Profitons de la pause dans la LNH pour revisiter l’histoire du Canadien. Cette semaine, nous vous présentons un top 5 des meilleurs repêchages des 40 dernières années chez le CH. Aujourd’hui, en quatrième position, la cuvée 1998…

Même si le Canadien a gaffé au premier tour du repêchage de 1998 en préférant Éric Chouinard à Simon Gagné, cette cuvée demeure néanmoins l’une des meilleures de l’histoire de l’organisation.

Mike Ribeiro a disputé plus de 1000 matchs en carrière. Quant à Andrei Markov, François Beauchemin et Michael Ryder, ils ont frôlé cette prestigieuse marque.

Le Canadien vivait une transition cette année-là. Après deux années de services, le directeur du recrutement amateur, Pierre Mondou, s’apprêtait à céder son poste à Pierre Dorion, l’actuel directeur général des Sénateurs d’Ottawa. On avait néanmoins laissé à Mondou le privilège de trancher au premier tour.

Le directeur général du Canadien à l’époque, Réjean Houle, avait promis de favoriser des joueurs offensifs, et il n’a pas manqué de le rappeler aux journalistes après le repêchage.

Chouinard et Gagné jouaient tous deux pour les Remparts de Québec à leur année de repêchage. Le premier avait amassé 83 points, dont 41 buts, en 68 matchs, le second 69 points, dont 30 buts, en 53 parties. Mais pour plusieurs observateurs avertis du milieu, Gagné était de loin le joueur le plus complet.

« On connaissait ses antécédents familiaux, a déclaré Houle aux reporters à propos du fils de l’ancien marqueur de 50 buts dans la LNH Guy Chouinard. Disons qu’on espère que le fils devienne aussi bon que le père. »

Chouinard a disputé 90 matchs en carrière, dont 13 pour le Canadien. Il a obtenu 22 points.

Gagné a joué 15 ans dans la LNH. Il a amassé 601 points en 822 matchs, dont deux saisons de plus de 40 buts et quatre de plus de 60 points. Il a aussi participé à deux Jeux olympiques et à une Coupe du monde pour le Canada.

Janne Niinimaa…

La suite allait être plus intéressante pour le Canadien. Repêché au deuxième tour, Mike Ribeiro a connu une brillante carrière malgré ses démons. Il a terminé au cinquième rang des compteurs de cette cuvée avec 793 points, derrière Vincent Lecavalier, Brad Richards, Pavel Datsyuk et Alex Tanguay, devant Scott Gomez, David Legwand et Simon Gagné.

Malheureusement pour le Canadien, Ribeiro a connu ses meilleurs moments ailleurs. Il a bêtement été échangé par Bob Gainey pour le défenseur Janne Niinimaa en septembre 2006, à 25 ans. Il a amassé 407 points en 461 matchs au cours des six saisons suivantes, pour Dave Tippett, un entraîneur très exigeant sur le plan de la rigueur et de l’éveil en défense. Niinimaa a disputé 41 (mauvais) matchs à Montréal avant de s’envoler pour la Suisse.

Le choix de troisième tour a lui aussi connu ses meilleurs moments ailleurs. François Beauchemin venait de passer quatre ans au sein du club-école de l’équipe. L’année du lockout, en 2004, il suffisait à Gainey de lui faire signer un contrat de la Ligue américaine pour l’y envoyer sans le soumettre au ballottage. Gainey ne s’est pas donné cette peine. Il l’a soumis au ballottage avant de l’envoyer à Hamilton. Beauchemin a été réclamé par les Blue Jackets de Columbus.

L’année suivante, il était échangé aux Ducks d’Anaheim pour Sergei Fedorov. Il y a connu ses meilleures années, au sein d’un redoutable « Big Three » avec Chris Pronger et Scott Niedermayer. Beauchemin a remporté une Coupe Stanley avec les Mighty Ducks au passage.

Si le Canadien ne l’avait pas laissé pourrir si longtemps dans les mineures en début de carrière, François Beauchemin aurait aisément atteint la marque des 1000 matchs.

Dans son compte rendu du repêchage, publié le 28 juin 1998 en direct de Buffalo, le journaliste de La Presse Canadienne évoque les noms de Chouinard, Ribeiro, Beauchemin, Gordie Dwyer et de deux Russes, Andrei Bashkirov et Andrei Kruchinine. Pour une raison obscure, on a omis de mentionner le troisième Russe de cette cuvée, repêché au sixième tour, un certain Andrei Markov…

« Le choix de Ribeiro en deuxième ronde avait suscité beaucoup de débats à l’interne, m’avait confié Pierre Dorion en 2015. Certains de nos recruteurs n’en voulaient pas. Je l’adorais, et avec le soutien de Pierre Mondou et de Claude Ruel, nous l’avons repêché. Dans le cas de Markov, tout le mérite revient à Mondou. C’était son homme. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Andrei Markov

Mondou épiait Markov depuis quelques années en Russie. Markov jouait au centre pour le Khimik Voskresensk, avant d’être muté à la défense après le repêchage.

Markov est demeuré en Russie deux années supplémentaires, avant de traverser l’Atlantique. Après deux saisons à être ballotté entre Montréal et Québec, dans la Ligue américaine, Markov a obtenu un poste régulier à Montréal en 2002, à l’aube de ses 24 ans. En 990 matchs, il a amassé 572 points. Il vient au deuxième rang de l’histoire du Canadien pour les points chez les défenseurs derrière Larry Robinson, et à égalité avec Guy Lapointe.

Un autre joueur absent de la nomenclature de La Presse Canadienne ce jour-là, Michael Ryder, choisi au huitième tour, a connu trois saisons de 30 buts ou plus, et cinq saisons de 25 buts ou plus.

Ryder n’allait pas être retenu par Gainey en 2008 après sa quatrième saison, sa moins productive en carrière. Claude Julien, l’ayant dirigé dans les rangs juniors à Hull, puis en début de sa carrière à Montréal, n’a pas hésité à le recommander à ses nouveaux patrons à Boston. Ryder l’a remercié avec une saison de 27 buts en 74 matchs. Il a remporté la Coupe Stanley avec les Bruins en 2011, obtenu 17 points en 25 matchs éliminatoires pour eux ce printemps-là.

Ce fut une grande cuvée. Si seulement le Canadien n’avait pas perdu Ribeiro, Beauchemin et Ryder pour… Janne Niinimaa. Enfin bref…

(Demain : la troisième position)

1998

(1) 16 — Éric Chouinard

(2) 45 — Mike Ribeiro

(3) 75 — François Beauchemin

(5) 132 — Andrei Bashkirov

(6) 152-Gordie Dwyer

(6) 162 — Andrei Markov

(7) 189 — Andrei Kruchinin

(8) 201 — Craig Murray

(8) 216 — Michael Ryder

(9) 247 — Darcy Harris

*En caractère gras, ont disputé au moins 100 matchs dans la LNH.

À LIRE

Brillant, absolument brillant ce texte de Frédéric Duchesneau. Je n’en dis pas plus, allez le lire !