Les jardiniers l’attendaient avec impatience : c’est le retour du mois de mars, et qui dit mois de mars dit… démarrage des semis ! Petites pousses de printemps dans l’hiver qui s’étire, les semis sont une grande source de bonheur pour ceux qui les aiment. Discussion avec quatre d’entre eux, qui nous font connaître leurs trucs et coups de cœur.

Stéphanie Dubé

PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANIE DUBÉ

Stéphanie Dubé dans sa chambre des semis

  • La Pocatière
  • Fondatrice de la chaîne YouTube Le potager de la petite Dubé
  • Technicienne en travaux pratiques à l’école secondaire

Son semis préféré : le gingembre, qu’on cultive à partir d’un rhizome biologique. « Quand on le récolte, ça n’a rien à voir avec le gingembre en épicerie : c’est juteux, c’est goûteux… Je trippe ben raide ! »

Une astuce pour réussir ses semis : être patient (ou ne pas vouloir aller plus vite que la nature). « Ça sert à rien de vouloir semer trop tôt, de semer trop serré, de donner trop d’engrais. »

Stéphanie Dubé habite au cœur d’un village de la MRC de Kamouraska. Sa cour n’est ni grande ni petite, et pourtant, au cœur de l’été, son jardin fournit tous les légumes dont ses deux enfants, son conjoint et elle-même ont besoin. Ses trucs ? Semer un peu plus serré, mais pas trop, et exploiter les surfaces verticales. Dans sa cour, les légumes grimpants escaladent joyeusement des filets, des grillages et des cordes. Stéphanie a aussi installé une serre non chauffée pour plaire aux légumes qui aiment la chaleur et ainsi prolonger la saison.

Le jardin de Stéphanie
  • La cour de Stéphanie Dubé

    PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANIE DUBÉ

    La cour de Stéphanie Dubé

  • Avec ses potagers, elle nourrit toute sa famille.

    PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANIE DUBÉ

    Avec ses potagers, elle nourrit toute sa famille.

  • Les jardins, luxuriants en été

    PHOTO FOURNIE PAR STÉPHANIE DUBÉ

    Les jardins, luxuriants en été

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Chez Stéphanie, une pièce est consacrée aux semis et porte un nom de circonstance : la chambre des semis. « En jardinerie, le choix est limité, mais chez les artisans semenciers québécois, on trouve énormément de variétés : des tomates bleues, des tomates cerises orange, rouges et vertes, des vertes striées rouges… », remarque-t-elle. On peut également choisir des variétés adaptées à sa réalité climatique et contrôler les étapes de croissance. « Ça permet aussi d’honorer et de perpétuer les connaissances de ceux qui nous nourrissent et de ceux qui nous ont précédés, ajoute Stéphanie. Et le point majeur, c’est que ça amène le printemps dans la maison bien plus tôt ! »

Martin Lejardinier*

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Martin Lejardinier

  • Montréal
  • Créateur de la chaîne YouTube Martin Lejardinier et du groupe Facebook Passion Jardinage – culture d’intérieur et extérieur
  • Employé fédéral

Son semis préféré : la tomate Red Robin, « tendre, juteuse et bien équilibrée ». Il a adapté sa propre lignée de Red Robin en sélectionnant les plants trapus et productifs – parfaits pour la culture intérieure.

Une astuce pour réussir ses semis : s’assurer d’avoir un terreau assez humide et ne pas semer trop profondément. « Un truc, c’est d’enterrer la semence à la profondeur de la grosseur de la semence. »

Martin a fait son premier jardin il y a 18 ans, et l’envie de faire des semis l’a pris l’année suivante, lorsqu’il a constaté, au printemps, que des graines avaient naturellement germé dans le jardin. Ça lui a donné le goût d’en faire pousser d’autres, puis d’autres encore, et ainsi de suite. Il produit aujourd’hui 400 semis par année dans son demi-sous-sol de l’est de Montréal.

La culture intérieure de Martin
  • Tomates Red Robin

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Tomates Red Robin

  • Poivrons

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    Poivrons

  • Laitue et tomates

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    Laitue et tomates

  • Oignons verts et thym

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    Oignons verts et thym

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L’été, Martin entretient un petit jardin dans la cour de son immeuble. Et l’hiver, il cultive en pots. La culture d’intérieur, c’est sa spécialité (sa lignée de Red Robin est d’ailleurs en vente aux Jardins de l’écoumène). Éclairés par des lumières DEL, des tomates, concombres, piments, poivrons, laitues, carottes, radis, oignons verts et fines herbes poussent dans son appartement, dans une pièce qui leur est consacrée et dans la cuisine. Un déshumidificateur permet de garder un taux d’humidité normal dans l’appartement.

« Lorsqu’on fait ses propres semis, on peut sélectionner des variétés qui sont là vraiment pour les papilles gustatives, et non pour leurs avantages en matière d’entreposage et de transport, souligne Martin. Et faire des semis, c’est aussi être en contact en tout temps avec de la lumière à spectre complet et de la verdure. On a l’impression d’être en été toute l’année. »

* Depuis un vol d’identité, Martin préfère taire son nom de famille dans les médias et utilise le pseudonyme Lejardinier.

