Votre enfant de 11, 12, 13 ou 14 ans souhaite travailler pendant l’été ? Vous vous posez de nombreuses questions. Est-il trop jeune ? Quel type d’emploi peut lui convenir ? Conseils d’experts pour guider les parents.

On en voit de plus en plus. La pénurie de main-d’œuvre force les entreprises à engager des employés… de plus en plus jeunes. Mais est-ce une bonne idée de laisser son enfant travailler dès l’âge de 11 ou 12 ans ?

« Ça dépend », répond la psychologue Nadia Gagnier. Elle souligne qu’il est important que l’enfant se repose et s’amuse d’abord pendant ses vacances d’été. « Ça peut être valorisant d’avoir un petit emploi, ça développe le sens des responsabilités, mais il faut que ce soit bien encadré, que le nombre d’heures soit limité et que les enfants en discutent bien avec leurs parents, précise la psychologue. Ça dépend aussi de l’organisation familiale et des projets de la famille pour l’été. Il ne faudrait pas que ça provoque des conflits d’horaires. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La psychologue Nadia Gagnier

Pour l’éducatrice spécialisée Geneviève Harvey-Miville, les attentes doivent être différentes selon l’âge du jeune. « Il faut faire très attention. Un enfant de 11-12 ans peut faire des petites tâches, garder des enfants, tondre la pelouse, mais à mes yeux, travailler dans un restaurant, à cet âge, ça me paraît trop jeune », estime-t-elle. « On peut avoir un petit boulot pour développer son autonomie, mais les enfants doivent aussi profiter de leur été pour s’amuser, bouger, se baigner », dit celle qui collabore aussi à Vie de Parents, une plateforme d’information pour les parents.

La psychologue Nathalie Parent croit qu’il y a plusieurs bénéfices à avoir un premier emploi à un jeune âge, notamment celui de développer son désir d’indépendance.

« Si votre enfant manifeste l’envie de travailler, c’est important de le soutenir. Ça sera bon pour son estime de soi et sa confiance. » Elle ajoute que très souvent, de 11 à 14 ans, les préadolescents sont à un âge où ils cherchent un peu quoi faire. « Avoir un petit emploi, ça les fait sortir de leurs écrans et il peut y avoir un grand plaisir à se retrouver entre jeunes au travail. »

Bien accompagner

Les spécialistes que nous avons interrogées prônent l’autonomie des enfants, mais mettent en garde sur le type d’emploi, le nombre d’heures et les conditions de travail. « Il faut bien les accompagner, car il peut y avoir des avantages, mais aussi des inconvénients, car les enfants ne se rendent pas toujours compte de l’envers de la médaille du monde du travail et des responsabilités que ça implique », explique Nadia Gagnier. Elle donne l’exemple des emplois dans les supermarchés où les clients sont de plus en plus à fleur de peau quand les tablettes sont vides… « Un jeune de 14 ans n’est pas préparé à ça. »

PHOTO FOURNIE PAR NATHALIE PARENT

Nathalie Parent

Si on veut que l’expérience de premier emploi soit positive, le travail doit convenir au tempérament de l’enfant. Il faut vraiment prendre le temps d’y réfléchir, poser les questions sur les horaires, la nature du travail et être encadré par un adulte. Si ça ne se passe pas bien, ça peut avoir l’effet inverse sur l’estime de soi. Alors, il faut faire attention.

Nathalie Parent

Notre culture valorise-t-elle trop le travail et l’autonomie individuelle ? Et si, à 12 ans, on avait juste envie de profiter de l’été ? « Oui, on parle beaucoup de productivité, d’efficacité, de performance et de l’argent gagné », pense Geneviève Harvey-Miville. Elle évoque aussi la pression liée au travail, selon l’emploi et les responsabilités qui peuvent être trop grandes pour les jeunes employés. « L’été, il faut en profiter, car ça va venir vite, le travail, dans la vie de nos enfants », rappelle-t-elle.

PHOTO CATHERINE CHOUINARD, FOURNIE PAR GENEVIÈVE HARVEY-MIVILLE

Geneviève Harvey-Miville, éducatrice spécialisée et collaboratrice à Vie de Parents

Pour sa part, Nathalie Parent pense au contraire qu’on a tendance à surprotéger nos enfants, qui vivent dans une société où le plaisir triomphe. « Chez nos jeunes, c’est la loi du moindre effort qui règne. On est davantage dans le plaisir facile que dans l’effort soutenu. »

Attention, avec la pénurie de main-d’œuvre, l’emploi d’été peut se transformer en un emploi à temps partiel (chez les ados plus âgés) pendant l’année scolaire. L’enfant peut prendre goût à gagner de l’argent, mais s’il veut continuer, il faut y mettre des conditions strictes. « Il ne faut absolument pas dépasser les 15-20 heures par semaine et ça ne doit pas perturber les résultats scolaires. Il est nécessaire de garder du temps libre pour faire du sport et voir les amis », estime Nadia Gagnier.

En savoir plus
  • Au Québec, il n’y a aucun âge minimum pour travailler. Les moins de 14 ans doivent toutefois obtenir l’autorisation écrite d’un parent.
    SOURCE : CNESST