Yves Courtemanche est le Barbier du Village dans Outremont depuis 35 ans. C’est une véritable institution dans le quartier : il connaît tout le monde et il est au courant de tout ce qui se passe dans l’arrondissement.

De son salon au style délicieusement rétro, Yves salue à travers la fenêtre les clients qui passent, les enfants et familles du quartier. « Salut, Yves, on se voit la semaine prochaine ! », lance un client en ouvrant la porte du salon. « Tu coiffes les femmes, maintenant ? », dit-il (en me voyant) et en éclatant de rire.

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Un salon qui a des allures de caverne d’Ali Baba

« Il y a de la vie, c’est joyeux, j’aime mon métier que je pratique depuis 55 ans. Je suis chanceux, je suis tellement bien ici, avenue Bernard, j’ai de l’espace, j’ai 12 pi de hauteur de plafond, un vrai château ! », confie Yves. Son salon, c’est un peu la caverne d’Ali Baba. « J’ai des souvenirs de voyages d’Europe, des photos et bibelots de toutes sortes, Steve McQueen, Charlie Chaplin et une caisse enregistreuse, en bronze, que j’ai depuis 1968. »

Il a des clients qui lui sont fidèles depuis 50 ans, des professeurs, des ingénieurs, des avocats.

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Yves avec sa caisse enregistreuse d’époque, en bronze, qui fonctionne toujours et qu’il utilise encore

Célébrités

Il a aussi quelques clients célèbres, des anciens premiers ministres notamment.

J’ai coiffé Robert Bourassa pendant 11 ans, jusqu’à la fin de sa vie en 1996. J’allais chez lui, il habitait le quartier. Il est venu quelques fois au salon, mais dès qu’il était sur la chaise, les gens entraient pour lui serrer la main.

Yves Courtemanche, barbier

Bernard Landry s’est aussi assis sur sa chaise pendant 10 ans. « Il était très sympathique, on riait beaucoup », dit le barbier. Et il a coiffé, une seule fois, René Lévesque, en 1974, lorsqu’il avait un salon à l’angle des rues Saint-Hubert et Villeray. « Quel incroyable charisme ! », se souvient Yves. « Il lisait Le monde diplomatique et on fumait tous les deux ! Quelle époque ! J’avais le look de John Lennon ! »

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Yves Courtemanche avec René Lévesque, en 1974. Il l’a coiffé une seule fois.

Contact humain

Ce qu’il préfère dans son métier, c’est le contact humain, car Yves, toujours de bonne humeur, est chaleureux. « Les gens ont vraiment besoin de parler, beaucoup plus qu’avant, et c’est certainement l’effet de la pandémie », remarque celui qui a commencé à travailler comme barbier à 17 ans. « D’un seul coup, j’ai éclaté comme une pivoine au printemps, j’avais trouvé ma vocation », se souvient-il.

Il pense encore continuer quelques années. « Je me suis fait opérer, j’ai deux nouvelles hanches, je suis comme un homme neuf à 72 ans ! J’habite juste au-dessus de mon salon, c’est vraiment la belle vie ! »