À la voir arpenter les troncs d’arbres, la sittelle à poitrine blanche donne l’impression de se prendre pour un pic, un pic minuscule d’une douzaine de centimètres. Se promenant souvent de haut en bas, elle examine chaque crevasse, décortique l’écorce avec fébrilité, la tête à l’envers, à plus forte raison quand elle explore minutieusement le dessous des grosses branches en quête de bestioles appétissantes.

Plus encore, elle coince chaque graine dans une anfractuosité pour la décortiquer de son bec pointu afin d’en extraire le cœur. Puis, toujours avec la même agitation, elle passe à un autre arbre. Singulier comportement.

Contrairement à une grande partie de la faune ailée, elle se fait aussi entendre toute l’année, même quand elle est à la recherche de nourriture, mais devient plus discrète durant la période de reproduction, prudence exige. D’ailleurs, le mot discret lui va plutôt bien.

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Mâles et femelles ont le même plumage chez la sittelle à poitrine blanche et leurs comportements sont presque identiques.

Unies pour la vie

La sittelle à poitrine blanche fait partie de ce petit groupe d’oiseaux qui sont en expansion au Québec. Au cours des récentes décennies, ses effectifs, tous concentrés dans le sud de la province, auraient augmenté de 50 %, nous apprend le dernier Atlas des oiseaux nicheurs du Québec. C’est le cas notamment dans la grande région métropolitaine, où elle serait particulièrement abondante. Aussi ne faut-il pas se surprendre de la voir s’alimenter à nos mangeoires au cours de l’hiver en compagnie des mésanges à tête noire, des chardonnerets jaunes, des juncos ardoisés et autres emplumés qui partagent la saison froide avec nous. Si ses allers-retours sont nombreux, elle ne s’attarde jamais longtemps à table. Aussitôt vue, aussitôt disparue.

Répandue dans le sud du Canada, aux États-Unis et dans une grande partie du Mexique, la sittelle à poitrine blanche affectionne les forêts et boisés mixtes et ouverts, un milieu qui correspond souvent à nos banlieues.

Absente de la forêt boréale, occupée par sa cousine la sittelle à poitrine rousse, elle veille jalousement sur son territoire.

La sittelle à poitrine blanche n’est pas grégaire. Sa vie de couple est bien rangée. Monogame, le couple reste uni la vie durant, une existence qui ne perdure toutefois jamais bien longtemps chez ces oiseaux de petite taille, même si on compte un record de longévité de presque 10 ans.

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Le nid de la sittelle à poitrine blanche est habituellement creusé dans l’anfractuosité d’un arbre ou installé dans un vieux trou de pic.

Faire chambre à part

Chaque année au temps de la reproduction, le mâle apporte de la nourriture pour courtiser une fois de plus sa belle qui verra aux préparatifs du nid. Elle couvera seule, mais monsieur lui servira régulièrement les repas durant cette période, parfois six ou sept services à l’heure. Après l’éclosion, il se mettra à nourrir avec madame les six ou sept petits que comptera la progéniture. La corvée souvent éreintante se poursuivra habituellement une bonne quinzaine après le départ de la marmaille du nid.

Aussi uni soit-il, le couple fait chambre à part. L’hiver, chacun trouve refuge dans des cavités distinctes d’un gros arbre pour se protéger du froid. Situé près du territoire d’alimentation hivernal, l’abri du mâle, parfois un trou de pic, servira éventuellement de futur nid.

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La sittelle à poitrine blanche fréquente assidûment nos mangeoires l’hiver. Elle apprécie le suif, mais aussi le maïs et les graines de tournesol, qu’elle s’empresse souvent de stocker dans des caches.

Dans votre nichoir

Le régime alimentaire estival de la sittelle est constitué d’insectes sous diverses formes ; l’hiver, fruits secs ou graines font office de menu. Aux mangeoires, elle apprécie le suif et surtout des graines de tournesol, qu’elle s’empresse souvent de cacher dans diverses anfractuosités. Chaque cache ne sert qu’à une seule occasion et compte un seul plat végétal ou animal. Le petit trésor est d’ailleurs méticuleusement recouvert de copeaux de bois, de lichen de mousse ou même de neige pour éviter les voleurs.

Comme c’est le cas de la plupart des oiseaux, la vie de la sittelle à poitrine blanche n’est pas de tout repos. Si la prédation reste un domaine peu étudié chez cette espèce, on sait que les écureuils et probablement plusieurs rapaces dont l’épervier de Cooper, très actif près des mangeoires, l’inscrivent à leur menu de temps à autre. Par ailleurs, en dépit de son comportement furtif, la sittelle peut même venir manger dans votre main si vous faites preuve de patience. Mieux encore, si vous lui offrez un nichoir, elle y élèvera peut-être sa famille comme cela se produit chez moi depuis les deux dernières années.

Écoutez le chant et le cri de la sittelle à poitrine blanche