Alison Jackson peut recommencer à danser… possiblement jusqu’aux Jeux olympiques de Paris.

Un an après sa victoire surprise à Paris-Roubaix, succès majeur accompagné de pas de danse qui font sa renommée sur les réseaux sociaux, la cycliste albertaine de 35 ans a récidivé en remportant la deuxième étape de la Vuelta Femenina, lundi à Moncófar, dans l’est de l’Espagne.

Ce triomphe de la coureuse d’EF Education-EasyPost risque d’avoir un impact déterminant dans la sélection pour les Jeux olympiques de Paris. À part son deuxième titre national acquis en juin aux Championnats canadiens – une épreuve théoriquement exclue de la politique de nomination –, Jackson était à la recherche d’une première victoire depuis qu’elle a soulevé son pavé roubaisien en 2023.

« J’ai connu un printemps un peu décevant et je voulais vraiment connaître une autre bonne course en retournant à Roubaix (27e), mais tu ne peux contrôler que ce que tu peux contrôler », a admis Jackson quelques minutes après la 10victoire de sa carrière. « L’équipe travaille de mieux en mieux ensemble au fur et à mesure que la saison avance. »

Jackson a su éviter deux chutes importantes dans les trois derniers kilomètres pour s’isoler à l’avant avec quatre concurrentes, à la poursuite de la championne serbe Jelena Eric (Movistar). Après un regroupement généralisé à la flamme rouge, la championne canadienne a sagement attendu le retour de sa coéquipière américaine Kristen Faulkner, qui a pris la tête de 500 à 200 mètres de l’arrivée.

À l’issue d’un sprint rageur, Jackson a coupé la ligne devant la championne hongroise Blanka Vas (SD Worx-Protime) et la Néerlandaise Karlijn Swinkels (UAE Team Emirates). Après avoir déposé sans délicatesse son Cannondale rouge et blanc, elle a sauté dans les bras de ses coéquipières en hurlant. Elle a ensuite exécuté quelques mouvements qui feront les délices de ses plus de 100 000 abonnés sur Instagram en cette Journée internationale de la danse.

« J’ai été chanceuse »

Magdeleine Vallières-Mill est arrivée quelques minutes plus tard, encore secouée après avoir durement tapé le bitume mouillé sur une chute dans un rond-point à deux kilomètres du fil.

« Les routes sont assez glissantes quand il pleut ici, je ne pouvais rien faire, ça a juste glissé », s’est désolée la cycliste de Sherbrooke, qui a entraîné une demi-douzaine de coureuses avec elle, dont une qui est passée par-dessus un garde-fou, culbute apparemment sans gravité. Jackson a profité du fait qu’une concurrente se trouvait entre elle et sa coéquipière, ce qui lui a permis de l’éviter de justesse.

« Souvent, quand les routes sont mouillées, ça fait un peu moins mal », a assuré Vallières-Mill. Elle ressentait néanmoins de légères douleurs au dos et au cou et prévoyait de se faire examiner par le médecin à son retour à l’hôtel. « J’ai été chanceuse, j’imagine. »

Ralentie par une autre chute au panneau des 3 km, Clara Émond, l’autre Québécoise d’EF Education, a quand même rallié la ligne dans le même temps que Vallières-Mill. À la reprise, l’athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges ne semblait pas être tombée violemment. Or, elle se tenait le bras gauche, la mine souffrante en descendant de selle. « On ne sait pas trop si elle s’est cassé le bras, elle doit aller faire des radios », a indiqué Vallières-Mill.

En fin de journée, Émond a envoyé cette précision dans un message : « J’ai chuté dans le dernier kilomètre et j’ai malheureusement une fracture au coude. Je ne pourrai pas continuer. »

Protéger sa coéquipière

Tandis qu’une soigneuse s’apprêtait à conduire Émond vers la voiture médicale, Jackson a passé un moment à discuter avec Vallières-Mill en lui prenant le cou. Cette dernière était chargée de la protéger pendant cette étape de 118,3 km qui ne comptait qu’une seule difficulté, un col de troisième catégorie aux deux tiers du parcours.

« Mon rôle était de rester avec elle toute la journée. Sur ce parcours, si tout allait bien, on y croyait. Je savais qu’elle était en bonne position avant que je tombe. »

Elle m’a remerciée et m’a dit que j’avais pris de bonnes décisions pendant la journée.

Magdeleine Vallières-Mill

Olivia Baril (Movistar) a elle aussi été victime de la chaussée glissante dans les derniers kilomètres. « Je suis correcte, juste un peu courbaturée », a-t-elle indiqué dans un message. Plus tôt dans l’étape, la Rouynorandienne a contribué au travail de poursuite pour revenir sur un petit groupe d’échappées.

À moins d’un mois de la fin du processus de sélection, Baril semble toujours la cycliste canadienne la mieux placée pour poinçonner l’un des deux lilas disponibles pour les Jeux de Paris. Ses qualités en contre-la-montre, épreuve pour laquelle le Canada dispose d’un quota, en font une candidate incontournable.

Jackson vient de prendre une sérieuse option sur le second ticket olympique, d’autant que Simone Boilard, l’autre prétendante la plus solide, est absente de la Vuelta. La coureuse de Limoilou amorce un stage en altitude de trois semaines dans les Alpes maritimes en vue de la seconde moitié de la saison.