Après la déprime durant la COVID-19, la santé mentale des Canadiens s’est améliorée depuis la levée des mesures sanitaires, selon une nouvelle enquête de Statistique Canada publiée mardi. Par contre, les symptômes de dépression et d’anxiété restent aussi élevés que durant la pandémie.

Les données recueillies par Statistique Canada de février à mars 2023 montrent un gain significatif au niveau de la santé mentale perçue. L’organisme gouvernemental faisait un troisième état des lieux de la santé mentale de la population canadienne depuis la COVID-19.

En effet, ce sont plus de la moitié des adultes qui évaluent qu’ils ont une excellente ou une bonne santé mentale (57 %). Au cours de la même période en 2021, c’étaient plutôt 51,9 % des adultes qui indiquaient avoir une bonne santé mentale. La satisfaction à l’égard de la vie a aussi significativement augmenté en deux ans, passant de 44,6 % en 2021, à 54 % en 2023.

Les symptômes de dépression, d’anxiété et de trouble de stress post-traumatique plombent cependant un adulte sur quatre au pays, un taux qui est resté inchangé depuis deux ans. À l’automne 2020, c’était un adulte sur cinq qui disait présenter ces symptômes.

« Pour la majorité de la population, la COVID a été un stresseur important […], mais je ne sais pas si on peut parler de trauma », indique Marie-France Marin, professeure en psychologie à l’UQAM. Elle rappelle que les adultes qui ont répondu à l’enquête de Statistique Canada ont autorapporté leur état, ce qui n’équivaut pas à des diagnostics. « La COVID a peut-être fragilisé certains individus, puis on a peut-être une espèce d’effet qui perdure, c’est très possible », ajoute la professeure en psychologie.

Selon l’enquête de Statistique Canada, il y a une plus forte prévalence de la dépression, de l’anxiété et du trouble de stress post-traumatique chez les jeunes adultes, les Autochtones et les personnes LGBTQ+. Plus du tiers des jeunes adultes de 18 à 24 ans ont déclaré des symptômes de dépression et le quart, d’anxiété. Le taux est aussi très préoccupant chez les adultes LGBTQ+, 45 % d’entre eux ont rapporté des symptômes de dépression et 35 % d’anxiété.

« Les jeunes adultes ont été un peu plus de trois ans en pandémie […] C’est une période qui est propice à être en groupe, affirme Marie-France Marin. Ils n’avaient pas nécessairement accès à autant de soutien social. »

Mais il est difficile de départager ce qui découle réellement de la pandémie, relève la professeure en psychologie. « Certains symptômes sont présents dans la population générale et ce l’était également avant la COVID-19 », dit-elle.

En effet, Statistique Canada relevait déjà en septembre dernier que les problèmes de santé mentale, dont les épisodes dépressifs majeurs et le trouble d’anxiété généralisée, sont en hausse depuis 10 ans au pays, donc bien avant la pandémie.