Tina Turner n’est plus. La chanteuse s’est éteinte mercredi au terme d’une longue maladie, a confirmé sa famille par l’entremise d’un communiqué. Elle avait 83 ans.

Tina Turner a rendu l’âme « de manière paisible » chez elle à Küsnacht, en Suisse. « Avec son départ, le monde perd un modèle et une légende de l’industrie musicale », a déclaré sa famille.

Tina Turner, de son vrai nom Anna Mae Bullock, a commencé sa carrière en 1957 avec Ike Turner. Ensemble, ils ont enregistré plusieurs succès comme River Deep, Mountain High et Proud Mary. L’artiste américaine a ensuite amorcé une carrière solo durant laquelle elle s’est souvent retrouvée au sommet avec des chansons comme What’s Love Got To Do With It, Private Dancer, We Don’t Need Another Hero (Thunderdome) et The Best.

Les hommages n’ont pas tardé à pleuvoir sur Twitter. Bryan Adams, avec qui Tina Turner avait chanté It’s Only Love au cœur des années 1980, a indiqué qu’il serait « éternellement reconnaissant » d’avoir côtoyé l’interprète en tournée, en studio et comme amis. « Merci d’avoir été une inspiration pour des millions de personnes, d’avoir raconté librement ton histoire et d’avoir offert ton incroyable voix en cadeau au monde entier. »

Pour sa part, Mick Jagger a vanté son immense talent de chanteuse. « Elle était inspirante, chaleureuse, drôle et généreuse, a noté le leader des Rolling Stones. Elle m’a beaucoup aidé quand j’étais jeune. Je ne vais jamais l’oublier. »

« Je suis en état de choc, et triste », a noté Diana Ross.

L’actrice Angela Bassett, qui a incarné Tina Turner au cinéma en 1993 dans What’s Love Got To Do With It, un drame biographique qui dépeignait notamment la violence conjugale qu’elle a subie, s’est dite endeuillée. « En racontant son histoire avec courage, avec les sacrifices qu’elle a faits, et surtout, la détermination avec laquelle elle s’est taillé une place au royaume du rock and roll, Tina Turner a donné espoir à tous ceux et celles qui vivent dans la peur. Elle leur a montré que l’avenir peut être rempli de liberté, de compassion et d’amour », a noté la comédienne sur Instagram.

Tina Turner a été intronisée au Rock’n’Roll Hall of Fame en tant qu’artiste solo en 2021. Elle y avait fait son entrée en 1991 en tant que membre du duo Ike & Tina Turner. L’organisation a salué la mémoire de l’artiste américaine en publiant ce message : « Tina Turner a travaillé fort pour redéfinir le rôle d’une femme noire dans l’univers rock and roll : un rôle de premier plan, sous les projecteurs. […] Sa présence scénique électrique a haussé la barre des performances à tout jamais. »

Les grandes dates de Tina Turner

  • 26 novembre 1939 : Anna Mae Bullock naît dans une famille de fermiers pauvres du Tennessee, dans le sud des États-Unis. Elle s’adonne très jeune au chant dans les chorales des églises locales.
  • 1956 : elle rencontre le musicien de rhythm and blues Ike Turner à Saint-Louis, dans le Missouri, et rejoint ensuite son groupe Kings of Rhythm.
  • 1960 : Ike change son nom en Tina Turner et ils forment le duo Ike & Tina Turner Revue. Dans les quinze années suivantes, le couple sortira plus d’une vingtaine d’albums.
  • 1962 : Elle épouse Ike Turner à Tijuana, au Mexique.
  • 1978 : Le couple divorce.
  • 1984 : Elle sort son premier album solo Private Dancer, qui inclut le tube What’s Love Got To Do With It. Le titre décrochera le Grammy du meilleur enregistrement de l’année en 1985, les récompenses de la musique américaine. En tout, la chanteuse en a remporté huit au cours de sa carrière.
  • 1985 : Elle joue face à Mel Gibson dans le film Mad Max : au-delà du dôme du tonnerre où elle incarne la dirigeante d’une ville marchande dans un monde post-apocalyptique.
  • 1986 : Son autobiographie Tina Turner, un best-seller, révèle les violences endurées lors de son mariage avec Ike Turner.
  • 1993 : Sortie du film biographique Tina, dans lequel Angela Bassett incarne la chanteuse.
  • 2013 : Elle est naturalisée suisse et épouse le producteur musical allemand Erwin Bach.
  • 2017 : Elle subit une greffe de rein.
  • 2018 : Son fils aîné meurt à 59 ans, probablement en se suicidant. Elle a eu trois autres enfants.

