Elles sont ambassadrices de marques et porte-parole de différentes causes, mais les vedettes doivent-elles être parfaites pour exercer de tels rôles ? Les stars ont un énorme pouvoir d’attraction, mais doivent-elles être irréprochables ?

« Oui », répond sans hésiter l’agent d’artistes Marc-André Globensky, qui s’occupe d’artistes comme Yves Desgagnés, Hugo Giroux, Noémie Yelle et Natasha Kanapé Fontaine. En tant qu’agent, il met en garde ses artistes, car ils sont constamment jugés par le public notamment sur les réseaux sociaux. « Il faut toujours qu’ils soient gentils, de bonne humeur, souriants, car il y a des critiques et des commentaires qui surviennent de toutes parts en tout temps », explique-t-il.

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Caroline Lacroix, professeure de marketing à l’École des sciences de la gestion ESG UQAM

Selon Caroline Lacroix, professeure de marketing à l’École des sciences de la gestion ESG UQAM, il est impossible d’être parfait. « La perfection n’existe pas ! C’est un objectif qu’on ne peut pas atteindre et on ne va pas se reconnaître dans ce type de discours. » L’imperfection est d’ailleurs une force, croit-elle. « Les millénariaux vont dire : je ne suis pas parfait, et ce type de discours a beaucoup de résonance chez eux. » Elle cite l’exemple de Lili Reinhart, l’actrice de la série Riverdale qui a toujours parlé de manière très ouverte de sa dépression.

« On demande aux stars d’être parfaites dans un monde imparfait, alors c’est certain qu’elles vont se brûler les doigts », explique Luc Dupont, professeur de communications à l’Université d’Ottawa.

Aujourd’hui, il faut être écologiste, végétarien, manger léger, ne plus boire d’alcool, mais en même temps, ne pas être trop en forme. Ça n’a plus de fin. Je pense qu’il est de plus en plus risqué pour une marque de s’associer avec une personnalité publique.

Luc Dupont, professeur de communications à l’Université d’Ottawa

Un risque à prendre

Selon Arnaud Granata, président d’Infopresse, si les marques font appel à des personnalités, à des artistes ou à des sportifs comme porte-parole, c’est parce que leur crédibilité et leur indice de confiance dans l’opinion publique sont de loin supérieurs à celles des entreprises. « Je pense que les bénéfices sont beaucoup plus grands que les dommages qu’ils pourraient créer. Les marques sont prêtes à vivre avec un certain risque. » Tout dépend aussi du type de contrat, s’il s’agit d’un partenariat ponctuel ou d’un engagement sur quelques années. « Avec une marque de voitures, où la somme en argent sera importante, ça vient avec des responsabilités. »

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Kate Moss à la une du Daily Mirror

Caroline Lacroix rappelle les scandales de Kate Moss, liés à la drogue, et ceux de Tiger Woods, en lien avec ses infidélités, survenus par le passé. « Tiger Woods, par exemple, en 2009, lors du scandale de mœurs, il n’a pas perdu tous ses commanditaires, Nike avait décidé de le soutenir plutôt que de le punir, souligne-t-elle. C’est la dimension humaine qui ressort, on peut passer à travers une tempête, mais tout dépend de quoi il s’agit, car il y a des choses qu’on ne pardonne pas. »

Elle pense que les entreprises doivent prendre le temps de bien connaître leur porte-parole avant de le choisir. « C’est comme un mariage ! Tu veux savoir avec qui tu vas vivre et faire en sorte que la relation dure longtemps ! », ajoute Caroline Lacroix.

L’impact des médias sociaux

Au cours des dernières années, les réseaux sociaux ont bien évidemment changé la donne. « Les artistes sont constamment sous l’œil du public. Ils doivent faire attention à tout, ne pas émettre d’opinion, ne pas faire d’erreurs, car on ne pardonne plus et on n’a pas toujours de deuxième chance. Il reste que lorsqu’on accepte d’être porte-parole, il faut savoir qu’on doit avoir un comportement exemplaire », constate Marc-André Globensky.

Luc Dupont note que le moindre détail n’échappe plus à personne et que les vedettes sont critiquées pour un rien. « C’est la police de la morale, il y a les artistes qui sont dans le bon groupe, et les autres, dans le mauvais », pense le professeur expert en marketing et en nouveaux médias.

Il y en a qui vont commettre un impair, mais s’ils font partie du bon groupe, seront pardonnés, mais ce ne sera pas le cas pour les autres qui sont du mauvais côté.

Luc Dupont, professeur de communications à l’Université d’Ottawa

Sans être parfaites, les vedettes doivent être conscientes de l’image qu’elles véhiculent et façonnent, croit Arnaud Granata. « Elles doivent redoubler de vigilance et ne pas prendre parti sur des enjeux politiques. »

Il reconnaît que l’ambiance sur les réseaux sociaux est très tendue. « Depuis quelques années, il y a une polarisation plus grande, les gens réagissent très vite sur les réseaux sociaux. Il y a une animosité qui fait en sorte que les célébrités peuvent se faire incendier. Le climat est toxique. »