C’est l’avocate en divorce des riches et célèbres de ce monde. De Kim Kardashian à Britney Spears en passant par Angelina Jolie, l’Américaine Laura Wasser a signé les ententes, pensions alimentaires et droits de garde de tout le jet set divorcé d’Hollywood. Le dernier en lice ? Nul autre que Johnny Depp… Nous l’avons rencontrée pour jaser de son métier si particulier.

L’avocate de Los Angeles, qui nous reçoit en ce mercredi soir dans sa suite du Fairmont Le Reine Elizabeth, à peine atterrie en ville (elle est de passage pour donner une conférence à C2 Montréal ce jeudi matin), est une interlocutrice habile, on ne s’attendait pas à moins. Son client, elle le défend. Et elle n’en démord pas.

« Je connais les faits, répète-t-elle. Je ne ferme pas les yeux sur la violence domestique. Mais je ne ferme pas non plus les yeux sur des allégations non fondées. Parce que c’est ça qui dessert vraiment les femmes. »

Précisons que celle que les journaux à potins ont baptisée la « disso queen » pour « reine de la dissolution », un titre qui la fait grimacer (« je ne suis pas la reine des divorces ! », se défend-elle en riant), représentait Johnny Depp dans son divorce d’avec Amber Heard, une affaire qui s’est réglée en « deux mois ».

Laura Wasser n’était par ailleurs pas impliquée dans le très salement médiatisé procès en diffamation qui a suivi (Amber Heard accusant Johnny Depp de violence conjugale, celui-ci niant), procès dont le verdict, favorable à Johnny Depp, a été porté en appel, avant que les deux parties en viennent finalement à une entente, à ce jour confidentielle.

D’une douceur déconcertante, l’avocate la plus en vue des États-Unis, qui œuvre dans l’industrie du divorce depuis près de 30 ans maintenant, répond à toutes nos questions, sans tenter de se défiler.

Féministe, Laura Wasser ? Absolument, maintient notre chic interlocutrice, toute de noir vêtue, qu’on dit parmi les avocates les mieux habillées des États-Unis, en hochant la tête. « Et dans un cas d’abus et de violence conjugale, si, disons hypothétiquement, on fait de fausses allégations, non seulement cela ruine des réputations, mais en plus, on enlève du temps de cour précieux à d’autres personnes qui, elles, sont de véritables victimes. »

Laura Wasser précise au passage qu’elle a le luxe, dans sa pratique, de pouvoir refuser des clients en qui elle ne croit pas. Ce qui n’était pas le cas de Johnny Depp, comprend-on. « Je refuse des clients qui pourraient être des agresseurs, ou d’autres qui refusent d’emblée de partager la garde de leurs enfants », dit-elle. Pourquoi ? « Je ne prends pas des cas qui ne pourront pas être réglés. »

D’ailleurs, perd-elle, parfois ? « Mais bien sûr ! »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Laura Wasser, avocate spécialisée en divorce

Vous savez, en droit familial, tout le monde perd…

Laura Wasser, avocate spécialisée en divorce

N’empêche. On dit qu’elle a inspiré le personnage de Laura Dern, dans le très à propos Marriage Story de Noah Baumbach, sorti en 2019. Or, même si plusieurs scènes du film ont effectivement été tournées dans ses bureaux californiens, même si elle a eu Laura Dern comme cliente (tout comme l’ex-femme de Noah Baumbach, d’ailleurs, Jennifer Jason Leigh), Laura Wasser croit davantage ressembler au personnage d’Alan Alda (vieil avocat terre-à-terre, souvenez-vous !), dans la vraie vie. « Vous ne rendez service à personne en étant agressif ni en jouant au requin, croit-elle. Il faut être calme et rationnel. »

Elle en voit assurément de toutes les couleurs, à tel point que l’avocate, à qui l’on doit un livre (What to Expect When Getting Divorced) et deux balados sur le sujet (Divorce Sucks et All’s Fair), comprend de moins en moins pourquoi les gens se marient à la base.

Se soumettre à un contrat dicté par l’État ? Ça n’a aucun sens ! […] Les gens ne réalisent pas qu’ils signent un contrat ! Surtout les femmes ! Quoi, je vais devoir payer une pension ? Mais je suis une femme. Eh oui !

Laura Wasser, avocate spécialisée en divorce

D’ailleurs, qu’on s’appelle Britney ou, disons, Roger, la gestion d’une séparation est la même, souligne-t-elle. Aussi pénible et douloureuse que vertigineuse. « Il suffit d’ajouter quelques zéros aux enjeux. Mais que l’on se chicane pour une vieille Honda ou un jet privé, on fait face aux mêmes peurs, à la même tristesse. Ce sont les mêmes questions qui reviennent : les enfants vont-ils être OK ? Est-ce que je vais avoir assez pour vivre ? »

Son souhait ? Qu’on simplifie enfin les procédures, répond-elle, sans la moindre hésitation. « Si ça arrive aussi souvent, est-ce qu’on peut rendre ça plus facile ? » De son côté, après avoir été brièvement mariée à 20 ans, Laura Wasser ne s’y fera pas prendre à nouveau. Deux enfants de deux pères différents plus tard, séparée sans la moindre paperasse, elle est très heureuse ainsi, merci. « Oh que non ! Et mon conjoint actuel est tout à fait au courant ! », conclut-elle en riant.