À Barcelone, il y a deux semaines, Éric Barbaroux, le directeur général de la FFSA (la Fédération française du sport automobile), était venu au Grand Prix d'Espagne pour prêcher la bonne parole, celle de Magny-Cours. Il avait fait la tournée des journalistes français pour les conjurer de l'aider à sauver le Grand Prix de France, dont les rumeurs voulaient la disparition.

À Barcelone, il y a deux semaines, Éric Barbaroux, le directeur général de la FFSA (la Fédération française du sport automobile), était venu au Grand Prix d'Espagne pour prêcher la bonne parole, celle de Magny-Cours. Il avait fait la tournée des journalistes français pour les conjurer de l'aider à sauver le Grand Prix de France, dont les rumeurs voulaient la disparition.

Jusque-là, Ecclestone et ses plus fidèles lieutenants - tel Flavio Briatore - ne cessaient de lâcher toute la mitraille contre le circuit français. Infrastructure hôtelière insuffisante (il faut bien le reconnaître), installations dépassées (c'est encore vrai), cadre inintéressant (pour le moins), accès difficile (voilà des années que l'autoroute se termine à sept kilomètres du circuit, un dernier tronçon toujours embouteillé) : tous les arguments étaient déployés pour justifier l'abandon du Grand Prix de France.

À Barcelone, donc, Barbaroux déployait des trésors d'explications pour plaider sa cause : «Nous disposons normalement d'un contrat portant jusqu'en 2011, expliquait-il. Ce contrat indique clairement le lieu où le Grand Prix doit se situer, Magny-Cours. En revanche, il comporte une clause relative au standing de la course, ce qui permet à Bernie de faire ce qu'il veut. Rester à niveau, c'est très relatif ! Si demain, comme pour les Jeux olympiques, on nous demande de construire un aéroport international à 20 km du circuit... cela devient forcément difficile.»

Pourtant, face à des stades automobiles comme Sepang, Bahrein ou Shanghai, il ne fait aucun doute que les installations de Magny-Cours sont dépassées. «En 1991, nous étions nettement au-dessus de tous les autres. À l'époque, c'était le plus beau circuit de la saison. Il est incroyable de voir comment les choses ont évolué, et il est vrai que Magny-Cours n'a pas forcément suivi le rythme. Aujourd'hui, quand on regarde le niveau d'un événement international comme un Grand Prix de F1, qui est tout de même le troisième au monde après les Jeux olympiques et la Coupe du monde de foot, je pense qu'effectivement nous ne sommes plus dans le coup.»

Toujours optimiste, la FFSA a tenté une dernière manoeuvre cette semaine, à Monaco. Jeudi, elle a organisé une petite conférence de presse pour soutenir l'épreuve de Magny-Cours. Argument massue, elle a distribué une brochure reliée par une spirale plastique et qui résume les vainqueurs des Grands Prix de France précédents.

Une telle force de persuasion n'a pourtant pas eu raison d'Ecclestone. Hier, au cours d'une entrevue accordée à La Presse, le grand argentier de la F1 a confirmé qu'il avait eu raison des Français. Il n'y aura plus de Grand Prix de France en 2008.

«Je me suis mis d'accord avec les gens de la FFSA, explique Ecclestone. Ils sont d'accord pour tout stopper. Magny-Cours, plus personne ne voulait y aller de toute façon. Contrairement à ce qu'ils m'avaient promis, il n'y a pas d'hôtels, pas d'aéroport, pas d'intérêt historique, rien. Aucune raison d'y rester.»

Le plus fort, c'est qu'Ecclestone n'eut même pas besoin de faire jouer la clause de standing. «Cette clause existe, c'est vrai, poursuit-il. Mais surtout, les Français ne pouvaient plus payer le prix prévu. Est-ce qu'ils vous le disent, ça ? C'est la raison numéro 1 pour tout stopper. J'ai dit aux Français que le seul endroit qui m'intéressait désormais, c'était Paris. Là, ce serait formidable, je signe tout de suite, et pour 99 ans. Et comme Paris n'a pas eu les Jeux olympiques (c'est Londres qui a gagné les Jeux 2012, ndlr), ce serait un bon moyen pour eux de se rattraper. On essaie de mettre ce projet en route, ce serait bien pour la France. Je serais le premier heureux de remettre le Grand Prix de France au calendrier, vu la longue histoire de l'épreuve.»

L'idée d'un Grand Prix à Paris avait déjà été évoquée il y a une vingtaine d'années - un album de la bande dessinée Michel Vaillant y avait d'ailleurs été consacré. Aujourd'hui, le projet le plus avancé situe le circuit dans le cadre de Disneyland, à l'est de la capitale.

En attendant, Ecclestone, une nouvelle fois, a obtenu ce qu'il voulait. Les Français ne faisaient pas le poids...