« Le vrai succès, il s’établit sur le long terme », rappelle le nouveau directeur général adjoint de l’Alliance de Montréal, Charles Dubé-Brais, au bout du fil.

Le Québécois, qui portera aussi le chapeau d’entraîneur adjoint, souhaite mettre en place les pièces du casse-tête qui peuvent mener à ce « vrai succès ».

« Concrètement, gagner et avoir du succès dans le sport professionnel, c’est aussi le fruit d’un processus », explique-t-il en faisant référence à son expérience avec les Blackjacks d’Ottawa.

Dubé-Brais a été remercié par les Blackjacks au début de la saison 2022. Il n’était à la tête de l’équipe que depuis 19 matchs étalés sur deux saisons. Selon le principal intéressé, les dirigeants de la formation ontarienne ont voulu « les résultats avant même d’avoir fait le travail ».

Quand le directeur général de l’Alliance, Joel Anthony, l’a contacté il y a quelques mois afin de sonder son intérêt pour les deux postes, Dubé-Brais y a vu l’occasion de mettre à profit son expertise différemment que comme entraîneur-chef. Et de bâtir quelque chose qui s’étend sur de nombreuses années.

C’est le fun coacher, j’adore ça, mais je sentais que pour une équipe québécoise, je peux avoir un rôle qui est plus que ça, en réalité.

Charles Dubé-Brais

Dubé-Brais possède une perspective « assez unique » par sa connaissance du basketball international, lui qui a fait carrière en France et en Chine pendant de nombreuses années avant de devenir entraîneur adjoint du club-école des Raptors de Toronto, dans la G-League, en 2018. Il connaît donc des joueurs « d’un peu partout sur la planète, de différentes ligues et différentes forces, qui pourraient être éventuellement de bons candidats » pour l’Alliance.

« J’ai une grosse connaissance aussi au niveau des analytiques et des statistiques avancées. Ça donne une autre perspective, un outil supplémentaire à Joel, et je veux lui amener ça. »

Dubé-Brais a connu Anthony et Derrick Alston Sr, nouvel entraîneur-chef, du temps où il était dans la G-League. L’association entre les trois hommes tombe sous le sens, d’autant plus qu’Anthony cherchait à ajouter à son personnel « un entraîneur francophone qui connaît le milieu et le marché », explique Dubé-Brais.

Bâtir sur ce qui a été fait

Charles Dubé-Brais a quitté le Québec il y a des années pour faire carrière comme entraîneur. Dans ses nouveaux rôles chez l’Alliance, il aura l’occasion de contribuer au développement du basketball québécois sur la scène canadienne.

« Malheureusement, on n’est pas représentés comme on devrait l’être à plein de niveaux, soutient-il. […] Si on représente approximativement 25 % du pays en termes de population, on est loin de représenter 25 % des joueurs sur les équipes nationales de différentes catégories. Je ne pense pas que c’est parce qu’on est plus incompétents que les autres, mais je pense qu’il faut toujours travailler plus fort, quand tu es Québécois, pour établir ta place dans le grand Canada. »

Si la première saison de l’Alliance a été difficile sur le terrain, c’est tout le contraire à la billetterie, où le succès a été éclatant et immédiat. L’ambiance était au rendez-vous pour chaque match à l’Auditorium de Verdun.

« On a de quoi être fiers. […] D’avoir réussi à faire ça instantanément… Le public n’a pas attendu de voir le produit pour l’acheter. Il l’a acheté direct. Il a sauté à pieds joints dans le projet et ç’a rendu ça vraiment intéressant en partant. »

Maintenant, soutient-il, la balle est dans son camp et celui de Joel Anthony pour « avoir plus de joueurs de talent sur le terrain ».

La stratégie

En matière de résultats pour la prochaine saison, le DG adjoint reste prudent. En continuité avec sa conviction que gagner est un processus, il n’est pas du genre à promettre un championnat à Montréal dès 2023.

« Il y a certaines choses qui ont été faites l’année dernière qui ont été bonnes. Je pense qu’on va garder ces choses-là et améliorer le reste. Ça va mener à un processus sur le long terme qui va être très satisfaisant pour Montréal », dit-il en citant en exemple les champions en titre, les Honey Badgers de Hamilton.

« C’est le fruit de trois ans de travail. Ils ne sont pas juste devenus bons soudainement et ils ont gagné. Je pense qu’il faut voir ça comme ça à Montréal. Le vrai succès, c’est de dire : sur dix ans, quand on va avoir joué 200 parties, combien on va en avoir gagné ? »

Selon lui, le succès dans ce circuit canadien est « souvent guidé par tes deux ou trois meilleurs joueurs ». Les dirigeants s’attellent donc présentement à la tâche de trouver ce groupe de meneurs.

« Si on met nos trois meilleures cartes sur la table, [il faut] qu’on soit capables de regarder les autres [équipes] les yeux dans les yeux. Ça, c’est une priorité pour nous. C’est sûr que ça va mener à de meilleurs résultats que ceux qu’on a eus par le passé. »