(Londres) Le public a bravé la tempête qui souffle à Londres vendredi pour le premier défilé de la Fashion Week, consacrée aux collections automne/hiver 2022, avec une affiche dominée par les jeunes créateurs.

La semaine s’est ouverte avec la marque durable SOHUMAN, de l’Espagnol Javier Aparici, qui a quitté la finance pour se lancer dans la mode sous la promesse d’une « transparence radicale » quant aux usines qui fabriquent ses vêtements.

Il a présenté une collection ultra-féminine de robes de cocktail en rouge et noir, fleurs appliquées, panneaux transparents et nœuds géants.

Les jeunes créateurs britanniques ont ensuite suivi, avec le streetwear chic de Saul Nash et ses survêtements en laine mérinos, de manteaux bouffants et d’écharpes.

PHOTO NIKLAS HALLE'N, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le streetwear chic de Saul Nash

Une autre marque britannique, Poster Girl, connue pour ses robes ultra-révélatrices portées par des célébrités comme Kylie Jenner and Dua Lipa, a fait son premier défilé sur le thème de l’après-ski.

Francesca Capper et Natasha Somerville, qui ont fait leurs études au prestigieux institut Central Saint Martins, ont présenté leurs créations aux couleurs fluo dans la froideur d’un bâtiment voué à la démolition.

Des mannequins en robes tubulaires et leggings se sont enveloppés dans des manteaux en fausse fourrure, des vestes bouffantes et un manteau camel plus sophistiqué. On trouvait même une combinaison de ski, accessoirisée de sandales à talons rose vif.

S. S. Daley, une marque de Liverpool, dont le créateur Steven Stokey Daley est sorti de l’Université de Westminster en 2020, a présenté une collection unisexe, avec pantalons baggy et manteaux à la Sherlock Holmes.

Matty Bovan, créateur du nord de l’Angleterre également sorti de Central Saint Martins, a présenté une collection à l’américaine sous la crypte d’une église près de Trafalgar Square. Une collection excentrique faite d’assemblages de vestes de baseball, Vichy, denim et crochet, sa marque de fabrique.

PHOTO NIKLAS HALLE'N, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une création du designer britannique Edward Crutchley

Trente-sept défilés

Mais ces cinq jours de défilés sont marqués par l’absence de noms comme Burberry, qui a annoncé un défilé à Londres le 11 mars, hors du cadre de la Fashion Week, et Victoria Beckham. Cette dernière n’a plus participé à une Fashion Week, même en ligne, depuis plus d’un an, et s’est plainte dans une entrevue du coût de l’organisation des défilés.

Un autre grand nom de la mode britannique, Ozwald Boateng, a annoncé à la dernière minute qu’il ferait son retour lors d’un défilé lundi.

L’ancien directeur de la création de Givenchy homme, premier designer noir à ce poste dans une maison de luxe, n’avait pas présenté de collection à Londres depuis 12 ans.

L’an dernier à la même époque, cet évènement s’était tenu dans un format 100 % virtuel, les défilés avec public étant proscrits dans un pays en plein confinement.

Cette fois, 37 défilés publics sont au programme dont des marques établies et habituées de ce rendez-vous comme Simone Rocha, Molly Goddard, Roksanda, Erdem, ou Rejina Pyo présentant aussi bien des collections féminines que masculines.

Les vedettes de demain seront à dénicher parmi les étudiants de la prestigieuse école de mode Central Saint Martins ou les designers sélectionnés par l’incubateur de talents Fashion East, dont les défilés sont organisés dimanche.

Parmi les créateurs en pointe en matière de mode durable, la Britannique Bethany Williams et l’Irlandais Richard Malone présenteront leurs créations mardi.

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Une création de la marque Poster Girl sur le thème de l’après-ski.

NFT

Également dans l’esprit de toucher les amateurs de mode du monde entier, la Serbe Roksanda Ilincic va présenter sa collection automne/hiver 2022 sous la forme d’un NFT, jeton numérique certifié, créé par l’Institute of Digital Fashion.

Après avoir été frappé de plein fouet par la pandémie, le secteur de la mode britannique, qui employait quelque 890 000 personnes en 2019, tente de se relever.

Interrogée par l’AFP, Caroline Rush, directrice générale du British Fashion Council, reconnaît qu’il y a eu « quelques années très difficiles » qui s’ajoutent aux effets du Brexit.

Celui-ci « continue d’être un défi pour l’industrie de la mode, qu’il s’agisse de droits de douane, de paperasse ou de visas pour que les gens puissent travailler dans différents pays, nous continuons à dialoguer avec le gouvernement pour voir ce qui peut être fait ».

À la Fashion Week de Londres succèdera celle de Milan puis Paris.