Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Dans le Centre-du-Québec, la petite municipalité de Saint-Norbert-d’Arthabaska abrite un des derniers moulins à farine artisanaux encore en activité dans la province. Le bâtiment construit en 1845 se situe sur un domaine de quatre hectares. La propriété historique est maintenant en vente.

De nombreux Québécois ont appris à faire du pain pendant la pandémie. Eric Lamontagne, lui, a appris à moudre du grain. Paysagiste de formation, il a acheté le moulin La Pierre, situé dans le village de son enfance, à Saint-Norbert-d’Arthabaska près de Victoriaville, en 2019.

« Il manquait d’amour. C’était laissé en décrépitude, se souvient-il. Le précédent propriétaire voulait prendre sa retraite. Ça faisait 20 ans qu’il exploitait le moulin. Mon offre est arrivée au bon moment. »

M. Lamontagne ne connaissait rien du travail de meunier, mais il était passionné de rénovation. L’achat du moulin était une façon de réunir ses passions, soit l’aménagement paysager, la rénovation et l’histoire. Car depuis la construction du moulin il y a 180 ans, les successions et les anecdotes se sont multipliées. Le meunier en connaît tous les détails, ou presque.

Deux moulins, une enseigne

Contrairement à ce que le nom de l’entreprise laisse croire, l’endroit ne comprend pas un, mais deux moulins.

Le premier est le plus ancien. Ses meules se trouvent dans le bâtiment original érigé sur une fondation de pierre. Il est alimenté par le débit de la rivière grâce à des turbines. Bien qu’il soit encore fonctionnel, il n’a pas été utilisé depuis huit ans.

« C’est impossible de l’utiliser toute l’année à cause du gel de la rivière, explique le meunier. La mouture du grain n’est pas non plus uniforme et plus humide. »

Un deuxième moulin alimenté à l’électricité a été construit il y a 40 ans dans le bâtiment adjacent. C’est celui-là que M. Lamontagne utilise tous les jours.

Il achète ses grains dans les fermes de la région et sa production de farine de blé, de sarrasin et d’épeautre est certifiée biologique.

« Ce n’est pas très compliqué de faire fonctionner un moulin, avance celui qui se décrit comme une personne débrouillarde. Il y a des connaissances techniques comme la qualité du grain, le taux d’humidité, mais la mécanique et le principe général, pour quelqu’un de manuel, c’est relativement simple. »

C’est simple, mais ce n’est pas assez rentable pour que la production de farine soit le seul revenu de l’entreprise. Par chance, le domaine possède d’autres atouts.

Possibilités infinies

La rivière Gosselin émet un son familier pour M. Lamontagne. À la veille de la retraite, il se rappelle être venu pêcher au pied du barrage lorsqu’il était adolescent. Après toutes ces décennies, l’endroit a conservé son charme, mais il a encore beaucoup de potentiel.

Sur le cours d’eau, un pont couvert de couleur rouge a été construit pour accéder à la partie la plus sauvage du domaine. M. Lamontagne a mis plusieurs années à nettoyer la forêt pour y aménager un parc. Des membres de sa famille sont d’ailleurs venus y célébrer leur mariage.

L’organisation d’évènements est l’une des nombreuses avenues que le propriétaire aurait pu envisager pour faire croître les revenus de son entreprise.

J’avais pensé convertir un petit bâtiment en appartement pour la location de courte durée. J’ai aussi aménagé une plateforme dans le but de créer un marché public avec les producteurs du coin. Il y a de la place pour beaucoup de projets, mais pour ça, il faut du temps et des bras.

Eric Lamontagne, propriétaire

La réparation des bâtiments et le travail de meunier ont occupé M. Lamontagne à temps plein au cours des dernières années, si bien qu’il n’a pas été en mesure de développer d’autres activités commerciales.

La maison unifamiliale, située à côté du moulin, possède l’équipement nécessaire pour produire du pain. Il y a même une boutique pour accueillir les visiteurs. Le meunier n’a cependant jamais voulu devenir boulanger comme le propriétaire précédent.

Il a plutôt voulu apprendre le métier de meunier pour que les techniques ne soient pas oubliées.

« Il n’y a plus beaucoup de moulins artisanaux au Québec, constate-t-il. Sur les 10 moulins à farine traditionnels, il n’y en a plus que quelques-uns qui fonctionnent toute l’année. »

Après un retour dans le village de son enfance, Eric Lamontagne souhaite maintenant retourner près de ses enfants en Estrie. Il rêve d’une « vraie » retraite avec sa conjointe. Mais avant de partir, il espère léguer ses connaissances aux futurs acheteurs afin que le meunier ne s’endorme pas pour toujours.

Consultez la fiche de la propriété

La propriété en bref

Prix demandé : 1 675 000 $

Évaluation municipale : 366 500 $

Année de construction : 1845

Description : Fermette comprenant un moulin artisanal, une maison avec trois chambres à coucher, une boutique avec son entrée indépendante, une boulangerie commerciale avec tous les équipements au sous-sol, ainsi qu’un appartement de trois pièces et demie au rez-de-jardin avec une entrée privée. Sur le terrain, on trouve notamment un garage double, un atelier, une grange, un barrage hydraulique et un pont couvert.

Superficie du bâtiment principal : 160,63 m²

Superficie du terrain : 38 739,7 m⁠2 

Impôt foncier : 3229,91 $

Taxe scolaire : 321,25 $