Samuel Tremblay et Maxime Pearson ne sont pas des « super papas à la maison ». « On est juste le reflet des pères de notre génération. » Paru l’automne dernier, leur livre Papa, lève-toi est un plaidoyer pour l’engagement paternel rédigé avec une bonne dose d’humour. La Presse a demandé au duo cinq conseils pour les hommes qui accueilleront un bébé cette année.

Faites-vous confiance

« On a la chance au Québec d’être à l’avant-garde. Les pères québécois prennent plus de congés qu’ailleurs, sont plus engagés qu’ailleurs, sont plus investis qu’ailleurs… Il y a un énorme bout de chemin qui a été fait, mais on vit encore dans une société où plusieurs personnes pensent que le parent le mieux outillé pour s’occuper des enfants, c’est la maman, affirme Samuel Tremblay, père de trois enfants. Pour les gars, ça vient avec le risque de se laisser convaincre […] qu’on est condamnés à jouer les seconds violons. » Or, le duo qui tient le blogue Nouveaux pères depuis 2018 souligne « qu’au-delà de certaines compétences biologiques comme porter un enfant, accoucher et allaiter, [les hommes] ont toutes les compétences nécessaires pour prendre soin des enfants du jour 1 jusqu’à la fin ».

Réfléchissez à la place qu’occupe votre travail

« Le message que de plus en plus d’hommes de notre génération tiennent, c’est que la famille, c’est leur priorité », souligne Maxime Pearson. Or, ce discours ne se reflète pas toujours dans la réalité, ajoute le père de deux enfants. « Quand tu regardes la semaine normale d’un papa, il y a encore énormément de temps consacré au travail [rémunéré]. Plus que les mamans. » « On doit repenser cette relation face au travail afin de ramener un équilibre plus grand dans les familles », rebondit son coauteur et ami de longue date. Ça paraît simple, mais dans les faits, ça peut être compliqué. « Entre gars, on valorise encore beaucoup […] celui qui travaille fort, le gars qui fait de l’argent », souligne Maxime Pearson. Selon le duo, le mieux est de s’imposer des limites et de les respecter, par exemple en ce qui concerne le nombre d’heures passées au boulot.

N’oubliez pas les autres plaisirs de la vie

« Tout comme il faut protéger son temps en famille du travail, il faut aussi protéger toutes les autres sphères de sa vie du fait de juste être un parent », pense Maxime Pearson. La naissance d’un enfant ne devrait pas sonner le glas des sorties en amoureux, des journées entre amis, de la pratique de son sport favori. « Il y a le piège de trop s’isoler dans le rôle de parent et de faire le deuil de trop de choses qui vous définissent comme personnes et qui font partie de votre équation du bonheur », ajoute-t-il. Voyager, manger au restaurant, aller dans un festival : toutes ces activités n’ont pas à s’arrêter le jour où l’on devient parent.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Prendre ses cinq semaines de congé de paternité offertes par le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), c’est bien, mais oser partager les 32 semaines de congé parental entre la mère et le père, c’est encore mieux, croient les deux auteurs.

Prenez un long congé parental

Prendre ses cinq semaines de congé de paternité offertes par le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), c’est bien, mais oser partager les 32 semaines de congé parental entre la mère et le père, c’est encore mieux, croient les deux auteurs. « Ce sont des moments uniques qui ne repasseront pas. On va tous travailler 35, 40 ans dans nos vies. Prendre cette pause-là à l’arrivée de nos enfants, ce sont des moments incroyables », affirme Samuel Tremblay, qui a pris huit semaines de congé parental après la naissance de sa dernière fille en 2022. Non seulement cela contribue à bâtir la relation avec le poupon, mais ça entraîne des effets positifs sur le couple. « Ça permet de comprendre davantage la réalité de la mère », note-t-il.

Discutez de la charge mentale

Les discussions sur la charge mentale sont souvent très clivées, observe Samuel Tremblay. « D’un côté, des mères qui sont “à boutte”, parfois avec raison, et qui vont accuser les gars de tous les torts. De l’autre, des gars qui sont complètement dans le déni », décrit l’auteur. « Mais on n’a pas à trouver de coupable à tout prix, poursuit-il. Je pense qu’on doit trouver des façons de se comprendre et de se partager cette charge mentale. » Et pour y arriver, à ses yeux, il n’y a pas dix mille solutions : il faut reconnaître l’existence de la charge mentale (souvent plus grande pour les femmes) et discuter en couple de ce qu’on peut faire pour mieux la diviser, et même en soustraire une partie. « Parfois, tu peux aussi être l’acteur rationnel qui identifie des sources de stress inutiles », soulignent d’ailleurs les auteurs dans leur livre qui, bien qu’il s’adresse aux hommes, s’avère être une lecture fort instructive (et divertissante) pour les mères également.

Consultez le site web Nouveaux pères
Papa, lève-toi !

Papa, lève-toi !

Saint-Jean Éditeur

226 pages