Les concerts de musique classique ne sont pas nécessairement accessibles aux enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). L’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) a donc décidé de venir les rencontrer dans leur classe. La Presse a assisté à cette journée particulière. Zoom sur le projet OSMose.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Avant le début de l’atelier, dans l’un des trois groupes TSA, la musicothérapeute Nathalie Leroux a montré un carton aux sept élèves présents. Elle y avait inscrit la date et collé une photo de la corniste Nadia Côté pour rappeler aux enfants la tenue de l’activité spéciale et leur permettre de mieux vivre ce moment. « Elle n’a pas les mêmes cheveux. Es-tu sûre que c’est elle ? » lui a demandé Joliana. Nathalie Leroux l’a rassurée : oui, la musicienne qui se tient devant elle est bien la même que celle sur la photo. Seule la coupe de cheveux diffère.

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Le petit Danny, sensible aux bruits, portait des coquilles sur ses oreilles. Ça ne l’a pas empêché de reconnaître la chanson-thème de Harry Potter lorsque Nadia Côté l’a jouée. Danny a aussitôt cessé de bouger. Puis, sourire aux lèvres, il s’est levé en agitant les bras. La corniste a joué l’air une seconde fois, pour lui faire plaisir. « C’est sa musique préférée », a confié l’éducatrice Marion Parage, à ses côtés.

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Les élèves des groupes TSA ont pu souffler dans une embouchure de cor (une embouchure différente par élève, bien sûr !). Le petit Emilio, autiste non verbal, s’est exécuté sans hésiter. « Avec la COVID, c’est plus distancé, mais quand on avait fait les percussions, ils pouvaient mettre la main sur la timbale, ressentir les vibrations, se souvient Mélanie Moura, responsable de la programmation jeunesse et médiation à l’OSM. Quand on a fait l’atelier avec Charles, à l’alto, on avait amené des petits violons. Il y avait un rapport organique. » Les élèves ont aussi fait de la danse-thérapie et suivront bientôt des ateliers d’art-thérapie.

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La genèse du projet OSMose remonte à 2018 quand la musicothérapeute Nathalie Leroux, qui travaille depuis plusieurs années avec des enfants autistes, a écrit à l’OSM. « En voyant l’impact positif de la musique sur eux, je trouvais dommage qu’il n’y avait rien de pensé pour les enfants avec qui je travaille. » L’OSM a répondu à son courriel… et à son appel. Le philanthrope et expert en vin Michel Phaneuf, qui souhaitait financer un projet de l’OSM ayant le potentiel de changer des vies, s’est joint à l’équipe en assurant le financement du projet.

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Les ateliers permettent non seulement aux enfants présentant un TSA de se familiariser avec l’orchestre, mais aussi à l’orchestre de se familiariser avec cette clientèle à besoins particuliers. Ce printemps, les élèves du projet devraient aller visiter la Maison symphonique pour se familiariser avec les lieux. Si la pandémie le permet, le projet OSMose culminera, en 2021-2022, par la tenue d’un concert spécialement construit pour les enfants à besoins particuliers et leurs familles. L’OSM veut aussi préparer des ressources pédagogiques pour ces familles.

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« L’objectif est d’ouvrir une porte, de rendre accessible le concert en salle, explique Mélanie Moura, de l’OSM [à gauche sur la photo]. Trop souvent, les familles avec des enfants TSA ou avec des enfants à besoins particuliers ne peuvent pas aller écouter un concert de manière sereine. Il y a toujours la peur, le stress de dire qu’ils ne vont pas rester longtemps, que ce n’est pas pour elles. »

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Vendredi, la corniste Nadia Côté a aussi présenté son atelier dans deux classes ordinaires de quatrième et de cinquième année. Si le contact était moins intime qu’avec les petits groupes TSA, l’accueil que les élèves neurotypiques ont réservé à Nadia Côté n’en était pas moins enthousiaste, surtout lorsque la musicienne leur a proposé un quiz sur des airs célèbres. « Peux-tu refaire la musique de Zelda ? Habituellement, j’aime plus le rap, mais ça, c’était trop cool ! », a lancé le jeune Myles.

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Nadia Côté avait reçu une formation avant de rencontrer les élèves des classes TSA. « C’est vraiment quelque chose de différent qu’on vit dans les deux sortes de classe, dit-elle. Avec les classes TSA, j’avais l’impression de découvrir autre chose et de connaître les élèves. Il y avait quelque chose d’intime, de magique. Et ce n’était jamais pareil d’une classe TSA à l’autre : c’était plus dans l’instant, dans l’instinct, dans le ressenti, et pour moi aussi. »