Être parent d’un enfant en bas âge comporte son lot de défis. Et il arrive qu’on ne sache plus vers qui se tourner pour trouver des réponses à ces petits soucis du quotidien. Une fois par mois, La Presse explore une question qui touche le bien-être des enfants d’âge préscolaire à l’aide d’un spécialiste. Aujourd’hui : des conseils pour s’assurer que son enfant vive sereinement un déménagement à venir.

Ça y est, le grand jour arrive. La famille a trouvé un nouveau chez-soi et il va falloir penser au déménagement. Mais notre petit s’est mis à poser une foule de questions et à montrer des signes d’inquiétude. Est-ce qu’on a raison de prendre ses interrogations au sérieux ?

« Un déménagement, ça fait partie des grands stresseurs de la vie », avance Geneviève Marcotte, psychologue et autrice de nombreux livres, dont Incroyable Moi maîtrise son anxiété.

Alors si on ajoute à ce changement de demeure d’autres facteurs – nouvelle garderie, nouvelle école, un contexte de séparation… –, il se peut que certains enfants vivent la situation plus difficilement et se mettent à ressentir de l’anxiété. « Ça dépend des tempéraments, mais on peut voir très tôt des réactions au stress chez certains enfants », précise la psychologue.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

La psychologue Geneviève Marcotte

Chez les tout-petits, ce malaise ne sera pourtant pas toujours exprimé verbalement ; parmi les signes les plus courants, on pourrait noter des changements de comportement, de l’angoisse de séparation au moment de quitter le parent à la garderie le matin, des problèmes de sommeil ou encore des maux de ventre ou de tête, illustre Geneviève Marcotte.

« Dans le fond, l’enfant déclenche son système de vigilance et de réaction au danger comme s’il était face à un danger réel, alors qu’il est face à un danger qui a été construit dans l’imaginaire ; son corps fait plein de transformations pour affronter un danger qui n’existe pas », explique-t-elle.

Ne pas minimiser, plutôt leur expliquer

Parfois, pour bien faire, les parents vont chercher à minimiser l’importance de certains changements sur l’enfant, souligne Geneviève Marcotte. « On va dire : “Voyons, tu vas te faire de nouveaux amis, ça va être plus beau, on va avoir une plus grande maison, ta chambre va être plus grande…” »

D’autres vont plutôt éviter de parler du déménagement. « Bien au contraire, il faut préparer notre enfant pour qu’il puisse s’acclimater à cette idée et se projeter dans ce nouveau lieu de vie », insiste la psychologue.

À son avis, plutôt que d’insister sur le fait que tout va être « beau et merveilleux » une fois que la famille aura déménagé, il faut prendre le temps d’écouter l’enfant et de lui expliquer comment va se passer chaque étape du déménagement.

« Quand les enfants sont très jeunes, c’est très possible qu’ils n’aient aucune idée de ce que c’est un déménagement, ajoute-t-elle. Alors il faut leur expliquer qu’il y a des déménageurs qui vont arriver dans un camion pour prendre les boîtes, et que dans la nouvelle maison, tout ne sera pas déballé la première journée, il va falloir se commander à manger… »

Idéalement, on amène l’enfant visiter la nouvelle maison, le quartier, la garderie ou l’école avant le déménagement pour lui permettre de se situer dans ces lieux, précise-t-elle. On peut même demander à l’enfant de faire une boîte où il va ranger ses jouets, ses toutous, ses vêtements, puis écrire son prénom et le contenu sur le dessus.

Quand l’enfant ne connaît pas quelque chose, il va utiliser son imaginaire – et ce n’est pas toujours idéal ! On va mettre des images mentales pour que l’enfant puisse se projeter dans le futur.

Geneviève Marcotte, psychologue

Et si l’enfant est présent durant le déménagement, ou au moins en partie, on prend le temps de lui faire visiter la maison vide pour vérifier que rien n’a été oublié, suggère Geneviève Marcotte.

« Il y a aussi des enfants qui aiment bien offrir un petit cadeau symbolique, comme un dessin, pour les nouvelles personnes qui vont emménager dans leur maison. »

L’important, souligne-t-elle, c’est de ne pas prendre son enfant au dépourvu. « On peut utiliser un calendrier sur lequel on va mettre un camion de déménagement qu’on déplace pour que l’enfant puisse se repérer dans l’espace-temps. Et surtout, le rassurer en lui disant que personne ne va venir prendre nos affaires sans qu’on le sache, quand on ne sera pas là, que quand je vais revenir ce soir, ça va encore être chez moi. »

Appel à tous

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