Lorsqu’on s’offre quelques heures au spa, c’est pour se détendre. On apprécie la douceur des bains, le calme, la nature, le silence. On se ressource. Mais si la détente passait aussi par quelques discussions à voix basse ?

La question a surgi en passant un après-midi au spa. Entre les clients détendus en peignoir blanc et ceux pris en flagrant délit de chuchotements, on s’est posé la question : est-ce qu’il est possible de discuter (un peu) au spa ou est-ce le silence absolu qui est de mise ?

« C’est une bonne question et c’est un vrai défi, car 50 % de notre clientèle prône le silence total et 50 %, les discussions à voix basse », explique Myriam Dumont, directrice du marketing du Strøm spa nordique, qui compte quatre établissements, à L’Île-des-Sœurs, à Mont-Saint-Hilaire, à Sherbrooke et dans le Vieux-Québec. « On réévalue sans cesse les règlements dans les différents espaces. Notre positionnement d’entreprise est d’être centré sur l’équilibre, quel qu’il soit. On a créé des espaces afin que chacun trouve son bonheur. Il y a des gens qui viennent seuls et qui veulent le silence total, d’autres, en couple ou entre amis qui souhaitent discuter à voix basse », dit-elle. Au Strøm spa nordique, on organise les soirées Ekko, les jeudis et vendredis, de 17 h à 22 h, où il est possible de parler à voix basse sur tout le site, sauf les saunas.

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Le Balnéa spa, situé dans le domaine naturel du Lac-Gale, à Bromont

À Bromont, au Balnéa spa, on a une autre approche ; c’est le silence complet qui est de mise. « C’est la façon dont on se distingue. On offre une expérience immersive en pleine nature dans l’un des plus vastes domaines spa du Québec, au bord du lac Gale », souligne Noémie Lemire, directrice du marketing et des communications du Balnéa spa. « Notre clientèle accorde beaucoup d’importance à la place du silence. C’est le résultat d’un sondage que nous avons mené au printemps dernier. » Elle précise qu’il y a tout de même une zone où le chuchotement est permis, sur une des terrasses au second étage, ainsi qu’au restaurant.

Une activité sociale

Pour Patrick Rake, président du groupe Skyspa, le spa est devenu une activité sociale, et il est impossible de demander de garder le silence, à moins d’y aller seul.

« Dès qu’on est en couple ou avec des amis, c’est impossible d’être totalement silencieux. Les gens qui vont passer une journée au spa ont besoin de communiquer avec la personne qui les accompagne ! On est des êtres humains ! », s’exclame-t-il. « De toute façon, les gens vont se trouver un petit coin, vont regarder s’ils sont surveillés, vont parler et se faire avertir. Leur sortie au spa sera stressante ! Avec le temps, je me suis fait une raison. Les salles de détente sont silencieuses, mais dans le reste du spa, il est permis de parler à voix basse. »

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Patrick Rake

Je connais mes compétiteurs et les spas qui sont dans le silence ont de la misère à le faire respecter !

Patrick Rake, président du groupe Skyspa

Il précise que tout dépend du type d’établissement puisque son groupe compte quatre spas, dont trois différents. « Le Spa Nordic Station à Magog est dans la nature. On demande le silence, mais il y a certains espaces où on peut parler à voix basse, alors que les deux Skyspa [DIX30 et Québec], ce sont des spas urbains, des lieux où il y a des échanges sociaux, alors on permet de parler, tout comme au Förena, à Saint-Bruno-de-Montarville. »

Au spa-sur-l’eau le Bota Bota, situé dans le Vieux-Montréal, on s’est aussi posé la question et on a divisé les espaces. « Sur le bateau, on demande le silence complet dans toutes les installations, alors que sur la terre ferme, dans ce qu’on appelle “les jardins”, on permet les conversations », explique Natalie Emond, directrice, expérience client, du Bota Bota. Elle reconnaît qu’il y a des gens qui préfèrent aller au spa entre amis et que la discussion à voix basse est un besoin qui s’est fait sentir. « Depuis qu’il y a l’espace jardins [lancé en 2015], on a moins de mal à faire régner le silence sur le bateau et on peut satisfaire les deux types de clientèle. »

Elle souligne que l’endroit mise sur la relaxation et la tranquillité. « N’oublions pas que le Bota Bota, c’est beaucoup plus que de se prélasser dans une piscine. On met de l’avant les bienfaits que procure le circuit d’eau. C’est un moment qu’on s’offre à soi, pour être connecté à son corps. C’est ça, l’expérience thermale. »

Le téléphone au vestiaire

Pour que la détente soit optimale et pour le bien-être des clients, le téléphone cellulaire est interdit sur les sites des différents spas. On doit le laisser au vestiaire, mais là encore, Patrick Rake semble plus flexible. « Le téléphone cellulaire… c’est le grand débat ! », lance-t-il. « On s’entend qu’on ne peut pas faire d’appels sur le site, mais on a une clientèle qui souhaite pouvoir envoyer des textos ou encore prendre un petit égoportrait entre amis. On le permet au Förena, car on a opté pour un lieu social, en tout cas, dans la première phase. C’est ce que les gens veulent et c’est ce qu’on observe en tout cas. »