Il suffit parfois d’une étincelle pour qu’une passion s’allume et qu’un passe-temps se transforme en vocation. Chaque semaine en août, nous vous présentons l’histoire d’un mordu à l’enthousiasme contagieux.

En 1974, lorsque le jeune Denis Jacquelin a conçu un coffre en bois pour entreposer ses modèles à coller, son projet répondait à un simple besoin ponctuel. Pourtant, près de 50 ans plus tard, sa passion pour l’ébénisterie continue d’accrocher des étoiles dans ses yeux…

Il suffit de creuser un peu pour comprendre l’impact de la famille de Denis Jacquelin sur son intérêt pour les meubles bien travaillés. « Mon père était vendeur de meubles chez Woodhouse et son ensemble de chambre était fait de bois d’acajou », se souvient-il.

Trois ans après avoir conçu un coffre dans le sous-sol, chez ses parents, le Montréalais s’est inscrit à un cours du soir en ébénisterie. Améliorant ses connaissances sur les essences de bois, les différents assemblages et l’usage sécuritaire des outils, il a surtout goûté au plaisir d’accomplir des travaux manuels.

Certaines personnes marchent en forêt pour s’isoler, moi, je travaille le bois pour être dans ma bulle et faire ressortir ma créativité.

Denis Jacquelin

Une fois établi dans son premier appartement, il a utilisé une partie de son salaire pour acheter le magazine Rénovations Bricolage et construire sa première pièce « d’adulte » : une base de lit. « Je faisais livrer des morceaux de bois au troisième étage. Je gossais dans mon salon avec ma scie ronde et les voisins me demandaient si j’en avais pour longtemps ! »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Une création de Denis Jacquelin

Retour en force

Fier de sa réussite, il a eu l’idée de construire tous les meubles de sa chambre, mais il a manqué d’espace et de temps. « Avec mon travail et mes enfants, j’ai mis ma passion en dormance. Je continuais de m’y intéresser : je lisais des magazines sur l’ébénisterie, je gardais la main en faisant des travaux dans les immeubles que je possédais et, quand je magasinais un meuble, j’analysais les formes, les essences de bois et les assemblages. Je me disais que j’allais m’y remettre sérieusement un jour. »

Le grand retour s’est produit en 2015. N’ayant plus d’enfants à la maison, il a commencé à réaliser des travaux pour ses proches : réparations, assemblage de meubles, poses= de cadres. « Ma passion s’est réanimée ! Je me suis outillé davantage dans l’optique de faire de l’ébénisterie à temps plein. »

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Denis Jacquelin

Ce regain d’enthousiasme s’est traduit par un désir de s’éduquer davantage, ce qu’il a fait au Centre de formation professionnelle Léonard de Vinci. « Comme en 1977, j’ai suivi le cours d’introduction. Au premier niveau, on a fait une tablette. Au deuxième, un coffre. Au troisième, une console. »

À raison de trois heures par semaine, pendant 10 à 15 semaines, Denis Jacquelin a senti que quelque chose reprenait sa place en lui.

Ce qui était inaccessible au début de ma vie d’adulte devenait possible. En 1977, je possédais seulement une scie ronde, une scie à main, un marteau, un tournevis et une perceuse. Aujourd’hui, j’ai pour 20 000 $ d’outillage, ce qui me permet de concrétiser des idées plus grandiloquentes.

Denis Jacquelin

Depuis, ses réalisations se multiplient : armoires, tables, bases de lit, chariots pour installer ses outils, tiroirs de garde-manger assemblés sans vis ni clou, ainsi qu’un cadeau pour les 30 ans de son fils Philippe. « Mon gars avait acheté une grosse pièce de bois brute, sans savoir quoi en faire. J’ai coupé des blocs dans le morceau, tranché des épaisseurs pour en faire un couvercle et creusé l’intérieur avec une toupie pour en faire un coffre à bijoux. »

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Une autre réalisation de Denis Jacquelin

Son nouvel élan ne s’est pas arrêté là. Entre 2018 et 2020, il a suivi une autre formation à l’École d’ébénisterie à Saint-Jérôme. « Tout récemment, je me suis fabriqué une table à dessin portative, avec des pentures spéciales qui donnent un angle pour dessiner mes plans. » Une table qui lui permettra de mettre à profit sa passion et son grand souci de la précision pour les années à venir.

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