Arts et être vous propose chaque dimanche un témoignage qui vise à illustrer ce qui se passe réellement derrière la porte de la chambre à coucher, dans l’intimité, loin, bien loin des statistiques et des normes. Cette semaine : Jaco*, mi-cinquantaine

Jaco* s’est séparé cette année. Après avoir été marié et s’être encabané pendant près de 30 ans, le voilà libre et épanoui comme jamais. Et ça paraît. Récit.

Il nous attend un midi dans un petit resto branché du centre-ville. La mi-cinquantaine heureuse, cheveux blancs coupés courts, les yeux rieurs et l’air en forme, Jaco rayonne. Ses amis ne cessent d’ailleurs de le lui dire. « Tu as tellement changé depuis que tu es séparé, tu dégages, tu as une énergie ! » Même sa mère, qui souffre pourtant de démence, trouve qu’il a l’air « épanoui ». Chaque fois qu’elle le voit, elle le lui redit. Pour cause.

Après avoir été malheureux des années (« il n’y avait pas d’amour, un certain manque de respect, résume-t-il, de la jalousie extrême »), Jaco a tout plaqué du jour au lendemain pour refaire sa vie dans un trois et demie. Littéralement. « C’est une leçon d’humilité. Je roulais en Audi et j’avais une maison à un million, dit-il. Mais il ne me manque rien… »

Non, il n’a jamais trompé sa femme. Mais sexuellement, c’était « moins bon » depuis des années, dit-il. Surtout : la relation était « toxique ». « Je ne me voyais pas faire mes 25 prochaines années avec elle. […] Et je n’ai aucun regret. Je ne suis pas parti pour une femme. Je suis parti pour moi-même. » Même s’il ne s’éternise pas sur le sujet, on devine que, manifestement, il lui manquait quelque chose. Et il l’a trouvé ailleurs. Pas à peu près.

En vrac et dans le désordre, Jaco nous raconte ici ses conquêtes. Il perd lui-même un peu le fil, se mélange dans la chronologie, mais qu’importe. On comprend que depuis sa séparation, il collectionne les aventures. Pardon, les histoires. Parce que ces femmes, il les aime toutes, précise-t-il. « Je ne serais pas capable de coucher avec une femme pour qui je n’aurais pas d’amour. » Sans complexe, il profite de ce qui se présente. Et ce, en toute sincérité. Ou presque. Nous y reviendrons.

Est-ce qu’il y a une lumière qui s’est allumée dans mon front ? Les opportunités se sont présentées rapidement. Et beaucoup !

Jaco

« Je ne suis pas dragueur ben ben, mais peut-être un peu opportuniste… », glisse-t-il en souriant. Tendez-lui une perche et il la saisit.

La preuve : Jaco nous parle d’abord d’une ex-collègue, fin trentaine, « une c… de belle fille », qui l’a d’emblée emmené chez elle. « C’était quelque chose, sourit-il. Femme fontaine, en plus. Wow. On a couché ensemble toute la nuit ! » Il ne cache pas sa fierté : « Je me fais faire des compliments sur mon corps, mes fesses, ça fait des années qu’on ne m’a pas fait de compliments ! » Ils se voient régulièrement, même si madame a vite mis les choses au clair : « Tu es mon ami sexuel. Je veux des enfants, tu es trop vieux. »

Jaco s’est aussi inscrit sur Match.com, où les « matchs », justement, sont complètement étourdissants. Comme quoi les récits de rencontres en ligne se suivent mais ne se ressemblent pas. « Qu’est-ce que c’est que ça ! Tous les jours, je pourrais en avoir une [femme] ! C’est un vrai meat market ! Pas capable ! » Ici, il a tout de même fait la rencontre d’une deuxième femme, mi-quarantaine, qu’il fréquente aussi régulièrement. C’est elle, de nouveau, qui a fait les premiers pas. Un apéro et une sortie au musée plus tard, elle lui a lancé : « On va finir le champagne chez toi ? » « Dix minutes plus tard, on faisait l’amour, sourit-il de plus belle. Autre expérience pour moi : madame aime le sexe anal… »

Des femmes entreprenantes

En voyage chez un ami aux États-Unis, Jaco a aussi fait la rencontre d’une troisième femme, « super brillante » — « j’aime les femmes brillantes » —, de 50 ans, qui vient régulièrement le voir à Montréal. De nouveau, c’est elle qui a amorcé l’aventure : « Tu peux acheter du lubrifiant et des condoms ? », lui a-t-elle écrit avant de débarquer chez lui. « Elle a visiblement beaucoup de plaisir [au lit] et ça, ça excite ! »

Enfin, Jaco a rencontré une quatrième femme, au cours d’une soirée mondaine. La dame s’est volontairement assise à côté de lui, lui a fait la conversation et l’a relancé dès le lendemain. Ils sortent ensemble régulièrement, s’écrivent aussi souvent, mais cette fois, Jaco a mis les freins : « Elle cherche un papa pour son enfant », explique-t-il. Et ça, très peu pour lui. Il a déjà donné. « Mais elle est dans le portrait. C’est une amie. Et vu que je n’ai pas d’attentes, je m’en sacre. J’aime ça, la compagnie des femmes… »

Certes, Jaco dit aimer toutes ses conquêtes. D’amour. À sa façon. Ces « amitiés », comme il dit, il les entretient. Mais il n’est pas fou. Il sait aussi qu’il surfe sur son succès. S’il est totalement franc avec l’une (« elle sait tout, je lui ai même parlé de toi ! »), mi-franc avec les autres (l’une faisant de l’« aveuglement volontaire », une autre avouant ne pas aimer « ben ça » savoir qu’il couche ailleurs), il se doute que son « château de cartes » va finir par s’effondrer. « Je ne sais pas où ni comment, mais je m’en sacre… », se raisonne-t-il.

D’ici là, il en profite. Parce que non, il ne veut pas s’engager davantage. Pas pour l’instant en tout cas.

Je ne crois plus au couple. Ça ne marche pas. J’ai vécu ça trop longtemps.

Jaco

Il préfère de loin sa liberté. « Je ne suis pas prêt à avoir une blonde, la voir toutes les fins de semaine, rendre des comptes… »

N’empêche. Un bémol, tout de même. Parce que cette belle liberté a un prix. Jaco ne (se) le cache pas. « C’est sûr qu’il y a des petits moments de down. » Ici, son visage s’assombrit. Ses yeux rougissent. « Je n’ai jamais habité seul. La solitude, c’est encore ma bête noire. Un lit vide, c’est poche… »

*Nom fictif, pour protéger son anonymat