Certains étaient frileux face au choix de confier à Usher le spectacle de la mi-temps du Super Bowl LVIII. En moins d’un quart d’heure, le désormais vétéran du R&B a su montrer qu’il sait comment livrer un excellent numéro, qui a toutefois dû surtout plaire aux admirateurs déjà convaincus.

Le verdict : enfilade de titres à succès

Il en faut beaucoup pour donner un spectacle de la mi-temps du Super Bowl qui puisse convaincre le public. Le Super Bowl LVIII a permis à Usher d’amener sur le gazon du stade Allegiant de Las Vegas une imposante production, qui n’a pas misé beaucoup sur les décors (comme on a pu le voir auparavant), mais plutôt sur les centaines de figurants et la belle ribambelle d’invités surprises, dont Alicia Keys, Ludacris et H.E.R. Si son répertoire récent est bien moins populaire que ses succès accumulés dans les premières décennies de sa carrière, le principal concerné en est bien conscient. C’est sûrement pourquoi il est allé puiser dans ses pièces les plus populaires pour ce spectacle qui a donné l’impression d’un (très satisfaisant) retour en arrière de 15 ans environ.

Un spectacle pour les fans surtout

Un constat s’impose : le spectacle de 12 minutes livré par Usher était franchement divertissant, mais il l’était certainement plus pour les admirateurs du chanteur que pour ceux qui ne connaissent pas vraiment sa musique. Car le moment de nostalgie qu’il a offert était un cadeau pour les milléniaux qui ont grandi avec ses chansons, sans beaucoup plus pour l’emballer. Pas de plateformes géantes comme Rihanna, pas de décor à couper le souffle comme The Weeknd. Des acrobates et des danseurs par dizaines l’entouraient lorsqu’il a commencé son medley par Caught Up, démontrant d’emblée l’ampleur de ses talents de danseur – ce qu’il a continué de faire tout au long de la dizaine de minutes qui lui étaient attribuées. Tout de blanc vêtu, Usher a servi aux spectateurs tous les meilleurs pas de danse que le R&B a mis au monde. Love in This Club a suivi et il s’est permis un petit message, comme pour affirmer sa place sur cette scène immense dimanche : « Ils disaient que je ne réussirais pas, ils disaient que je ne serais pas ici aujourd’hui. »

Grand retour bien accompagné

Usher a assuré une résidence à Las Vegas pendant plusieurs mois. Il a fait de la salle Dolby Live sa maison et y a installé un spectacle de l’été 2022 au mois de décembre dernier. Un spectacle qui a été très bien reçu par la critique et qui a attiré des milliers de spectateurs (des dates ont dû être ajoutées pour répondre à la demande). C’était ainsi une sorte de retour en terrain connu pour la vedette du R&B de 45 ans, pour ce premier Super Bowl tenu dans l’État du Nevada. Contrairement à Rihanna l’an dernier, Usher s’est bien entouré pour ce spectacle. Alicia Keys, somptueuse dans une combinaison rouge sertie de diamants, assise à un magnifique piano tout aussi rouge, a interprété If I Ain’t Got You, avant de se joindre à Usher pour le succès My Boo. Une version sensuelle et divertissante, qui a ensuite mené Usher au centre d’une scène ronde pour Confession Part II, qui est devenue Burn et finalement U Got it Bad, avec un Usher torse nu, toujours en train de danser avec lasciveté. La chanteuse virtuose H.E.R., à la guitare électrique, s’est amenée sur scène pour Bad Girl. Tout est allé très vite dans cette ode au R&B des années 2000 : en un clin d’œil, la scène a été envahie par des danseurs en patins, rejoints ensuite par Usher, lui aussi sur des patins (!) et dans un tout nouvel accoutrement, pour la chanson OMG.

Faire taire les critiques

L’annonce de la participation d’Usher au spectacle de la mi-temps a été reçue de façon plutôt mitigée. Certains ont été dubitatifs quant à la pertinence d’avoir le chanteur comme plat principal (en ce qui concerne la musique) du Super Bowl. Parce qu’il n’est pas nécessairement autant d’actualité que les Taylor Swift, Bad Bunny ou Harry Styles de ce monde, le choix de lui confier le spectacle de la mi-temps a été critiqué. Près de 30 ans après avoir fait paraître son tout premier album, Usher dit lui-même qu’il fait partie d’une génération chevronnée, mais moins à la mode. Et c’est ce qu’il faut, justement, pour un spectacle réussi : une carrière assez longue pour pouvoir servir des chansons dans un feu roulant. Exactement ce qu’il a fait dimanche soir. La fête s’est terminée dans une belle euphorie, avec le succès Yeah !, pour lequel Lil Jon, Ludacris et will.i.am sont montés sur scène, histoire de compléter en beauté ce retour dans le temps.

Soirée divertissante

Usher a ainsi su faire de l’entracte du match un moment de divertissement réussi. Il n’était pas le seul à assurer la portion musicale de la soirée. Avant le botté d’envoi, on a pu voir Reba McEntire chanter l’hymne national Star-Spangled Banner, Post Malone interpréter l’hymne America the Beautiful, et l’actrice et chanteuse Andra Day présenter sa version de Lift Every Voice and Sing, ces deux derniers accompagnés d’Anjel Piñero pour la version en langage des signes. Quant à Usher, les réseaux sociaux, juste après la fin de la mi-temps, ont semblé généralement approuver la performance, malgré les quelques réticences initiales.