L’ex-paracycliste Marie-Claude Molnar est l’une des ambassadrices du 40e Défi sportif AlterGo, qui aura lieu du 21 au 30 avril

C’était il y a bientôt 18 ans. Marie-Claude Molnar, alors âgée de 22 ans, roulait à vélo sur une voie d’accotement quand une voiture circulant à plus de 110 km/h l’a happée de plein fouet. Elle a survécu, « un miracle ».

Marie-Claude Molnar n’a que très peu de souvenirs de cette journée fatidique du 12 juillet 2005. Ce matin-là, elle avait enfourché son vélo avec l’idée de se rendre jusqu’au Parc Safari, à Hemmingford. En chemin, elle a aperçu une pancarte affichant le chemin à prendre pour se rendre jusqu’à la frontière des États-Unis. « Pourquoi pas ? Ça pourrait être le fun », s’est-elle dit en changeant de trajectoire.

La Longueuilloise se souvient d’avoir longé un champ, d’avoir atteint la frontière et d’avoir immortalisé le moment avec son appareil photo. « Après ça, tout a été effacé de ma mémoire », dit-elle.

Attablée dans le petit café de Longueuil où elle nous a donné rendez-vous, tasse à la main, l’ex-athlète nous raconte avoir été secourue par un automobiliste qui se trouvait un peu plus loin. Ledit automobiliste avait une formation d’ambulancier.

Cette personne-là m’a sauvé la vie. Parce que j’ai perdu vraiment beaucoup de sang.

Marie-Claude Molnar

C’est que, après le contact, son corps avait atterri dans le pare-brise du véhicule qui l’a happée. « De la vitre, ça coupe », rappelle-t-elle. Ses deux bras ne tenaient plus que par quelques filets de peau.

« En raison de la quantité de sang que j’ai perdu, je suis décédée. Mais bon, ils ont été capables de me ramener ! », s’exclame-t-elle en souriant.

Un miracle, disait-on.

Le verdict final : un traumatisme crânien léger, une amputation partielle des deux bras et une vingtaine de fractures à la jambe gauche. Elle a eu des points de suture à la tête et a subi différentes opérations à la jambe. On lui a installé des plaques et des vis dans les bras.

Marie-Claude Molnar a passé trois semaines à l’hôpital avant de retourner chez elle et d’entamer des traitements de physiothérapie. Si la femme de 40 ans n’a pas grand souvenir de cette période de sa vie, elle se souvient d’une chose : « Je n’avais pas un état d’esprit négatif. J’étais plus dans le positif. »

La carrière

Sportive dans l’âme, Marie-Claude Molnar n’a mis qu’un mois et demi avant d’enfourcher un vélo de nouveau. Elle s’est remise à rouler pour le plaisir, comme elle l’avait toujours fait.

Ce n’est que plusieurs années plus tard, en 2008, qu’elle s’est intéressée à la compétition pour la première fois. Elle s’est souvenue d’une affiche qui l’avait marquée, trois ans plus tôt, pendant ses traitements de physiothérapie.

Une affiche du Défi sportif AlterGo.

« Elle montrait un paracycliste, Marc Breton, qui était amputé d’un bras. Je me suis dit : si lui est capable, probablement que moi aussi, je peux le faire. »

Marie-Claude Molnar a contacté Lyne Bessette, seule référence qu’elle avait dans le monde du cyclisme, qui l’a mise en contact avec Louis Barbeau, directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes. En novembre 2008, elle avait un entraîneur. Et en avril 2009, elle participait à sa première course.

Laquelle ?

« Le Défi sportif », laisse-t-elle tomber.

Dès cette première expérience, Marie-Claude Molnar a atteint 95 % du standard de l’équipe nationale au contre-la-montre. Cette année-là, elle a représenté le Canada aux Championnats du monde sur route.

C’était le début d’une longue, belle et fructueuse carrière…

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE MARIE-CLAUDE MOLNAR

Marie-Claude Molnar sur son vélo

Pendant ses 13 années dans l’équipe nationale, la cycliste a tout fait. Elle est montée sur le podium aux Jeux parapanaméricains, aux Jeux paralympiques et aux Championnats du monde. En 2021, elle a été couronnée championne du monde sur route et au contre-la-montre. Elle a voyagé à travers le monde. Elle a fait de nombreuses rencontres marquantes.

« Ç’a vraiment été un travail d’équipe formidable. C’est important de le mentionner », insiste celle qui a pris sa retraite l’été dernier.

Toutes ces expériences forment aujourd’hui « la fondation de ce qu’[elle est] en train de devenir ».

Foncer, essayer

Quand elle a été pressentie pour être ambassadrice du Défi sportif AlterGo, Marie-Claude Molnar n’a pas hésité une fraction de seconde. Non seulement elle a participé à l’évènement presque chaque année pendant 13 ans, mais c’est là que tout a commencé.

« Ç’a été ma première course, ma porte d’entrée », rappelle-t-elle dans la douceur qui la caractérise.

Le Défi sportif, rappelle-t-elle, est une occasion pour les jeunes athlètes des écoles primaires et secondaires vivant avec un handicap « de se retrouver dans un environnement où le sport fait en sorte que tout le monde est pareil », explique Molnar dans un sourire.

C’est ça, la beauté du Défi sportif et du sport paralympique dans son ensemble. Tout le monde est égal.

Marie-Claude Molnar

En tant qu’ambassadrice, elle ira à la rencontre des jeunes sur les sites de compétition. Elle leur racontera son parcours ; celui d’une femme qui, après avoir frôlé la mort, a foncé dans une nouvelle aventure qui lui a permis de se dépasser plus qu’elle ne l’aurait cru possible.

C’est justement ça, son message aux jeunes : « Vas-y ». Parce que « si tu n’essaies pas, tu ne le sauras jamais ».

Et ça, Marie-Claude Molnar est bien placée pour le savoir.