Réseau Contact, le site web de rencontres fondé en 1996, a fermé le 30 novembre. C’est la fin d’une époque. De nombreux couples se sont formés grâce à ce site et les membres avaient en moyenne de 50 à 55 ans. Où rencontre-t-on l’amour aujourd’hui à cet âge ?

Quand on discute avec des célibataires de 45, 50 ou 60 ans, on voit qu’ils ont essayé différentes avenues pour faire des rencontres amoureuses et qu’ils accumulent les expériences ! Il y a bien sûr les applications comme Tinder, Bumble, Hinge, des sites comme EliteSingles, RencontreSportive. Il y a aussi des amis bienveillants qui organisent des blind dates, d’anciens flirts qu’on retrouve sur Facebook, un collègue récemment séparé, des sorties au restaurant, les mariages et même les funérailles ! Et si l’amour se trouvait à l’épicerie au rayon des fruits et légumes ?

« Pourquoi pas ! Il faut avoir l’esprit ouvert », lance Andrée-Anne Guénette, 46 ans, coautrice du livre Le dating dans tous ses états : confidences de deux filles qui n’ont plus 20 ans. « Beaucoup de gens qui ont été en couple pendant longtemps sont un peu déboussolés devant leur nouveau célibat à 50 ans. C’est normal. On entend souvent des gens dire que jamais ils ne se seraient imaginés à leur âge en train de dater ! Vous n’êtes pas seul ! La situation est nouvelle et inconnue, alors pourquoi ne pas être curieux et essayer toutes sortes de choses, à votre rythme ? »

Celle qui s’est retrouvée veuve et célibataire à 38 ans, avec deux enfants, a commencé à dater deux ans plus tard. Elle est passée par des applications, a vécu différentes expériences, mais a finalement trouvé l’amour à 43 ans sur Facebook Rencontres. « Ce qui est rassurant sur ce site, c’est qu’on peut voir si on a des amis en commun. Ça évite les mauvaises surprises », dit-elle.

Bianca Longpré (alias Mère ordinaire) a rencontré François Massicotte sur Réseau Contact en 2006. Elle avait 26 ans, lui 40. Elle travaillait comme préposée aux bénéficiaires à l’hôpital et étudiait en sciences infirmières. « Je n’avais pas le temps de faire des rencontres, alors je m’étais inscrite sur Réseau Contact et ça marchait très bien. On avait l’embarras du choix ! se souvient-elle. François m’a envoyé un message pendant le temps des Fêtes, je ne savais pas qui il était ! Nous sommes allés faire du ski de fond à Saint-Lin un 27 décembre. C’était notre premier rendez-vous, on s’est bien amusés et nous sommes ensemble depuis 17 ans. Il était plus vieux que moi et ne correspondait pas à ce que je cherchais, mais je me suis dit : “Pourquoi pas !” »

  • François Massicotte et Bianca Longpré, lors de leur premier Noël ensemble en 2007

    PHOTO FOURNIE PAR BIANCA LONGPRÉ

    François Massicotte et Bianca Longpré, lors de leur premier Noël ensemble en 2007

  • François Massicotte et Bianca Longpré avec leurs enfants

    PHOTO FOURNIE PAR BIANCA LONGPRÉ

    François Massicotte et Bianca Longpré avec leurs enfants

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Prend-on ce temps avec Tinder, même si physiquement la personne ne nous correspond pas ? demande-t-elle. « C’est plus expéditif. On se dit : “Ce gars-là ne répond pas à mes critères, au suivant !” Je n’aurais jamais rencontré François de cette façon », pense Bianca Longpré.

Les applications : un mal nécessaire

Sylvie*, 51 ans, n’aime pas l’application Tinder, qu’elle juge trop rapide, elle qui aime échanger avant de se lancer dans une rencontre. « Après trois textos, très souvent, les hommes souhaitent une rencontre… et disons-le franchement, les photos ne correspondent jamais à la réalité », déplore-t-elle. C’est par l’entremise du site OkCupid qu’elle a fait sa plus récente rencontre ; elle y spécifiait dans son profil qu’elle cherchait une relation de longue durée. « On s’écrit pendant un peu plus d’une semaine, les échanges se passent bien. On se rencontre pour un café, on passe un bon moment, belle conversation, drôle, sympathique. Il me raccompagne à ma voiture, très gentleman, deux bisous sur la joue. »

Quelques minutes plus tard, elle reçoit un texto. « Il me dit que c’était agréable. Puis un autre texto : “Je ne sais pas si tu as remarqué, mais je n’arrêtais pas de te regarder les seins.” Il continue : “Tes seins ont l’air vraiment fantastiques. J’ai la libido dans l’overdrive, c’est le fond de ma pensée, comme ça, on ne perdra pas notre temps.” Évidemment, j’étais très déçue… C’est juste déprimant et quelle perte de temps », estime Sylvie.

