Clayton* a 46 ans. Son amoureuse ? 64. Et savez-vous quoi ? La différence d’âge ne lui fait pas un pli.

« Zéro », hoche-t-il de la tête, catégorique, attablé dans un café de la Petite Italie. Parce que pour lui, « l’âge ne compte pas, mais l’énergie », nuance-t-il. Récit.

Le charismatique quadragénaire, qui travaille dans le monde de la restauration, nous a écrit pour marquer le coup de leurs âges aux chiffres inversés. « Ça ne va durer que quelques mois, mais je trouve ça très spécial. On voit souvent des chiffres inversés 23-32 ans, 34-43 ans, 35-53 ans, mais rarement 46-64 ans et encore moins quand c’est la femme qui est plus âgée. » Et il a voulu en témoigner, question de briser quelques mythes et autres idées reçues. Parce que, quant à lui, « c’est débile ! ».

Mettons tout de suite les choses au clair, donc : non, son amoureuse n’est pas une « cougar », encore moins une « prédatrice ». Ils ne sont pas ensemble que pour le sexe, même si ça a l’air d’aller très bien de ce côté, merci.

Mais commençons par ses débuts. « J’ai commencé tôt. Une première blonde à 10 ans ! », confie-t-il avec franc-parler, dans un récit truffé d’anecdotes. À 14, il sort avec une fille de 16 : « Parce qu’avec elle, je me disais que j’avais des chances… » Des chances ? « De perdre ma virginité ! »

L’affaire s’avère toutefois plus « plate » que prévu (« la première fois, je voyais ça comme des anges qui descendent du ciel, comme dans les films des années 1980 à l’eau de rose ! »). C’est finalement quelques années plus tard, au cégep, que Clayton s’amuse pour de bon. « J’ai ouvert la machine, illustre-t-il, en claquant des mains. Let’s go. Et ça a roulé. »

Roulé ? Il rencontre effectivement quelques filles, se fait des blondes, et « c’est cool », résume-t-il. « Je ne restais pas avec la fille si ça ne marchait pas. S’il n’y avait pas de connexion sexuelle, je ne restais pas dans la relation. »

Un évènement mémorable dont il n’a rien oublié : à 18 ans, Clayton drague une fille plus âgée (33 ans) dans un bar du centre-ville. En plein après-midi, ils prennent un verre, et crac, « on the spot », celle-ci lui dit : « viens-t’en ». « Et on a baisé chez elle tout l’après-midi ! »

J’ai tout le temps été attiré par les filles un peu plus vieilles. La femme, les formes, j’aimais ça comme ça.

Clayton, 46 ans

N’empêche qu’exception faite de cette fameuse aventure (« et ça m’est toujours resté dans la tête »), il a toujours « pogné » des filles de son âge.

Paternité

Début vingtaine, il rencontre la mère de son garçon, une histoire qui dure ici cinq ans. « Mais ça s’est essoufflé assez vite. Ça a bien commencé, tant qu’on n’habitait pas ensemble… »

Mi-vingtaine, donc, notre homme se retrouve avec une garde partagée. Mais le célibat ne lui convient pas et six mois plus tard, il est de nouveau en couple. « Je ne suis pas fait pour être célibataire, ou à la chasse, confirme-t-il. C’est compliqué, la séduction. J’aime mieux être avec une fille steady, plutôt que de jouer la petite game… »

Avec cette nouvelle fille, l’histoire dure cette fois 10 ans. Ils ont même un enfant. Au lit ? « Super cool. On avait beaucoup d’amour. De complicité. De complémentarité. Le sexe était cool, pas dans le tapis nécessairement, mais bien. Agréable, assez régulier. » Mais ? « Jusqu’à ce qu’on ait un enfant, poursuit-il. Elle a perdu sa libido, et ça n’a jamais repris. »

Ils ont tout essayé : le temps, la thérapie, tout. Non, Clayton ne l’a jamais trompée. « Mais je mangeais mes bas ! dit-il. On a travaillé fort pour sauver ça, mais ça ne marchait plus. » Et ils se sont laissés pour ça, « entre autres », précise-t-il.

La rencontre

Nous voici au tournant de la quarantaine. Clayton, on l’a dit, n’est pas fait pour le célibat. Au travail, il commence à « spotter », à faire du repérage. Et une femme l’intéresse tout particulièrement. On devine qui. Et on devine juste.

« Je la trouvais de mon goût ! Elle a un côté spirituel, c’est assez rare, et oui, ça me branche ! J’aime ça, les humains qui sont là, en pleine conscience. Je la trouvais sexy, c’est une super belle femme », dit-il, photo à l’appui. Et oui, il le sait, madame a (à l’époque) 59 ans. Non, ça ne le dérange (déjà) pas. « Moi, c’est l’énergie de la personne qui compte. Si t’as une énergie de marde à 4 ans, tu vas avoir la même énergie plus tard. Je le dis aux enfants : si tu veux changer, commence tout de suite, parce que c’est long ! »

Comment il l’a séduite ? En lui écrivant une lettre. En s’ouvrant sur sa réalité (son processus de séparation, ses enfants, ses intentions). « J’y suis allé au feeling. Mais oui, elle aurait pu être en couple. » Il a fouillé en ligne pour dénicher son adresse, puis porté l’enveloppe dans sa boîte aux lettres. Direct. Cela a pris à madame une bonne semaine pour répondre (« fuckin’ long ! »). « Et elle voulait me rencontrer pour me flusher ! », rit Clayton de bon cœur. Sauf que son charme a visiblement opéré, la conversation a coulé, et une semaine plus tard, ils couchaient ensemble. « Quand je l’ai vue toute nue, j’étais super impressionné. Elle a vraiment un beau corps, shapé, on a fait l’amour trois fois, quatre fois, je ne sais plus ! » C’était il y a cinq ans.

Depuis ? Non, ils ne vivent pas ensemble (« j’ai deux flos en garde partagée […], ça compliquerait beaucoup trop les choses »), mais se voient plusieurs fois par semaine. Et leur sexualité est toujours aussi bonne. Sentie.

Il y a un côté spirituel à la sexualité aussi. C’est important de feeler l’autre. […] Entre nous, c’est vraiment le ressenti.

Clayton

Une fois, et une seule, a-t-il entendu un jugement quant à leurs âges différents. « Mais je m’en fous, répète-t-il, toujours aussi catégorique. Carré. »

Comment voit-il l’avenir ? « Moi, je suis un gars au jour le jour, répond-il. Tu ne sais pas, tu peux avoir une bad luck. Alors je prends soin d’elle. » Point. Un jour à la fois. Ah ! oui, et d’ailleurs, sa mère, à peine plus âgée, l’adore.

Morale ? « Il faut écouter ses intuitions, conclut Clayton. Tes feelings. Pourquoi se limiter à cause d’un écart d’âge ? Ça n’a pas de rapport. Moi, j’ai cruisé la personne qui m’intéressait le plus, et c’est une belle histoire d’amour ! »

* Prénom fictif, pour protéger son anonymat