L’épopée 2023 victorieuse des Alouettes a été empreinte d’un retour à son identité québécoise et francophone, du rachat de l’équipe par Pierre Karl Péladeau à l’intervention colorée et virale de Marc-Antoine Dequoy après le titre à la Coupe Grey. Un documentaire retraçant la saison des Moineaux démontre que cette culture ancrée dans le fait français a véritablement été à la source des succès du club.

Et ce, depuis le premier jour du camp d’entraînement. Sans divulgâcher, sachez que l’entraîneur-chef Jason Maas a compris très rapidement comment se servir de la distinction montréalaise et québécoise pour souder son groupe vers un but commun.

« C’est un point qui peut diviser certains individus dans la LCF, remarque Byron Archambault, coordonnateur des unités spéciales et entraîneur des secondeurs, lors d’une discussion avec La Presse. Pour nous, le français a été une façon de s’unir. On a regroupé tous ces gens-là autour de la langue française qui est si belle. C’est spécial. »

C’est important de comprendre sa différence, de l’accepter et d’en être fier. Ce ne sont pas des revendications sociales, c’est plus un message de fierté.

Luc Brodeur-Jourdain, entraîneur de la ligne offensive

TVA avait convié les médias à un visionnement de presse de la série Les Alouettes : Nouvel Envol, jeudi matin, dans les locaux de Québecor, rue St-Jacques. La série se déploie sur quatre épisodes de 22 minutes. Ils seront diffusés sur les ondes de TVA Sports après les matchs du Canadien, le samedi 6 avril et le samedi 13 avril, à coup de deux par semaine. Ils auront aussi leur place dans la grille horaire de TVA à partir du jeudi 11 avril, à 19 h 30.

Nous avons vu le premier et le dernier. L’émission reprend les codes du docuréalité sportif à la Hard Knocks, avec des entrevues, des moments dans les coulisses et à l’extérieur du terrain, ainsi que des discours émotifs. Mais elle a aussi le luxe de présenter la conquête d’un championnat. Aucune surprise ici : le dernier épisode, entièrement consacré au match de la Coupe Grey, est presque aussi tendu que la finale l’a été. Les images du vestiaire à la mi-temps sont, en ce sens, très précieuses.

« Je crois que c’est une opportunité en or de revivre l’émotion du championnat, note Brodeur-Jourdain. C’est de documenter et de conserver pour l’éternité un moment qui est charnière dans l’histoire des Alouettes. De savoir que dans 30 ans, si je veux revivre cette émotion de 2023, il va toujours y avoir ces épisodes-là. […] J’aurais aimé avoir ce genre de documentaire [pour les championnats de] 2009 et 2010. Pour nous, c’est de l’or en barre ! »

« Un timing impeccable »

On y découvre certaines personnalités de l’équipe au-delà de leur mode de vie d’athlète. Certains s’ouvrent même à la caméra avec une émotion que l’on voit rarement dans le quotidien d’une équipe professionnelle.

« Le but, c’est d’expliquer notre histoire, souligne Marc-Antoine Dequoy. Et dans cette histoire-là, t’as des moments émotifs, t’as une équipe toujours sous-estimée. »

On a vu comment on était confiants, vraiment connectés, tissés serré. […] Ce n’était pas juste du monde qui rentrait le matin, qui travaillait et qui repartait le soir. C’était vraiment une équipe.

Marc-Antoine Dequoy, maraudeur des Alouettes

« Ça m’a fait pleurer encore, lance Brodeur-Jourdain en riant. C’était la première fois que je le voyais. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Le défilé des champions de la Coupe Grey au centre-ville de Montréal, en novembre derier

Le directeur général Danny Maciocia veut attribuer du mérite à l’équipe de production de Fairplay. « On savait qu’ils étaient là, dit-il, mais on ne le sentait pas. »

Évidemment, sauf si on se nomme Marty McFly, que l’on a accès à une DeLorean modifiée et à un almanach du futur, aucun expert ne prédisait un tel scénario aux Alouettes. Encore moins ladite production.

Quelle histoire, parce qu’ils ont choisi de le faire à la bonne année où on a été capables d’aller chercher un championnat ! Le timing était vraiment impeccable.

Danny Maciocia, directeur général des Alouettes

« L’équipe a su se mouler à un environnement qui est hostile aux caméras en temps normal, soumet Archambault. L’industrie et la culture du football, c’est très protecteur de l’information, on fait attention à ne pas trop diffuser les jeux. Ils ont su s’adapter à cet environnement-là. À un point tel qu’on ne se rendait même plus compte que les caméras étaient là. »

Et l’aventure va se poursuivre : quatre autres épisodes seront produits au courant de la saison 2024, et diffusés l’automne prochain.

« Des parallèles avec la vraie vie »

En visionnant ces images, Danny Maciocia a repensé aux « sacrifices » que sa famille et lui ont dû faire, à ces 19 ans passés loin du nid avant d’avoir l’occasion d’y revenir en 2020.

« C’était touchant, indique-t-il. Pour moi, c’était plus qu’une saison. Ça résume probablement ma carrière. »

S’il est reconnaissant de voir le parcours victorieux de son équipe de cœur retransmis à l’écran, il souhaite que les leçons de vie démontrées dans la série puissent inspirer encore plus que les téléspectateurs curieux ou les fans de sport.

« J’espère que ce sera quelque chose qu’on pourra partager dans les écoles avec les étudiants, lance-t-il. Il y a de beaux messages. Quand on parle de persévérance, de travail d’équipe, d’adversité. Il y a des parallèles avec la vraie vie. »

Les deux premiers épisodes de la série Les Alouettes : Nouvel envol seront diffusés à 22 h 45, samedi le 6 avril prochain, sur les ondes de TVA Sports.