Le constat est partagé par beaucoup de célibataires.

Les sites et applications, ça use à la longue. C’est émotionnellement difficile. En ce moment, je me sens vidé, découragé.

Claude*, 62 ans

« Je rêve d’aller dans un café et de tomber amoureux, mais je ne suis pas Brad Pitt ! », poursuit celui qui a été en couple pendant 28 ans et qui s’est retrouvé célibataire à 57 ans. « J’ai dû réapprendre à séduire, repartir à zéro. En un an et demi, j’ai fait 27 rencontres, j’ai rencontré quelqu’un avec qui je suis resté trois ans et je suis à nouveau célibataire depuis six mois. »

« Tu es une option parmi tant d’autres ; les applications, ça manque d’authenticité », pense Martin*, 57 ans, célibataire depuis sept ans. Il constate qu’il sort moins qu’avant, mais il est très sociable et pense que tout est possible. « On peut rencontrer n’importe où du moment que deux personnes éprouvent la même chose, dit-il. Récemment à l’épicerie, j’ai remarqué une femme, mais je n’ai pas osé l’aborder. »

Au début de la cinquantaine, Chantal* a rencontré sur EliteSingles son ancien conjoint avec qui elle est restée cinq ans. Elle a 60 ans, est célibataire depuis près de deux ans et navigue entre Tinder, Facebook Rencontres, EliteSingles, RencontreSportive. « Sur 90 rencontres, deux hommes seulement me convenaient ! » Elle avoue que plus on vieillit, plus on est exigeant et que, par dépit, c’est le seul moyen de faire des rencontres.

Le sport, une autre option

En 2002, Anne-Marie Lefebvre a fondé RencontreSportive, un site web qui réunit environ 90 000 membres qui ont une passion en commun : le sport. « On est une communauté de gens actifs âgés de 35 à 65 ans. Les membres organisent différentes activités sportives, ils peuvent aussi se rencontrer en tête-à-tête directement », explique-t-elle.

Caroline, 60 ans, est célibataire depuis deux ans. Elle s’est séparée en 2011 du père de ses deux enfants, a fait depuis quelques rencontres, notamment un ex-conjoint qui l’a retrouvée sur Facebook et avec qui elle est restée quelque temps. Mais c’est finalement sur le site RencontreSportive qu’elle a trouvé son compte. « À mon âge, c’est le moyen qui fonctionne. Le sport est mon mode de vie, je fais du ski alpin, du tennis, de la randonnée. Sur ce site, il y a beaucoup d’informations sur le profil des membres, leurs occupations, les sports pratiqués, l’âge, la région et plusieurs photos », explique-t-elle. « J’ai envie de trouver un amoureux qui partage mes intérêts, c’est vraiment important. J’ai fait une rencontre très récemment, on y va très lentement… on verra. »

PHOTO FOURNIE PAR MICHEL CAOUETTE

Michel Caouette et Lysabelle se sont rencontrés sur RencontreSportive.

Heureusement, de belles histoires existent encore. Michel Caouette n’en revient toujours pas. Séparé à 46 ans après une relation de 21 ans, il voulait prendre son temps pour rencontrer à nouveau. « À l’époque, je cruisais dans les bars, c’était facile, à 18-20 ans, mais à 46 ans ? Une collègue m’a indiqué RencontreSportive, j’étais un peu nerveux… Un mois plus tard, j’ai rencontré Lysabelle, nous sommes nés le même jour et la même année, ça ne s’invente pas ! On est allés patiner, et on ne s’est jamais quittés. »

* Certaines personnes ne souhaitant pas être reconnues par leur famille ou leur employeur, seul leur prénom figure dans le texte.