La série Un gars, une fille est de retour ce lundi sur ICI Télé pour quatre nouveaux épisodes. Guy et Sylvie sont toujours ensemble, depuis 30 ans, ont deux enfants, et s’apprêtent à quitter la banlieue pour revenir à Montréal. Mais comment font les couples pour durer ? Rencontre avec trois duos inspirants qui résistent à l’usure du temps et qui sont toujours amoureux, depuis plus de 25 ans.

La volonté de durer

Véronique Béliveau, 68 ans, et Josélito Michaud, 58 ans

Ensemble depuis 29 ans

Deux enfants de 20 et 22 ans

« L’admiration. Nous sommes très admiratifs l’un de l’autre, c’est un des secrets pour durer, car on s’admire encore, 29 ans plus tard », lance Josélito Michaud, en regardant Véronique Béliveau. « Quelle incroyable chanteuse ! Je suis encore pâmé sur elle, elle était tellement incroyable à l’émission Chanteurs masqués ! », dit-il.

Cette confiance mutuelle et la grande complicité les unissent. « La première personne que j’appelle, heureux ou malheureux, c’est Véronique. À la fin d’une journée, j’ai toujours hâte de lui parler », confie l’animateur et producteur.

C’est ma meilleure amie, on aime les mêmes choses, on a les mêmes goûts.

Josélito Michaud

« Je dirais que Véronique est plus facile à vivre que moi. Elle a le bonheur facile, ça ne lui prend pas grand-chose pour être heureuse », dit-il. « Je suis plus calme, mais je suis capable de me fâcher », répond Véronique. « Elle a beaucoup de caractère ! », répond à son tour Josélito en riant.

Ils se sont rencontrés pour la première fois en 1992 à Matane. Josélito Michaud était alors directeur de la promotion d’un centre commercial où Véronique Béliveau était invitée à chanter. Ils se sont croisés par la suite plusieurs fois, mais c’est en 1994 que le couple se forme. « À ce moment-là, c’est clair que c’est la femme de ma vie, mais je me suis gardé de le lui dire trop vite, c’était mon idole d’adolescence, j’avais 29 ans, elle 39 ans. Elle m’avoue qu’elle ne veut pas d’enfants, et je lui ai dit que je n’en voulais pas non plus, mais ce n’était pas vrai… », se rappelle-t-il.

Quelques années plus tard, Véronique Béliveau, 44 ans, a un désir d’enfant. Après une fausse couche, le couple décide d’adopter au Viêtnam. « J’avais 47 ans quand on a adopté Antoine, et 14 mois plus tard, on a adopté Yasmeena, ils ont aujourd’hui 20 et 22 ans. Ça a complètement changé notre vie », dit-elle.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Josélito et Véronique se sont rencontrés pour la première fois en 1992 à Matane.

La stabilité est un élément très important pour le couple. « J’ai été un enfant abandonné, alors ça change tous mes rapports dans la vie. Je m’étais juré que si un jour j’avais des enfants, je ferais tout pour qu’ils aient la plus grande stabilité, c’était tellement viscéral pour moi. Alors, nos petites chicanes, on les règle, car on s’est promis d’offrir de la stabilité à nos enfants jusqu’à leurs 18 ans », explique Josélito Michaud. Il savait que ce ne serait pas facile.

Adopter des enfants, c’est un grand défi, c’est un engagement profond, et ça vient jouer sur le couple. Ma plus grande fierté dans la vie, c’est ma famille et d’avoir toujours tout fait pour que notre couple marche, car on s’aime toujours.

Josélito Michaud

Au fil des années, le couple a fait attention à ne pas être que des parents. « Quand je me dis je m’ennuie de nous, c’est qu’il est temps de se retrouver tous les deux. »

Josélito Michaud et Véronique Béliveau vont franchir une autre étape de leur vie à l’été, car ils vont mettre en vente leur maison de Boucherville qu’ils habitent depuis 22 ans. « On a envie d’autres choses. Plus on avance en âge et plus on a envie de légèreté, car c’est beaucoup d’entretien, cette maison. Simplifier les choses et savourer la vie », dit-il.

Et leurs enfants ? Est-ce qu’ils sont inspirés par leur couple ? « Notre fille semble être une grande amoureuse, et elle m’a confié qu’elle aimerait être dans un couple qui dure longtemps, notre fils aussi. On n’est pas un couple parfait, mais un couple qui s’aime. Et on a une volonté de durer encore », conclut Josélito.

L’essentiel sens de l’humour

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Martin Lafleur et Valérie Lapointe, un couple qui dure depuis 34 ans

Valérie Lapointe, 54 ans, et Martin Lafleur, 54 ans

Ensemble depuis 34 ans

Trois enfants de 21, 23 et 25 ans

Le secret pour durer ? « Le sens de l’humour », répond Valérie. « Savoir rire de soi aussi », ajoute-t-elle avec un grand sourire en regardant son mari, Martin.

Valérie et Martin étudiaient au même cégep où ils se sont croisés, mais c’est à l’Université de Sherbrooke qu’ils se sont vraiment rencontrés. « Nous habitions la même résidence universitaire, au même étage, et c’est là qu’on a commencé à se fréquenter », explique Martin.

Trente-quatre ans en couple et trois enfants plus tard, ils ne craignent pas le syndrome du nid vide, au contraire.

