Au moins, Bob Gainey ne s'est pas caché. Après avoir expliqué à Georges Laraque qu'il n'était plus un joueur du Canadien, contrairement à ce qu'affirme la pub, le DG est monté au front pour expliquer sa décision devant les caméras.

Et le DG a été clair: l'embauche de Laraque aura été un échec retentissant pour lui.

«Une défaite, a dit Gainey d'un air impassible. J'en suis le responsable, et Georges n'a pas aidé comme je l'avais prévu.»

Laraque n'a pas aidé comme prévu, en effet. Passons rapidement sur le fait que le CH a embauché en Laraque un poids lourd qui ne voulait plus en être un, et attardons-nous plutôt sur l'essentiel de cette bourde: trois ans, 4,5 millions.

Ça fait mal juste à l'écrire, mais c'est la vérité. Trois ans et 4,5 millions, c'est le lucratif contrat que Gainey a accordé à Laraque en 2008. À la grande surprise d'un peu tout le monde, dois-je ajouter.

Le pire, c'est que si Gainey et ses adjoints avaient fait leurs devoirs, cette gaffe aurait pu être évitée. Si, par exemple, les patrons du Canadien avaient passé un coup de fil aux patrons des Penguins de Pittsburgh, ils auraient appris que Georges Laraque était déjà un joueur en fin de parcours à sa dernière année chez les Penguins, il y a deux ans.

«À Pittsburgh, Georges Laraque, ça ne valait pas cher, m'a confié, hier, un dépisteur de la LNH en exigeant l'anonymat. Les Penguins ne l'ont presque pas utilisé lors des séries de 2008, et ça, ça voulait tout dire. Son problème à Montréal était le même qu'à Pittsburgh: il ne travaillait pas fort. Dans cette ligue, si tu ne travailles pas assez fort lors des entraînements, tu ne pourras pas suivre le tempo lors des matchs. Pour Georges, l'éthique de travail, ça n'a jamais été une grande priorité.»

Selon ce que j'ai pu apprendre, certains dirigeants des Penguins se sont étouffés dans leur triple latté en apprenant que Bob Gainey avait accordé le contrat que l'on sait à Laraque.

«Personne ne pouvait y croire, a ajouté ce dépisteur. Georges Laraque, c'est un gars qui n'avait plus aucune utilité à Pittsburgh. Et le Canadien répond en lui offrant un contrat de trois ans.»

Ça s'ajoute aux autres

Des gaffes, ça arrive. Tout le monde en fait. Le problème pour Bob Gainey, c'est que ce constat d'échec s'ajoute aux autres. Il s'ajoute aux échecs que l'on sait au repêchage. Il s'ajoute aux problèmes de ce gardien de concession qui tarde à devenir un gardien de concession. Il s'ajoute aux erreurs de recrutement, aux erreurs de développement, aux mauvaises évaluations du personnel hockey.

Jusqu'ici, le règne Gainey est marqué par une série de décisions fort discutables. Par des échanges bâclés, notamment ceux de Mike Ribeiro et de José Théodore, qui ont été donnés en retour de deux joueurs qui ne sont même plus dans la LNH depuis longtemps déjà. S'il fallait en plus que Guillaume se transforme en marqueur de 30 buts au Minnesota...

Pour toutes ces raisons, je vois mal comment Gainey pourrait être de retour dans la chaise du DG la saison prochaine. À moins d'un spectaculaire revirement, à moins que le Canadien ne se mette à jouer comme le Canadien de 1976-1977, le travail de Gainey sera réévalué de façon sévère au terme de la saison. En d'autres mots, il aura des comptes à rendre.

«Une partie de mon travail consiste à améliorer la qualité de notre personnel», a fait remarquer Gainey vers la fin de son point de presse, hier midi.

C'est justement ça, le problème. L'équipe régresse, l'avenir s'annonce sombre, et c'est un peu, beaucoup la faute à vous savez qui. Sur la glace, Bob Gainey aura été un joueur d'exception. Dans les bureaux du Centre Bell, par contre, Gainey n'est pas un joueur d'exception. Pas du tout.