Gagner est une chose. Gagner en équipe en est une autre. Pour Jerome Blake, c’est ce qui fait toute la différence. Ses coéquipiers et lui l’ont fait en surprenant le monde de l’athlétisme.

Petit nouveau dans l’équipe du relais 4 x 100 mètres, Blake a déjà pris la place qui lui revenait en tant que deuxième relayeur.

Arrivé en 2018, deux ans après qu’Andre De Grasse et compagnie eurent remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Rio, le Jamaïcain d’origine a toujours su profiter de la chance qui lui avait été donnée. Une chance qu’il a méritée et qu’il a saisie.

Si bien que l’équipe a amélioré son résultat lors des Jeux de Tokyo, l’été dernier, en changeant la couleur de sa médaille. Blake et ses coéquipiers ont remporté la médaille d’argent.

Et aux Mondiaux d’athlétisme disputés à la fin du mois de juillet à Eugene, en Oregon, le quatuor canadien a défié tous les pronostics. Pour la première fois en 25 ans, les coureurs de l’unifolié ont mis la main sur la médaille d’or à l’épreuve du relais. Et encore : ils l’ont fait en réalisant l’impossible, c’est-à-dire en devançant les Américains. Intouchables et imbattables à ces Mondiaux. La bande de Noah Lyles a mordu la poussière.

Aaron Brown, Jerome Blake, Brendon Rodney et Andre De Grasse l’ont emporté grâce à un temps de 37,48 secondes, le résultat le plus rapide à cette épreuve cette saison et, surtout, un record national sur la distance.

PHOTO BEN STANSALL, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Aaron Brown, Jerome Blake, Brendon Rodney et Andre De Grasse

« C’est assez gros. Ce n’est pas une médaille d’or individuelle, mais une médaille d’or, ça reste une médaille d’or. Je suis très fier d’avoir fait partie de l’équipe championne », a expliqué Blake, à peine débarqué en sol floridien pour se préparer en vue de la deuxième moitié de la saison.

La troupe canadienne croyait en ses chances, mais elle savait aussi que ce serait une tâche difficile. L’essentiel était de demeurer fidèle au plan initial en se souvenant de toute la préparation effectuée en amont. « Il fallait rester concentré, s’imprégner du moment et exécuter ce qu’on avait prévu. »

D’ailleurs, la notion d’équipe est prédominante dans les propos de Blake. Selon lui, la meilleure équipe n’est pas celle qui court le plus vite, mais bien celle qui s’entend le mieux.

Si l’esprit d’équipe est à point sur la ligne de départ, on sait qu’on va être corrects. On essaie simplement de faire de notre mieux et on sait que si on fait ça, on aura de bons résultats et que des choses spéciales vont arriver.

Jerome Blake

Depuis son arrivée au Canada en 2013, Blake a progressé sans trop de tracas. Il a gravi les échelons graduellement et avec brio. Des Jeux du Canada aux Jeux olympiques.

Entre-temps, Blake a gagné. Ce pour quoi il travaille d’arrache-pied entre la Colombie-Britannique et la Floride pour prouver qu’il a sa place parmi les meilleurs au monde. Cette médaille d’or le lui a confirmé. C’est pourquoi il est précieux de s’arrêter pour prendre conscience pleinement de l’ampleur du travail accompli, même si ce n’est pas toujours simple. « J’essaie encore de le comprendre. C’est ma première grosse médaille d’or à des Mondiaux. Donc il faut embrasser le moment et essayer de construire là-dessus. C’est un sentiment très spécial. »

Faire l’impasse sur les Jeux du Commonwealth

L’athlète de 26 ans, comme ses coéquipiers De Grasse et Brown, a décidé de s’absenter des Jeux du Commonwealth, qui ont pris leur envol vendredi.

Blake parle d’une décision réfléchie et qui sera bénéfique pour le reste de la saison. Avec ces retraits, d’autres athlètes canadiens auront la chance de vivre une expérience enrichissante et c’est ce qui a aussi motivé le médaillé olympique à se retirer.

« On a beaucoup de jeunes athlètes qui poussent en athlétisme au Canada. Ça va laisser la chance aux plus jeunes de gagner en expérience et comprendre ce que ça prend. Comme à l’époque où j’ai participé aux Jeux panaméricains. Ça m’a donné de l’expérience et ça m’a permis de réaliser certaines choses », a-t-il ajouté.

Pour le reste de la saison, Blake se concentrera à défendre le statut de son équipe. Ses coéquipiers et lui ne sont pas devenus champions du monde par hasard et ils comptent bien le prouver.