Nos deux filles ont quitté la maison, et notre petit dernier étudie à Paris actuellement pour quelques mois ! On est contents de se retrouver tous les deux, en amoureux.

Valérie Lapointe

« On les aime, nos enfants. On ne peut pas s’imaginer vivre sans eux, mais finalement, ils quittent la maison très naturellement et ils sont ravis eux aussi », confie Martin.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Martin Lafleur et Valérie Lapointe

Une bonne communication au sein d’un couple est essentielle, selon Valérie. « Il faut apprendre à bien communiquer, car très souvent, des petites choses peuvent dégénérer. En couple, il faut faire des compromis, choisir ses batailles, et ne pas se coucher avant d’avoir réglé une chicane ! »

Valérie admet qu’elle a besoin de calme dans la maison. « Je suis professeure en univers social en 1re secondaire. J’enseigne à des adolescents et j’ai besoin du silence en rentrant à la maison ! » « J’ai l’avantage d’être comparé à des adolescents, alors je passe le test ! Je suis moins tannant que ses élèves, je suis apaisant ! », répond son mari, Martin.

Ce que Valérie a pu observer, c’est que l’adolescence peut être un dur moment à traverser au sein du couple. « Pendant cette période, il y a vraiment plus de tensions au sein du couple. On ne pense pas toujours de la même façon sur toutes sortes de sujets, il y a beaucoup d’irritants, de questionnements, de changements, ce qui entraîne des remises en question, et ça coïncide souvent avec la crise de la quarantaine », constate Valérie. « Je suis plus conservateur sur certaines choses », admet Martin.

« Mes parents ont divorcé quand j’avais 3 ans, et je savais que je voulais réussir là où mes parents avaient échoué, je voulais offrir à mes enfants une famille stable, unie. Peut-être suis-je plus résiliente pour cette raison ? », s’interroge Valérie. Elle se rappelle que sa fille, qui a un amoureux dont les parents sont séparés, lui a dit : ma vie de famille unie est plate ! « Et je lui ai répondu : exactement ! C’est parfait ! » raconte-t-elle.

« On a envie de vieillir ensemble, on réalise qu’on peut compter l’un sur l’autre, le tout avec humour », conclut Valérie.

Des projets qui soudent

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Emmanuel et Raja

Raja, 50 ans, et Emmanuel, 52 ans

Ensemble depuis 26 ans

Deux enfants de 15 et 17 ans

« Des projets, on en a tellement », s’exclament Raja et Emmanuel, très complices. C’est peut-être ça, le secret de leur bonheur. « Avoir des projets communs, et aller dans la même direction », précise Raja. « Des projets comme traverser l’Inde à pied, acheter une terre au Québec et y construire des petites huttes », pense-t-elle. « Acheter une maison en ruine en Italie. On la retape pendant un an, on la revend, on change de pays et on recommence ! C’est pour notre retraite ! », lance Emmanuel.

Ils se sont rencontrés en 1997 lors d’un party, et c’est la passion pour les voyages qui les a réunis. « Je travaillais comme portier au Café Campus et j’ai été invité à un party qui avait lieu chez Raja et ses colocataires », raconte Emmanuel. « Il est arrivé avec sa caisse de bières, et on a parlé dans l’escalier, il devait être 4 h du matin et on s’est raconté nos voyages », poursuit Raja.

Dès le début de sa relation, le couple a voyagé aux quatre coins du monde.

On a habité un an en Australie, puis on est partis pendant un an et demi à travers l’Asie, l’Inde, le Népal, alors après deux ans et demi de voyage ensemble, on apprend vraiment à bien se connaître dans toutes sortes de situations.

Emmanuel

Raja et Emmanuel ont deux enfants de 17 et 15 ans. Comme tous les couples, ils ont vécu des moments plus difficiles comme lorsqu’ils ont acheté leur premier immeuble dans Hochelaga-Maisonneuve à la naissance de leur premier enfant. « Il y avait des vices cachés. Je devais changer le toit, désinfecter la maison, faire annuler la vente, quel enfer », se rappelle Emmanuel.

Raja admet avoir eu de la difficulté avec la routine, elle qui adore l’aventure. Alors de temps en temps, le couple s’offrait une nuit d’hôtel sans les enfants. « Lorsqu’on est devenus parents, elle avait peur de ne plus pouvoir vivre intensément, alors je lui ai offert un canot et le parcours des rivières du Québec. Ce n’est pas parce qu’on a des enfants qu’on va arrêter de voyager », pense Emmanuel.

Mais comment font-ils pour résister à l’usure du temps ?

Ne rien tenir pour acquis, c’est essentiel dans un couple. On se reséduit tous les jours ! Il me fait encore tellement rire et il continue de me surprendre, comme cette fête surprise qu’il a organisée pour mes 50 ans !

Raja

« Être capable de compter sur l’autre, c’est fondamental. J’ai été opéré deux fois à la jambe. Je ne travaillais plus pendant quelque temps et je sais que je peux compter sur Raja », répond Emmanuel.

Raja et Emmanuel constatent que beaucoup de leurs amis se sont séparés au fil des années. « Ça fait mal de voir des couples qu’on aime se séparer. Notre fille, quand elle était petite, nous disait : pourquoi vous ne faites pas comme tous les parents, vous séparer ? »

« Je sais que je veux passer le restant de ma vie avec lui, vieillir avec lui ! », confie Raja.

« Moi aussi ! », lui répond Emmanuel.