(Huy) Sous la pluie, le grésil et parfois même la neige, le surprenant Stephen Williams a dompté des conditions apocalyptiques pour devenir mercredi le premier Britannique à remporter la Flèche Wallonne devant le Français Kévin Vauquelin.

« J’adore courir sous ce temps », a lâché, sans rire, le Gallois de 27 ans à l’issue de la plus belle journée de sa vie sur un vélo qui, pour presque tous les autres, aura été l’une des pires.

Partie sous le soleil, la classique belge, qui se dénoue généralement dans les derniers mètres de l’ultime ascension du redoutable mur de Huy, s’est jouée beaucoup plus tôt cette fois, à cause d’une météo affreuse, alternant déluge de pluie, coups de vent et même un blizzard à la mi-course.

Au final, 130 coureurs, sur 174 au départ, ont abandonné, frigorifiés et affichant un visage de mort-vivant, dont plusieurs des principaux favoris comme Tom Pidcock, Mattias Skjelmose, Marc Hirschi, Juan Ayuso ou David Gaudu, forcés de reporter leurs ambitions sur Liège-Bastogne-Liège dimanche prochain.

« La pluie était très froide, avec même de la neige parfois. Les 80 derniers kilomètres j’étais gelé, je ne pensais pas faire l’arrivée. Ça fait longtemps que je n’étais pas dans un état comme ça, je suis au bout », a rapporté Benoît Cosnefroy, quatrième à l’arrivée après avoir réagi trop tard pour répondre au démarrage fulgurant, à 300 mètres de la ligne, de Stephen Williams, l’homme que personne n’attendait.

Âgé déjà de 27 ans, le coureur d’Israel PT a perdu près de deux ans après une lourde opération au genou en 2019. Il a aussi laissé des plumes dans l’écrasement de la formation B & B Hotels qu’il devait rejoindre avant qu’elle ne mette la clé sous la porte fin 2022.

Huit Français dans le top 15

« C’était mon jour aujourd’hui. J’ai si souvent regardé cette course à la télévision et je rêvais de venir avec de bonnes jambes pour tenter de la gagner. Je suis sur un nuage », a savouré le Gallois qui, grâce à la plus belle victoire de sa carrière, continue à porter haut les couleurs de l’Union Jack lors de cette campagne 2024.

Dimanche, Tom Pidcock était déjà devenu le premier Britannique à remporter l’Amstel Gold Race, le premier volet de la trilogie ardennaise. Mercredi, Williams a ouvert le compteur pour les sujets de sa Majesté sur la Flèche Wallonne à la 88édition.

« Je suis fier d’être le premier, c’est quelque chose qui restera gravé », a-t-il commenté.

Derrière le Gallois, les Français ont réussi un superbe tir groupé avec huit coureurs dans le top 15, dont Kévin Vauquelin (2e), Benoît Cosnefroy (4e), Romain Grégoire (7e), Dorion Godon (8e) et Guillaume Martin (10e).

« Le niveau français a augmenté. Avec des jeunes comme Romain (Grégoire), Lenny (Martinez) ou moi, on se tire tous vers le haut. C’est une bonne spirale », a commenté Vauquelin.

À bientôt 23 ans, le Normand confirme ses beaux résultats depuis le début de l’année, même si le coureur d’Arkéa-B & B Hotels regrettait, à l’image de Cosnefroy, d’avoir « un peu trop attendu dans le mur ».

« Je pensais pouvoir revenir. Mais j’ai été un peu court. J’étais congelé. J’ai cafouillé avec mes vitesses à cause de mes doigts gelés. Forcément, j’ai un peu de regrets. J’avais une occasion unique (de gagner aujourd’hui). Mais c’est encourageant pour Liège », dimanche, a-t-il souligné.