducks ont regarni leur banque de jeunes en repêchant dans le top 10 trois années consécutives après avoir terminé dans les abysses du classement général.

Murray possède l’homme désigné pour reconstruire, son adjoint et directeur du recrutement amateur, Martin Madden fils, l’un des meilleurs de la profession. Il vient d’embaucher Joël Bouchard pour guider ses espoirs dans la Ligue américaine avec les Gulls de San Diego.

L’avenir est prometteur au centre, avec entre autres Trevor Zegras, sans doute le meilleur espoir de l’organisation.

PHOTO GARY A. VASQUEZ, USA TODAY SPORTS

Trevor Zegras

Zegras, 20 ans, 9e choix au total en 2019, avait éclipsé Cole Caufield avec l’équipe américaine au Championnat mondial junior en amassant 18 points en seulement sept matchs. Il a aussi dominé outrageusement dans la Ligue américaine l’hiver dernier malgré son jeune âge, avec 21 points en 17 matchs, et il a récolté 13 points en 24 rencontres à Anaheim. Sa créativité et sa vision demeurent ses plus grands atouts.

Madden et les Ducks viennent aussi de repêcher un autre centre cet été, au troisième rang, Mason McTavish, 11 points en sept matchs au Championnat mondial des moins de 18 ans avec l’équipe canadienne, dont il était le capitaine. McTavish a marqué 29 buts en 57 matchs à sa première année junior il y a deux ans, à seulement 16 ans (il a eu 17 ans en janvier).

Bouchard a pu compter sur Zegras et McTavish au tournoi des recrues en Arizona, en plus de Benoit-Olivier Groulx, Jacob Perreault et Jamie Drysdale. Les jeunes Ducks n’ont pas perdu une seul de leurs trois parties.

Même s’il a beaucoup ralenti, Getzlaf sera donc de retour à 36 ans pour assurer une transition. L’ailier québécois Maxime Comtois, 22 ans, est au cœur de cette reconstruction. Il a terminé en tête des compteurs de l’équipe l’an dernier avec 33 points en 55 matchs et il devrait former la paire au sein du premier trio avec Zegras. Le défenseur Jamie Drysdale, sixième choix au total en 2020, est lui aussi un pilier dans l’opération. Il a partagé son temps entre la LNH et la Ligue américaine, où il a dominé, l’an dernier. Il devrait voir ses responsabilités augmenter cette année.

Mais si Bob Murray entend reconstruire comme il l’affirme, il doit y aller de manière encore plus agressive, comme Bill Armstrong le fait en Arizona.

Son défenseur numéro un, Cam Fowler, a désormais 29 ans, tout comme Josh Manson. Hampus Lindholm a 27 ans et deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de l’année, comme Manson.

Murray doit les échanger et espérer le maximum de choix et d’espoirs en retour, sans quoi il risque de les perdre sans rien obtenir. Dans le cas de Fowler, il sera devenu trop vieux lorsque les jeunes loups des Ducks seront au sommet de leur art.

La même stratégie s’applique dans le cas des attaquants Rickard Rakell, 28 ans, joueur autonome sans compensation à la fin de la saison, et Jakob Silfverberg, 30 ans.

Reste aussi à voir si l’entraîneur Dallas Eakins, de retour pour une troisième saison, est l’homme de la situation. Son expérience dans une situation semblable à Edmonton, entre 2013 et 2015, avec de jeunes Taylor Hall, Ryan Nugent-Hopkins, Jordan Eberle et Nail Yakupov, s’est avérée un désastre, et on n’a pas senti une grande progression des jeunes Terry, Steel, Jones et compagnie depuis son arrivée à Anaheim. Joël Bouchard héritera peut-être de cette belle équipe d’ici quelques années.

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