Il y a une riche trame narrative dans cette victoire de 3-2 du Canadien de Montréal sur les Canucks de Vancouver.

Il y a ce but de Jonathan Drouin en avantage numérique, ce même avantage numérique qui était 30e dans la ligue avant le match d'hier. Ce même avantage numérique parfois si difficile à regarder et qui n'avait donné que deux buts au Canadien à ses 11 derniers matchs.

Hier, non seulement Drouin a fait mouche, mais en plus, c'était le but de la victoire.

Il y a Carey Price aussi, qui, de toute évidence, a fait le ménage « en haut » après que ses ennuis sportifs sont devenus le sujet chaud en ville. Nouvelles jambières rouges à la vue de tous, le gardien a été sensationnel pour un deuxième match de suite. Au total, 35 arrêts, plusieurs spectaculaires, mais surtout avec le calme olympien qui a fait sa réputation. Gestes calculés, rapides, bref, « le Carey Price que l'on connaît », a brillamment résumé Claude Julien.

Il y a bien sûr cette séquence prodigieuse de Max Domi qui se poursuit, avec un point dans un neuvième match de suite. En fait, il a été exclu de la feuille de pointage seulement trois fois cette saison et il fait assurément passer son patron Marc Bergevin pour un génie du hockey.

Il y a aussi cette nouvelle manie du Canadien de remonter au pointage, sans sombrer dans la panique. La saison dernière, la moindre avance de l'adversaire avait des allures de montagne. À 2-1 en troisième période, il n'y a pas si longtemps, les joueurs auraient déjà été en train de penser au prochain match, comme le veut le cliché sportif. Cette saison, on y croit, jusqu'à la fin.

LA VRAIE HISTOIRE

Mais à travers toutes ces belles histoires, il est peut-être temps de commencer à parler un peu plus de Jeff Petry. Hier, il a joué presque 28 minutes et a peut-être connu son meilleur match de la saison. Tout ça même si le joueur qu'il a le plus affronté est le jeune prodige Elias Pettersson.

C'est sûr, tout n'est pas parfait défensivement, pour Petry comme pour les autres. Le Canadien a accordé presque 41 tirs en moyenne à ses quatre derniers matchs. Il vient de traverser une séquence horrible de 36 buts accordés en huit matchs.

Mais Jeff Petry est devenu la portion la plus facile du plan de match de Claude Julien : il jouera beaucoup, contre les meilleurs.

Contre les Flames, c'était Johnny Gaudreau. Contre les Oilers, c'était Leon Draisaitl et, tout de suite après, Connor McDavid. Contre les Golden Knights, c'était Max Pacioretty, qui connaissait ce soir-là une performance inspirée. Contre les Sabres, c'était Jack Eichel. Vous voyez où on veut en venir.

« Mon approche est la même  [dans ce rôle de défenseur numéro un], a expliqué Petry. Juste faire une bonne première passe, patiner, ça me met en marche rapidement. Et je passe moins de temps en zone défensive. Mentalement, c'est pareil à chaque match, je sais que je n'aurai pas de présence facile. C'est un défi chaque soir de jouer contre les meilleurs. Nous sommes compétitifs, tu ne veux pas qu'ils marquent, et si tu les arrêtes, l'équipe peut gagner. J'en retire beaucoup de fierté. »

Plus que les fameuses « grosses minutes », Petry s'est aussi révélé un passeur intéressant. On l'a vu sur le premier but du Canadien, avec son superbe service d'un bout à l'autre de la glace pour lancer Tomas Tatar en échappée. L'absence de Shea Weber a forcément révélé quelques lacunes chez Petry, mais elle l'a aussi forcé à apprendre à se débrouiller dans toutes les situations.

Petry compte maintenant 46 points en 69 matchs comme général par intérim de la défense. À ce rythme, ça lui vaudrait une saison de 55 points et le 13e rang des marqueurs parmi les défenseurs la saison dernière. Ça commence à devenir une histoire.

« Il a été solide ce soir, a reconnu Claude Julien. Il été agressif, a pris de bonnes décisions, tout était mieux ce soir. Il a répondu à l'appel, on avait besoin de lui. Il a été bon du début à la fin. »

Weber reviendra sous peu et il contribuera à corriger, par sa simple présence, les deux principales lacunes du Canadien : le jeu défensif et l'avantage numérique. Petry sera le premier à en profiter, puisqu'il aura su acquérir une expérience inestimable et pourra maintenant remplir un rôle qui lui convient mieux. Vingt-huit minutes de jeu, c'est trop pour lui. A-t-il hâte de revoir le capitaine pour se reposer un peu ?

Il éclate de rire. « J'aime jouer toutes ces minutes, mais c'est toujours bon de le voir s'approcher d'un retour. Il va aider notre avantage numérique et notre défensive. C'est le capitaine, tout le monde a hâte de le revoir. »