Patrick Masse

PHOTO FOURNIE PAR PATRICK MASSE

Patrick Masse dans sa serre

  • Saint-Stanislas-de-Kostka
  • Créateur de la chaîne YouTube La ferme maraîchère de Patou
  • Ex-technicien en génie mécanique devenu maraîcher

Son semis préféré : les tomates en général, la Brandywine en particulier. « C’est une tomate sucrée, goûteuse et de bon format : quand on coupe une tranche, ça fait le pain au complet. »

Une astuce pour réussir ses semis : bien choisir son terreau. « On peut avoir les meilleures semences au monde, mais si le terreau n’a pas un bon drainage et une bonne rétention d’eau, on n’ira pas loin. »

Les installations de Patou
  • La ferme maraîchère de Patou vue des airs

    PHOTO FOURNIE PAR PATRICK MASSE

    La ferme maraîchère de Patou vue des airs

  • Des semis intérieurs à profusion !

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    Des semis intérieurs à profusion !

  • Une chambre d’enfant a été convertie en pièce pour semis.

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    Une chambre d’enfant a été convertie en pièce pour semis.

  • Patrick Masse a fabriqué une serre à partir d’un abri de type Tempo.

    PHOTO FOURNIE PAR PATRICK MASSE

    Patrick Masse a fabriqué une serre à partir d’un abri de type Tempo.

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Patrick Masse est un jardinier de longue date qui a décidé, dans la foulée de la pandémie, de changer de carrière pour vivre de sa passion. Il entreprend cette année sa troisième saison comme maraîcher. Il pratique une agriculture biologique. « J’ai commencé avec un jardin clôturé de 50 pieds sur 50 pieds et chaque année, j’ai agrandi d’une parcelle », explique-t-il. Depuis que Patrick s’est lancé dans les affaires, son voisin – un généreux agriculteur – lui prête une partie de sa terre en échange de bons paniers de légumes.

Il faut en faire, des semis, pour vivre de la culture maraîchère. Et Patrick Masse en fait ! Il s’est fabriqué une serre à partir d’un abri de type Tempo et chez lui, il a converti une chambre d’enfant en pièce pour les semis. À l’intérieur, il cultive des fines herbes et de la laitue à longueur d’année.

« Quand la neige disparaît, la vie revient. La verdure, les arbres, les fleurs, les plantes potagères. C’est ça qui vient vraiment me chercher, confie-t-il. On met un semis en terre, on lui donne un peu d’amour, un peu d’eau, un peu de soleil, un peu de chaleur, et ça donne des plants avec lesquels on est capable de se nourrir. Il y a quelque chose de magique dans la force de la nature. »

Esther Bourgault

PHOTO FOURNIE PAR ESTHER BOURGAULT

Esther Bourgault

  • Lévis
  • Maman six fois et grand-maman huit fois
  • Professeure de piano et passionnée de courtepointes

Son semis préféré : la laitue, qu’elle sème à plusieurs reprises entre mars et juillet. Son coup de cœur ? La laitue « Grosse blonde paresseuse », pour son généreux tour de taille.

Une astuce pour réussir ses semis : commencer petit, prendre des notes, s’informer beaucoup et partout. « Et ne semez pas trop de bonne heure : les gros plans, c’est beaucoup plus difficile à acclimater. »

Le jardin d’Esther
  • Le jardin d’Esther

    PHOTO FOURNIE PAR ESTHER BOURGAULT

    Le jardin d’Esther

  • Au printemps, le jardin d’Esther est prêt à recevoir les semis.

    PHOTO FOURNIE PAR ESTHER BOURGAULT

    Au printemps, le jardin d’Esther est prêt à recevoir les semis.

  • Les laitues, Esther en plante à plusieurs reprises durant la belle saison.

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    Les laitues, Esther en plante à plusieurs reprises durant la belle saison.

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« On a accès à tellement de variétés aujourd’hui. La laitue, ce n’est pas juste la frisée verte ou rouge : il y a 50, 60 variétés ! Les tomates, c’est un monde en soi. Les haricots surtout, les secs, les grimpants, les pas grimpants… Je cultive beaucoup de légumineuses pour faire des réserves pendant l’hiver », précise Esther, avant de s’interrompre brusquement. « Attendez, dit-elle, j’ai une marmite sur la cuisinière, je vais aller fermer le feu. Ce sont justement des légumineuses que j’ai fait tremper hier. »

Esther parle de jardinage avec passion, une passion qui l’habite depuis près de 45 ans. Elle a commencé à faire son jardin à la fin des années 1970, entre autres pour nourrir sainement sa famille. « Au début, c’était avec les petits catalogues de WH Perron et on prenait ce que nos parents connaissaient », se souvient Esther, éblouie par le monde de possibilités qui s’ouvre aujourd’hui aux jardiniers amateurs.

Qu’est-ce qui lui plaît dans les semis ? « Mener le bonheur du début jusqu’à la fin », répond-elle, heureuse à l’idée que ses petites pousses fleurissent aussi chez ses proches.