(Londres) Les sources d’inspiration des stylistes sont aussi variées que surprenantes, comme l’a montré dimanche la Fashion week de Londres, avec une collection inspirée des archives d’un palais de l’aristocratie anglaise, et une autre des énormes 4X4, les Monster trucks.

Erdem et la Duchesse de Devonshire

Le créateur Erdem Moralioglu a organisé son défilé sous la colonnade du British Museum, ce qui crée d’emblée une ambiance majestueuse. Ce Britannique, qui a créé la marque Erdem en 2005, est connu pour être un conteur : chaque défilé est une histoire en soi.

Pour sa collection printemps-été 2024, il s’est plongé dans les archives du palais de Chatsworth, du Duc et de la Duchesse de Devonshire, dans le nord de l’Angleterre, qui appartient à la famille depuis seize générations. Un carnet est donné aux invités, avec des photos de la Duchesse, très élégante et mystérieuse, dans les années 30 et 40, dans son palais.

Erdem a créé une collection poétique, avec des imprimés reprenant des gravures et des tapisseries de Chatsworth. Les jupes et les robes sont longues. Les épaules sont dénudées comme dans les robes de princesse qui font rêver les petites filles. Les tissus, organza, satin, sont nobles. Une broche en forme de libellule s’inspire d’une ayant appartenu à la Duchesse.

Les mannequins ont une coiffure sage, les cheveux tirés en arrière, parfois en tresse.

Mais certains looks sont très modernes aussi. Alors qu’une reprise d’Elvis Presley retentit, des mannequins défilent dans de larges vestes de motard, dont l’une bleu pétrole qui recouvre en partie une jupe longue transparente rose. Des filles portent de simples brassières, pour accompagner leur grande jupe serrée à la taille. Des couleurs sont flashy, rose, vert, bleu.

Au pied, tous les mannequins portent les mêmes chaussures pointues, à petit talon, mais avec un énorme nœud sur le côté. Jolies, mais pas forcément faciles à porter en dehors des palais.  

London Calling

C’est une toute autre Angleterre que la Londonienne Sinead Gorey donne à voir, avec sa collection pleine d’énergie appelée « British Summer of Love » (L’été de l’amour britannique). Elle fait partie des derniers créateurs arrivés dans le calendrier des défilés.

L’Union Jack revient sur de nombreuses pièces, y compris sur des bottes à haut talon, comme celles que portaient les Spice Girls dans les années 90. Kate Moss apparaît sur un pantalon.  

PHOTO HENRY NICHOLLS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des mannequins présentent des créations de la styliste britannique Sinead Gorey.

Sur un haut noir près du corps ainsi que sur une robe, est écrit « London swings ! Again ! » (C’est la fête à Londres ! Encore !). Autre slogan : « God save the sexy and glamourous » (Que dieu sauve le sexy et le glamour), en référence aux Sex Pistols.  

C’est une collection pour les filles qui ne se prennent pas au sérieux et qui n’ont pas peur de mettre des jupes courtes pour aller faire la fête.

Les Monster trucks de Masha Popova

Chez Masha Popova, les jupes sont mini, la taille est toujours basse, et les jeans sont même décolletés sur les hanches.  

La créatrice ukrainienne connue pour son « obsession du maniement du denim », a encore une fois travaillé cette matière. Cette fois, le denim est teinté, délavé, usé, éraflé ou transformé en patchwork pour lui donner un aspect « résistant », « solide ».

PHOTO HENRY NICHOLLS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Chez Masha Popova, les jupes sont mini, la taille est toujours basse, et les jeans sont même décolletés sur les hanches.  

La collection intitulée « Monster » fait référence aux Monster trucks, ces véhicules 4X4 aux roues surdimensionnées. La « palette de couleur électrisante » jusque dans les cheveux de certains modèles rappelle les carrosseries clinquantes de ces engins. Les modèles filiformes (à l’exception d’une seule mannequin grande taille) défilent au rythme d’une musique techno ponctuée de vrombissements de moteur.  

La créatrice ukrainienne comptait parmi ses invités de marque la fine fleur de TikTok, de la superstar du réseau social Abby Roberts, suivie par plus de 16 millions de personnes, ou sa sœur Charlotte Roberts, qui compte près de 9 millions de followers, jusqu’à la créatrice de contenu mode et mannequin Emma Winder.

Pourtant pas une amatrice du « double denim » (comprendre des ensembles totalement en denim), Emma Winder a beaucoup apprécié les tons des vêtements, a-t-elle dit à l’AFP à la sortie du défilé.

Lundi, ce sera au tour de Burberry de présenter sa collection.