L’apnée du sommeil pourrait entraîner des problèmes de mémoire ou de raisonnement, rappelle une nouvelle enquête réalisée auprès de quelque 4300 personnes.

Des chercheurs américains ont interrogé les participants au sujet de la qualité de leur sommeil, de leur mémoire et du fonctionnement de leur cerveau.

Environ le quart des personnes questionnées ont témoigné de symptômes associés à l’apnée du sommeil. Le tiers de celles-ci ont rapporté des problèmes de mémoire ou de raisonnement, comparativement à 20 % des participants sans apnée du sommeil.

« Ça laisse sous-entendre ce qu’on savait déjà, a réagi la docteure Caroline Minville, du CHU de Québec-Université Laval. Il y a déjà plusieurs études qui ont regardé ça. On voit clairement que la plupart des patients qui ont de l’apnée du sommeil vont avoir des problèmes initialement, surtout les patients d’âge moyen, des problèmes d’attention et de cognition plutôt que de mémoire à court terme. »

La littérature scientifique est moins claire pour les problèmes de mémoire à long terme, comme ceux qui sont associés à la démence ou à la maladie d’Alzheimer, a-t-elle ajouté, puisqu’on ne dispose pas de bonnes études à long terme qui auraient été réalisées auprès de patients jeunes, souffrant d’apnée du sommeil non traitée, qui auraient été suivis pendant des années pour voir s’il y a un impact sur leur risque de démence.

On sait toutefois que les patients atteints à la fois d’apnée du sommeil et d’alzheimer, et dont l’apnée du sommeil est traitée, voient un bénéfice au niveau de leur mémoire, de leur cognition, et ainsi de suite, a rappelé la docteure Minville.

« L’apnée du sommeil est probablement associée à plus de problèmes de démence, mais les données à ce sujet-là sont un peu plus variables dans la littérature », a-t-elle précisé.

Une étude comme celle réalisée par les chercheurs américains, avec toutes les limites inhérentes à des données autorapportées comme celles qu’ils ont utilisées, a au moins le mérite de rappeler qu’une bonne qualité de sommeil fait partie d’une bonne hygiène de vie, a précisé la docteure Minville, et que cela semble contribuer à une bonne mémoire et à une bonne fonction cognitive.

« L’apnée du sommeil est clairement une atteinte qui peut contribuer à avoir une moins bonne mémoire, une moins bonne concentration, de la somnolence, a-t-elle dit. Il y a encore plusieurs patients qui souffrent d’apnée du sommeil et qui ne sont pas diagnostiqués, même s’il y a de plus en plus de dépistage et de conscientisation. »

Les problèmes de mémoire et de concentration peuvent avoir plusieurs causes, mais les gens qui en présentent auraient tout intérêt à explorer la piste de l’apnée du sommeil avec leur médecin de famille, estime la docteure Minville, d’autant plus que les traitements se sont grandement améliorés au cours des dernières années.

Un traitement, a-t-elle ajouté, pourra non seulement améliorer des facteurs comme la productivité au travail, mais aussi entraîner des bienfaits comme une réduction des risques cardiovasculaires ou de dépression.

« Il y a plusieurs patients dont ça va vraiment améliorer la qualité de vie », a-t-elle conclu.

Les conclusions de cette étude n’ont pas encore été publiées dans une revue évaluée par les pairs. Elles devraient être dévoilées le mois prochain lors d’un congrès de l’American Academy of Neurology.

Rectificatif
Dans une version précédente, La Presse Canadienne écrivait que la docteure Caroline Minville était de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. En fait, docteure Minville est maintenant établie au CHU de Québec-Université Laval.