Patience avec les jeunes. Personne n’incarne mieux cet énoncé cette saison que le Wild du Minnesota.

Joel Eriksson Ek et Jordan Greenway auraient été crucifiés ces dernières années dans un marché comme celui de Montréal ou de Toronto.

Eriksson Ek a été repêché au 20e rang de la première ronde en 2015, Greenway en deuxième ronde la même année. Ils représentaient l’avenir du Wild à l’attaque, mais ils ont mis du temps à aboutir.

Eriksson Ek, un centre suédois, a obtenu 16 petits points en 75 matchs à sa première saison complète, à 20 ans. Puis 14 points en 58 matchs à sa seconde, et 29 points, dont 8 buts, en 62 rencontres l’an dernier. On avait presque lancé la serviette dans son cas.

Après une demi-saison cette année, il constitue le meilleur buteur du Wild avec 11 buts, en route vers une saison de 33 buts sur une campagne complète. Son jeu défensif est tel qu’on le mentionne comme un candidat au trophée Selke.

Il y a deux ans à peine, on pouvait blâmer la direction de l’équipe de l’avoir préféré à un Colin White ou à un Anthony Beauvillier. Pas cette année. White et Beauvillier auront encore l’occasion de reprendre la pole ces prochaines saisons tellement les choses changent parfois vite dans la LNH.

Greenway, un géant de 6 pieds 6 pouces, a mis du temps à débloquer lui aussi. À peine 24 points à sa première année, et 28 à sa seconde, l’an dernier. Cet ancien de Boston University est le deuxième compteur de l’équipe cette saison avec 20 points en 27 matchs.

L’émergence de Greenway et Eriksson Ek, et l’arrivée de l’enfant prodigue Kirill Kaprizov, repêché lui aussi en 2015, mais en cinquième ronde, permettent au Wild de surprendre. Avec une fiche impressionnante de 18-8-1, Minnesota se classe au deuxième rang de la division Ouest, un point devant l’Avalanche du Colorado, quatre points devant les Blues de St. Louis.

Kaprizov, 23 ans, a déjà une main sur le trophée Calder remis à la recrue par excellence. On n’a jamais douté de son talent. Mais Kaprizov, 23 ans, 25 points en 27 matchs cette saison, a tardé avant de quitter la KHL pour l’Amérique.

PHOTO DAVID BERDING, USA TODAY SPORTS

Kirill Kaprizov

Le DG du Wild, Bill Guerin, peut se vanter aujourd’hui d’avoir été patient. Il a hérité d’un club à la dérive en août 2019.

Il a bien évalué la situation sans jamais paniquer. Parmi ses rares coups d’éclat, le congédiement de l’entraîneur Bruce Boudreau. Le départ de celui-ci n’est peut-être pas étranger à l’éclosion des jeunes.

Il s’est départi de quelques vétérans, entre autres Devan Dubnyk, Eric Staal et Jason Zucker. Ce dernier lui a rapporté un choix de première ronde et un espoir.

Le jeune gardien Kaapo Kahkonen, 24 ans, repêché en quatrième ronde en 2014, a émergé lui aussi et ravi le poste de numéro un à la nouvelle acquisition Cam Talbot. Il montre une fiche de 12-4, une moyenne de 2,05 et un taux d’arrêts de ,927.

L’avenir nous dira si le Wild du nouvel entraîneur Dean Evason continuera à gagner à ce rythme. Mais en optant pour une approche pragmatique, sans sacrifier de jeunes ou de choix, et en gonflant la confiance fragile des jeunes de l’organisation, Guerin semble en voie de relancer le Wild.

Il a aussi réussi à arracher cet été aux Canucks de Vancouver l’un des recruteurs en chef les plus doués de la profession, Judd Brackett, l’homme derrière les sélections de Quinn Hughes et Elias Pettersson.

Marco Rossi et Matt Boldy, les deux choix de première ronde des dernières années, en 2020 et 2019, viendront sans doute en renfort d’ici une saison ou deux.

Poehling et Brook vont bien

À Montréal, on s’est emballé rapidement avec Ryan Poehling, choix de première ronde du CH en 2017, après son match de trois buts à son baptême de la LNH il y a deux ans. Puis on l’a jeté aux oubliettes après une saison difficile dans la Ligue américaine l’an dernier. Poehling a connu un début de saison modeste à Laval, mais il vient d’obtenir six points à ses trois dernières rencontres, dont deux buts gagnants à ses deux dernières parties.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Ryan Poehling

Poehling a amassé seulement 13 points en 36 matchs à sa première année chez les professionnels à Laval l’an dernier. Il en totalise désormais 10 en 13 matchs depuis le début de la saison et il est très responsable défensivement.

Repêché la même année, mais en deuxième ronde, le défenseur Josh Brook connait lui aussi un excellent début de saison après un hiver catastrophique l’an dernier. Il a 7 points en 12 matchs, une fiche de +5 et un jeu d’ensemble nettement plus efficace.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Josh Brook

Ça ne veut pas dire qu’il faut rappeler Poehling à Montréal aujourd'hui ou qu’il est prêt, ou le sera un jour, à remplacer Danault sur un troisième trio, mais sa prise en main constitue une bonne nouvelle pour l’organisation.

Si Eriksson Ek et Greenway ont débloqué six ans après avoir été repêché, attendons encore avant de qualifier des jeunes hommes de 22 ans de flops.

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