Trois semaines après sa déconvenue aux Championnats du monde de Doha, Pamela Ware a franchi une première étape de sa relance en atteignant avec succès la ronde préliminaire de la Coupe du monde de plongeon, qui s’ouvrait jeudi matin à Montréal.

Avec un pointage de 309,50 points, la plongeuse de Greenfield Park a pris le sixième rang de cette phase pour aisément accéder à la finale de samedi après-midi.

Nettement plus important et significatif, elle a été constante d’un bout à l’autre, réussissant ses cinq essais pour des notes variant entre 6,0 et 7,5 sur 10. Précision : elle n’a reçu qu’un seul 6 sur les 25 notes enregistrées par les juges, gage de sa stabilité sur le tremplin du bassin du Parc olympique.

Son cinquième saut, un deux et demi avant avec deux vrilles en position carpée, a été l’objet d’une attention particulière, puisque c’est celui que Ware a raté à la fin de l’épreuve de synchro au Qatar. Elle n’a pas semblé sourciller avant de s’envoler, fendant l’eau avec confiance par la suite. Sa figure lui a procuré un score de 63 points, le meilleur de sa ronde, à égalité avec son premier, le plongeon arrière.

Cette prestation n’était évidemment pas comparable à son cauchemar qatari, alors qu’elle s’était arrêtée sur le bout de la planche avant de se laisser tomber à l’eau les pieds premiers, ce qui avait valu un zéro pointé au duo de synchro qu’elle formait avec la Montréalaise Mia Vallée. Nuance importante par rapport au tremplin individuel : Ware a dû changer son saut d’appel pour l’adapter à celui de Vallée en synchro, une modification d’envergure pour une plongeuse avec une telle expérience.

Reléguée à la 15place, la paire canadienne a dû faire une croix sur un passeport pour les JO de Paris à cette épreuve.

Le lendemain, tant Ware (25e) que Vallée (29e) ont défailli en préliminaires de la spécialité individuelle, alors que chacune était montée une fois sur le podium aux Mondiaux ces deux dernières années. La baisse de régime de Vallée, médaillée d’argent en 2022, a été particulièrement coûteuse puisqu’elle était celle qui pouvait procurer un deuxième quota olympique au Canada.

Par conséquent, Ware, Vallée et les autres adeptes du tremplin devront se disputer la seule place disponible lors des Essais olympiques de Windsor, à la mi-mai.

Dans sa bulle

Vallée a d’ailleurs choisi de s’abstenir de participer à la Coupe du monde de Montréal, souhaitant se concentrer sur l’entraînement en Floride, où la diplômée en biologie marine de l’Université de Miami est installée depuis plusieurs années.

S’entraînant au Parc olympique, Ware n’avait donc pas à voyager pour cette première tranche de la Coupe du monde. L’athlète de 31 ans a refusé les demandes d’entrevue après son échec à Doha et en amont de l’évènement montréalais. Jeudi encore, comme elle l’avait annoncé, elle a préféré rester dans sa bulle après sa compétition. Elle ne s’adressera aux médias qu’après la finale de samedi.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Pamela Ware

« Je crois qu’elle a sous-estimé l’environnement dans lequel elle allait se retrouver à Doha, la pression qu’elle allait ressentir et d’autres facteurs qu’elle n’était pas prête à affronter », a déclaré le directeur haute performance de Plongeon Canada, Mitch Geller, à La Presse Canadienne plus tôt cette semaine.

« C’était un évènement majeur et très long. Les juges étaient sévères. C’était très dur au niveau des émotions. »

« Elle a eu de la difficulté à s’adapter au synchro et à l’individuel, a ajouté le technicien. Sa préparation avait été interrompue souvent. Mais ç’a été encore pire que nous aurions pu l’anticiper. »

Pamela Ware a connu un échec semblable aux derniers JO de Tokyo. Après s’être installée au quatrième échelon à l’issue des préliminaires, elle avait dû stopper net son renversé avec trois vrilles et demie, une première en plongeon féminin aux JO, après avoir mal exécuté son saut d’appel. Son entrée à l’eau les pieds en premier avait fait le tour du web.

Cette fin en queue de poisson l’a incitée à surseoir à ses projets de retraite. L’ex-élève de l’entraîneur Aaron Dziver, aujourd’hui dirigée par le Chinois Hui Tong, a tenté de renouer avec son complexe renversé, avant de le ranger pour de bon en 2022.

Cette décision s’est avérée la bonne puisque la finaliste des Jeux de Rio vient de connaître la meilleure saison de sa carrière avec le bronze aux Mondiaux de Fukuoka à l’été 2023 et deux médailles d’or aux Jeux panaméricains de Santiago, l’automne dernier.

« Nous pensions qu’elle avait surmonté le traumatisme associé à Tokyo, a noté Geller à la PC. Elle avait été en mesure de rebondir. Ce n’est pas comme s’il y avait eu de nombreux signes. C’est maintenant une grande inquiétude pour elle. Mais elle a beaucoup d’expérience. »

Pamela Ware devra maintenant s’en servir en finale, samedi et, surtout, aux Essais olympiques où sa troisième participation aux JO sera à l’enjeu.

Jasmin doit chasser les papillons

À sa première compétition internationale de cette envergure, Amélie-Laura Jasmin a dû chasser une nervosité supplémentaire. Plombée par un deuxième saut moins réussi – un plongeon avant où elle n’a pas été en mesure de stopper sa rotation –, l’athlète de 19 ans a conclu la phase préliminaire à la 13position sur 15 participantes. Elle a amassé 245,10 points, soit 33,9 de moins que sa compatriote albertaine Aimee Wilson, 12e et dernière qualifiée pour la finale.

« Je n’avais pas beaucoup d’attentes, je n’ai pas plongé à mon mieux, mais je me dis que j’ai maintenant brisé la glace », a réagi la plongeuse de Saint-Laurent, qui n’avait pas prévu atteindre ce niveau dès cette année.

« J’étais vraiment nerveuse, mais c’est le fun d’avoir la famille qui encourage dans les gradins, ça me donne un petit boost d’énergie. »

Médaillée de bronze aux derniers Championnats canadiens, Amélie-Laura Jasmin aura une occasion supplémentaire de s’exécuter devant les siens puisqu’elle s’alignera à l’épreuve mixte par équipes vendredi après-midi. Cédric Fofana l’accompagnera au 3 m, tandis qu’Éloïse Bélanger et Benjamin Tessier se chargeront de la tour de 10 m. La jeune sélection canadienne sera donc entièrement composée de représentants du club CAMO, alma mater d’Alexandre Despatie, Émilie Heymans, Roselin Fillion, Jennifer Abel et Meagan Benfeito, entre autres.

Les Chinoises Chen Yiwen (359,40) et Chang Yani (339,60) ont pris les premier et deuxième rangs, une inversion de leur position respective aux Mondiaux de Doha. L’Australienne Maddison Keeney (338,05), vice-championne mondiale en synchro, a complété le trio de tête.