Agence France-Presse

Cinq succès de Tina Turner

Voici cinq des plus grandes chansons de Tina Turner, reine du rock couronnée par huit Grammy Awards.

PHOTO NICK UT, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Tina Turner, en 1985

Proud Mary (1971)

C’est avec Ike, son mari, que Tina Turner devient une célébrité en reprenant Proud Mary, une balade du bayou connue également sous le nom de Rolling on a River et composée deux ans plus tôt par le groupe Creedence Clearwater Revival (1969).

Sur le clip original de 1971, on voit Ike en arrière-plan avec sa guitare, boule afro et torque doré autour du cou, et Tina, cheveux lissés et robe courte de perles blanches, derrière le micro. Le duo démarre « joliment et en douceur » puis se muscle, au fil des secondes, en cadence funk-rock teintée des accents gospels de Tina.

La chanson, sur les tonalités des rythmes sudistes, raconte comment une domestique quitte son travail de plongeuse à Memphis et à La Nouvelle-Orléans et s’embarque sur un gros bateau à vapeur descendant le Mississippi.

Nombreuses fois reprises par différentes formations, ce classique du répertoire américain a été un fil rouge dans la carrière de Tina Turner. Son duo flamboyant avec Beyoncé en 2008 pour les cinquante ans des Grammys est devenu légendaire.

What’s Love Got To Do With It (1984)

Tina se sépare de son mari violent en 1976 après avoir subi 20 ans de coups. Sans producteur, elle tombe quasiment dans l’oubli aux États-Unis.

« Vu mon âge, 39 ans, mon sexe et la couleur de ma peau, disons que j’affrontais des vents contraires », confie-t-elle dans son autobiographie. Aux États-Unis, elle écume les plateaux télé et les petites salles alors qu’en Europe, elle fait de belles affiches.

Avec Private Dancer, un album qu’on lui propose en 1984, Tina Turner revient en grâce dans son pays. What’s Love got to do with it deviendra le simple roi de toute sa carrière. Il lui vaudra le Grammy de meilleur enregistrement de l’année en 1985.

La chanson écrite par Terry Britten et Graham Lyle aurait dû être chantée à l’origine par Cliff Richard, mais à cause d’un malentendu elle passe entre plusieurs mains avant d’échoir à Tina Turner. Le tube a rejoint le panthéon de la musique mondiale en obtenant en 2012 un Grammy Hall of Fame.

We Don’t Need Another Hero (1985)

Tina Turner qui s’était déjà illustrée en « Acid Queen » délirante dans Tommy — l’opéra-rock des Who en 1975 — est choisie pour jouer dans Mad Max : au-delà du dôme du tonnerre aux côtés de Mel Gibson.

Dans cette nouvelle aventure d’anticipation, elle interprète également la bande-son avec We don’t need another hero, une nouvelle chanson de Graham Lyle et Terry Britten qui devient un autre tube planétaire. À l’été 1985, le titre est numéro 1 en Australie, numéro 2 aux États-Unis et numéro 3 au Royaume-Uni.

Pour ce rôle futuriste, Tina Turner n’a pas hésité à se raser le crâne pour y visser une impressionnante crête blonde synthétique rehaussée de deux créoles démesurées. Elle porte une robe de 55 kg taillée dans une cotte de mailles aux épaulettes géantes.

The Best (1989)

La reine du rock excelle dans les reprises. Interprété à l’origine par Bonnie Tyler en 1988, le titre repris l’année suivante par Tina sur son album Foreign Affair remporte un énorme succès. Quelque six millions d’exemplaires sont vendus en 1988.

En 1992, The Best, rebaptisé Simply the Best est choisi pour promouvoir le championnat de rugby d’Australie. Grâce à son clip publicitaire animé par la flamboyante Tina au milieu de rugbymen suants et sexy, la National Rugby League ne sera plus jamais comme avant. Bientôt, l’hymne est repris aux États-Unis avant certains matchs de base-ball ou de football. Tina devient la déesse des stades.

GoldenEye (1995)

Après le carton de Mad Max, elle est choisie pour le générique du James Bond éponyme, avec Pierce Brosnan dans le rôle-titre. Dans sa robe d’argent fendue sur ses jambes au galbe nerveux, la chanteuse maintenant quinquagénaire, apporte toute sa puissance vocale à la partition de Bono et The Edge, du groupe U2, dans la pure tradition du thème de 007.

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