Derrière son titre on ne peut plus neutre — agente de liaison école-famille — se cache une véritable dynamo qui a à cœur l’intégration des nouveaux arrivants. On n’a qu’à observer Premila Ramessur Jaswantee en action pendant une petite heure pour constater à quel point elle en est un rouage actif et énergique.

C’est jour d’inscription pour les cours de francisation ce matin-là à l’école Bois-Franc-Aquarelle, dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Ce sont les représentantes du Service de la formation générale des adultes qui accueillent les parents, mais Premila n’est pas très loin : la plupart du temps, c’est elle qui les a sollicités, et elle aime bien les revoir et s’assurer que tout va bien.

« Quand on arrive, on voit que le travail est fait », dit Martine Veillette, qui est là pour le centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys.

Le rôle de Premila est un peu d’« attirer » les parents dans le giron de l’école tout en répondant à leurs besoins... et même plus. Un papa se présente en ce matin froid d’automne chaussé seulement de sandales ? Elle l’oriente vers des ressources pour se procurer des vêtements chauds. Une famille a des documents gouvernementaux à remplir ? Elle les amène dans son bureau et leur donne un coup de main avec la paperasse.

À une maman hispanophone fraîchement arrivée à Montréal, qui ne parle ni français ni anglais, Premila propose de venir faire du bénévolat à l’école. Le visage de la femme s’éclaire, et elle lui tombe dans les bras avant de partir.

  • Premila Ramessur Jaswantee s’intéresse à chaque dossier.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Premila Ramessur Jaswantee s’intéresse à chaque dossier.

  • Le rôle de Premila change d’une personne à l’autre.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Le rôle de Premila change d’une personne à l’autre.

  • Un petit coup de pouce avec la paperasse

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Un petit coup de pouce avec la paperasse

  • Moment de reconnaissance

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

    Moment de reconnaissance

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Multitâche

« Le travail de Premila est difficile à décrire, car il est beaucoup dans l’invisible », dit la directrice de l’école, Tracy Wilson.

Elle [Premila Ramessur Jaswantee] passe beaucoup de temps à parler au téléphone et en personne. Pour les cours de français, elle est venue à l’assemblée générale, elle a parlé aux parents sur le trottoir quand ils venaient reconduire ou chercher leurs enfants... Elle a beaucoup d’initiative.

Tracy Wilson, directrice de l’école Bois-Franc-Aquarelle

La réussite des enfants passe souvent par l’intégration des parents, et ces derniers, malgré toute leur bonne volonté, ne connaissent pas toutes les ressources à leur disposition. L’agente de liaison les met en contact avec les différents organismes communautaires de l’arrondissement, où elle a ses entrées partout.

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Accueil d’une nouvelle famille

« Elle s’est créé un réseau, pas besoin de Facebook ! », s’exclame la directrice de Bois-Franc-Aquarelle.

Un des grands défis de Premila est justement de faire collaborer les milieux communautaire et scolaire, dont les manières de fonctionner sont très différentes. « On marche sur des œufs. Mais dans la réalité, les deux doivent travailler ensemble », explique-t-elle, diplomate.

Rien ne satisfait plus Premila que d’orienter une famille vers le bon service. « C’est gagnant pour tout le monde : les parents, les organismes, les écoles. C’est comme ça que je peux mettre la main à la pâte. »

Premila Ramessur Jaswantee, c’est évident, est axée sur les solutions. « Tout le temps », confirme-t-elle. Son secret : s’adapter à chaque personne qu’elle rencontre pour répondre exactement à ce dont elle a besoin. « Si tu ne sais pas d’où elle vient, quel est son bagage, tu ne peux pas savoir comment intervenir. »

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Premila, toujours présente sur le terrain

En mission

Originaire de l’île Maurice, Premila s’est installée à Montréal au début de l’âge adulte et s’est vite impliquée comme bénévole à l’école de ses enfants. « Je me suis même présentée aux élections scolaires comme indépendante ! » En 1998, grâce à un programme d’études-travail, elle devient « agente de concertation » dans le quartier Parc-Extension. « C’était essentiellement le même travail, mais dans Parc-Ex, tout était organisé autour d’une seule école. »

Depuis 2008, elle travaille dans plusieurs écoles de l’arrondissement de Saint-Laurent, beaucoup plus vaste. À 59 ans, Premila n’envisage pas la retraite. Quand on demande à la femme qui vit dans le quartier Côte-des-Neiges ce qu’elle aime de Montréal, la réponse fuse : « la diversité ».

« Chaque personne qui se présente devant moi, elle a un potentiel. Hier, il y avait une femme qui arrivait du Cameroun, elle parlait super bien français, mais elle ne savait pas comment s’habiller pour l’hiver. On a parlé, on a ri, je l’ai guidée vers des organismes, elle s’est inscrite pour la cueillette des pommes... et elle est ressortie avec le sourire. »