Les initiatives vertes pour améliorer l’environnement se multiplient à petite et grande échelle, partout dans la province. Deux fois par mois, nos journalistes vous présentent des idées pour vous inspirer.

Enfant et même en grandissant, Marie-Anne Viau avait une grande peur des abeilles. Aujourd’hui, elle veut les aider en pratiquant l’apiculture urbaine, mais surtout en incitant les gens à parsemer la ville de fleurs qui aideront les pollinisateurs.

Trèfle, mélilot, agastache, aster, verge d’or, asclépiade, amélanchier, cerisier, voilà des plantes, arbres et arbustes qui fournissent aux abeilles le précieux nectar nécessaire à la fabrication du miel. Malheureusement, ces plantes dites mellifères ne courent pas assez les rues en ville, et surtout dans les plates-bandes. C’est le cas aussi dans certaines campagnes où les monocultures règnent.

« Un pot de miel classique, c’est plus de 8 millions de fleurs, remarque celle qui est candidate à la maîtrise à l’Institut de recherche en biologie végétale. Une ruche produit environ 25 kg de miel. Il en faut, des fleurs. Et dans toute sa vie, une abeille va faire 1/8 d’une cuillère à thé de miel. Alors quand tu en manges une cuillérée, c’est comme si tu mangeais le travail de huit abeilles. »

Depuis une dizaine d’années, Marie-Anne Viau est devenue une grande défenderesse des abeilles, ainsi que d’autres insectes pollinisateurs que sont les papillons et les guêpes. « À la base, j’avais vraiment peur des insectes piqueurs, comme beaucoup de gens, admet-elle. Quand j’étais jeune, je jouais à cache-cache et je suis tombée dans un nid de guêpes. Ça m’a traumatisée. »

Rôle essentiel

C’est dans un cours de bioécologie au cégep que cette passionnée d’agriculture urbaine a réalisé le potentiel incroyable des abeilles et leur rôle essentiel dans la production des aliments que nous consommons.

Plus on apprend à connaître les pollinisateurs, moins on les voit comme des ennemis ou des insectes qui font peur, et plus on les voit comme des alliés d’une valeur inestimable pour notre bien-être.

Marie-Anne Viau, candidate à la maîtrise à l’Institut de recherche en biologie végétale

Depuis, elle s’efforce de déconstruire chez les gens cette crainte bien ancrée des insectes piqueurs. Et pas que les abeilles. « C’est un peu de notre faute si les guêpes sont gossantes ! lance-t-elle. Elles sont simplement mieux adaptées à leur environnement que les abeilles. Au lieu de boire du nectar dans les fleurs comme elles le font habituellement, elles vont boire dans notre bière et dans notre boisson gazeuse. Et au lieu de chasser des insectes, comme il y en a moins, elles vont manger notre steak, parce que c’est ça qu’il y a en abondance. »

Initiée à l’apiculture urbaine par l’organisme Miel Montréal, dont elle est aujourd’hui membre du conseil d’administration, Marie-Anne plonge à mains nues dans les ruches. Elle a démarré un rucher collectif au cégep de Saint-Laurent et a participé à la création de plusieurs jardins collectifs dans l’île de Montréal. Elle est aussi l’une des apicultrices bénévoles du rucher du Santropol Roulant, un organisme communautaire qui utilise la nourriture pour renforcer les liens entre les générations.

PHOTO FOURNIE PAR MARIE-ANNE VIAU

Marie-Anne Viau utilise les ruches pour faire de la sensibilisation.


La biologiste s’intéresse tant aux abeilles qu’aux plantes parce que les unes ne vont pas sans les autres. Au fil du temps, elle a compris que le développement de l’apiculture urbaine crée un stress sur les abeilles indigènes déjà présentes en ville. « En ajoutant plus d’abeilles, on augmente la compétition entre les abeilles locales et nos abeilles dans les ruches, et si on n’augmente pas le nombre de fleurs, ça devient problématique. »

La solution ne repose pas qu’entre les mains de la Ville de Montréal, qui s’est d’ailleurs engagée à protéger les insectes pollinisateurs en participant au programme de Bee City Canada, mais aussi entre celles de tous les citoyens.

Il faut changer les mentalités. Au lieu de voir les pissenlits, les carottes sauvages et l’asclépiade comme des mauvaises herbes, voyons-les comme des plantes à papillons et à abeilles.

Marie-Anne Viau, candidate à la maîtrise à l’Institut de recherche en biologie végétale

« Juste de changer notre mentalité sur l’utilité de ces plantes-là va avoir un impact sur le bien-être des pollinisateurs et donc de notre alimentation, parce que ça reste qu’une bouchée sur trois dans notre assiette est liée directement à la pollinisation », ajoute-t-elle.

Elle invite ainsi les gens à laisser en place les pissenlits, l’une des premières fleurs riches en pollen à fleurir au printemps, et à préférer les plantes indigènes à celles exotiques. Elle donne l’exemple des roses d’Angleterre qui ont été modifiées de façon telle que leur nectar et leur pollen ne sont pas accessibles. « Par contre, un rosier rustique avec de belles roses tout ouvertes, ça, c’est de la super nourriture pour les pollinisateurs. »

Cultiver des plantes mellifères ne suffira pas à contrer le déclin des populations d’abeilles, menacées également par les pesticides néonicotinoïdes, mais pour les résidants des villes, il s’agit d’un geste peu coûteux et très accessible.

Consultez la page « Comment aider les abeilles et les pollinisateurs » de l’organisme Miel Montréal

Appel à tous

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