Le restaurant Robin des Bois, un établissement à vocation sociale qui redonne ses profits à la communauté, a été la proie des flammes lundi soir dernier. Un drame qui survient une semaine à peine après la réouverture de la salle à manger, mais qui n’aura pas raison du travail que fait l’organisme auprès de la communauté, assure sa directrice Judy Servay.

Poursuivre les camps de jour, relancer le programme « Livrez au suivant » démarré pendant la pandémie : les idées ne manquent pas à Judy Servay pour poursuivre la mission du Robin des Bois, un organisme à but non lucratif créé en 2006 qui soutient lui-même plusieurs organismes montréalais.

« On réfléchit, ça ne fait que 36 heures, mais de continuer notre mission et rester actifs, c’est super important pour nous, a-t-elle déclaré lorsque nous l’avons jointe mercredi. Je ne pense pas qu’on va rouvrir un restaurant ailleurs en attendant de pouvoir être ici, mais je pense qu’il y a d’autres manières d’être utiles, de continuer d’avoir une présence et d’aider nos organismes. On a trop une belle banque de gens qui veulent aider. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Judy Servay, directrice du restaurant Robin des Bois

Cette vague de solidarité s’est d’ailleurs manifestée dès l’annonce de l’incendie sur les réseaux sociaux. « On a une communauté qui est extraordinaire, constate Judy Servay. On a des bénévoles qui sont arrivés pour passer le balai, mais personne ne peut entrer en ce moment. » Au moment du sinistre, le Robin des Bois comptait 18 employés et entre 200 et 300 bénévoles réguliers.

Le feu s’est déclaré vers 20 h 15 au rez-de-chaussée du bâtiment de trois étages, dans les locaux du restaurant, qui était fermé ce soir-là. Une soixantaine de pompiers ont été envoyés sur place pour maîtriser l’incendie. « On ne connaît pas la cause exacte de l’incendie, mais ce serait un feu accidentel », précise Daniel Girard, chef de section au Service de sécurité incendie de Montréal.

Les dégâts, importants, forcent la fermeture du restaurant et l’annulation du camp de jour qui y était organisé pour une période indéterminée.

« Ce qui nous désole le plus, c’est notre camp de jour, déclare la directrice. C’était notre première journée lundi. On a des enfants de 9-12 ans pour huit semaines de camp. Des enfants fortunés et d’autres qui le sont moins, tout le monde est ensemble. C’est ce que j’aime du Robin. »

Outre la gestion du dossier avec les assureurs, sa priorité du moment est de trouver un local qui pourrait permettre la poursuite du camp de jour estival. Privé de cuisine, le restaurant doit aussi fermer ses points de vente du marché Jean-Talon et du marché Baldwin pour l’instant.

Après plusieurs mois à ne pouvoir compter que sur les plats pour emporter et la livraison, ce sinistre est un autre coup dur pour le restaurant qui, malgré les subventions, a dû s’endetter pour passer à travers la pandémie. « Ça n’a pas de sens le timing. Mais, j’essaie de me dire que c’est pour nous permettre d’être plus forts, d’être meilleurs. C’est peut-être l’occasion de faire une mise à jour. »

L’équipe du Robin des Bois prévoit lancer bientôt une campagne de sociofinancement, non pas pour le restaurant, mais pour les locataires qui logeaient au-dessus et qui ont dû être déplacés. « Ils ont été d’un soutien et d’une bonté extraordinaire, raconte Judy Servay. Ils nous consolaient. Je n’en reviens pas. C’est épouvantable ce qui nous arrive, mais ça reste un lieu de travail, ce n’est pas comme perdre son logement. Et on est une gang à vivre ça ensemble. » Si vous cherchiez une preuve que la mission du Robin des Bois ne s’est pas éteinte avec cet incendie, la voici.