Ils ont choisi le Vieux-Boucherville pour l'esprit de village. Pour l'accès au fleuve et la proximité de la grande ville. Faut-il préciser l'amour qu'ils ont pour leur maison ancestrale? Ce genre d'amour qui fait réparer les fondations et bichonner la moindre moulure... Incursion dans huit nids douillets, au parfum du XIXe siècle.

> La seconde partie de ce reportage sera mise en ligne à 14h00.

Le premier jumelé

Date de construction: entre 1888 et 1893

Date d'achat de la maison: 1982

La maison où habitent Suzanne et Michel est sans doute le premier jumelé du village, d'après la Société du patrimoine de Boucherville.

Et 32 ans après en avoir fait l'acquisition, Suzanne l'apprécie encore tous les jours. «À l'époque, elle était moins chère que les autres et mille fois plus jolie!», lance-t-elle.

Suzanne y vit maintenant avec son compagnon, chercheur à la semi-retraite.

Elle-même musicienne professionnelle (orgue et ondes Martenot), elle se réjouit que la maison ait été habitée par Lionel Daunais, pionnier de la scène lyrique du Québec.

Pour cette fervente du patrimoine, c'est une joie de regarder à travers les vitres de verre étiré, qui transforment un peu le paysage.

Elle y suspend quelques bijoux en guise de rideau, et les habille aussi de dentelle provenant d'une ancienne nappe d'autel.

Simplicité et noblesse

«La construction est simple, mais tellement bien faite, sans médiocrité, soutient-elle. Il en ressort une sorte de noblesse. Ce n'étaient pas des bourgeois qui vivaient ici, mais des gens simples qui avaient de la finesse.»

La maison est juste en face du «jardin du curé», devenu jardin communautaire, et le couple ne se prive pas d'y cultiver ses légumes.

Délice suprême, plusieurs fois par été, Suzanne et Michel roulent leur canot jusqu'au fleuve et partent explorer les canaux des îles de Boucherville. Ces îles où on cultive toujours le maïs, comme dans le temps de Pierre Boucher et des Amérindiens.

Photo Alain Roberge, La Presse

La maison où habitent Suzanne et Michel est sans doute le premier jumelé du village, d'après la Société du patrimoine de Boucherville.

La maison bleue

Date de construction: environ 1900

Date d'acquisition: 2003

Martine Forest habite le Vieux-Boucherville depuis 1976. Elle y apprécie hautement l'esprit de village, semblable à celui dans lequel elle a grandi. Lorsque Gilles Rivet et elle ont eu comme projet de vivre ensemble, l'homme a décidé de quitter Montréal pour l'y rejoindre. En tant que travailleur autonome, il saurait bien éviter les bouchons de circulation. Il ne restait qu'à trouver la maison idéale!

«Nous avons déposé une lettre disant notre intérêt à une vingtaine de portes du vieux village, relate-t-il, dont celle de la maison bleue. Le jour même où elle a été mise en vente, l'offre d'achat était signée. Nous la voulions vraiment. C'est une maison toute simple, mais avec beaucoup de charme.»

D'après les bribes d'histoire que les Forest-Rivet ont glanées ici et là, leur maison jouxtait autrefois le château d'eau de Boucherville et abritait le gardien de ce réservoir.

Pas trop décourageantes, les rénovations majeures que l'état de la maison exigeait? «J'aime les rénos, répond Martine Forest. Mon père était menuisier et mes frères sont très bricoleurs. Depuis que je suis petite, je pense décoration.»

En témoignent 1000 détails charmants dans la maison, comme la chaîne audio astucieusement encastrée dans l'épaisseur du mur ou la guirlande de sphères lumineuses qui tient lieu de veilleuse.

Un décor chaleureux, à n'en pas douter, pour les fêtes de famille!

Photo André Pichette, La Presse

Martine Forest habite le Vieux-Boucherville depuis 1976. Elle y apprécie hautement l'esprit de village, semblable à celui dans lequel elle a grandi. Lorsque Gilles Rivet et elle ont eu comme projet de vivre ensemble, l'homme a décidé de quitter Montréal pour l'y rejoindre.

La petite maison verte

Date de construction: 1900

Date d'acquisition: 2010

Pour tout le monde dans le Vieux-Boucherville, c'est «la petite maison verte au bord de la voie ferrée». Pour Gilles Blanchard, propriétaire, c'est le projet d'une vie: rénover «de A à Z» une maison ancestrale.

L'habitation se trouve à deux pas de celle de Marc-André, ami d'enfance. «On l'entreprend?», ont fait les deux complices, lorsqu'elle a été mise en vente.

Ainsi a commencé l'aventure, riche en journées de 16 ou 20 heures, puisque les deux camarades travaillent aussi à temps plein, et riche aussi en fous rires interminables. Le père de Gilles, Robert, 72 ans, s'occupait souvent, le soir, à nettoyer les lieux pour le lendemain.

On arrache tout

Le carré de maison, de 26 pieds sur 26, comprenait 5 pièces, au rez-de-chaussée. «J'ai posé une poutre en longueur pour supporter l'étage, relate Gilles, puis j'ai tout arraché: murs, planchers, électricité, plomberie...»

L'amour de Gilles pour le bois se voit partout: le bois recouvre murs, plafonds et planchers.

Fait intéressant, les vieilles poutres du haut portent des «chemins de clé» qui ne servent plus à rien, signe qu'elles ont été récupérées d'un bâtiment antérieur à la maison.

Pour son fils Charles-Antoine, 9 ans, Gilles a construit une chambre avec mezzanine, un refuge au plancher coloré, dans lequel il compte installer une télévision.

Satisfait, le propriétaire? «J'ai un grand sentiment d'accomplissement, confie-t-il. Et je suis content de retrouver enfin un peu plus de temps libre!»

Photo Olivier Jean, La Presse

Pour tout le monde dans le Vieux-Boucherville, c'est «la petite maison verte au bord de la voie ferrée». Pour Gilles Blanchard, propriétaire, c'est le projet d'une vie: rénover «de A à Z» une maison ancestrale.

La maison du barbier

Date de construction : environ 1904

Date d'acquisition : 2009

Avec sa façade simple et son volume carré, la maison de Marie-Christine Talbot a un style Boomtown à l'extérieur, donc simple et carré. Jusqu'à récemment, elle arborait la classique chandelle tricolore du barbier du village, qui y tenait salon entre 1970 et 1990.

« On me l'a volée, déplore la propriétaire, peu avant que je m'installe dans la maison. Sinon, je l'aurais gardée. »

Dans cette habitation en pièce sur pièce, Mme Talbot a réalisé des rénovations majeures, de janvier à avril 2010, moment où elle a emménagé.

« Je partais de Saint-Antoine-sur-Richelieu, où j'avais également rénové une vieille maison, relate-t-elle. Je voulais me rapprocher de la ville, avoir une ambiance de village et vivre près de l'eau, avec ma fille. » Cette dernière est maintenant adulte et elle a quitté le nid.

Marie-Christine Talbot aime rénover et personnaliser sa maison. « Ici, ç'a été mon plus gros chantier, affirme-t-elle. J'ai engagé 23 corps de métier ! C'est un peu un mélange de mes deux dernières maisons ancestrales. »

Comme la maison est très simple à l'extérieur, la proprio n'a pas lésiné sur les détails à l'intérieur, comme une quincaillerie de qualité et des moulures hautes et épaisses.

Elle aime prendre l'apéro dans le parc sur le bord de l'eau et pratiquer, à deux pas de sa porte, le kayak l'été et le ski de fond l'hiver. Sans oublier les longues marches dans les îles de Boucherville...

Photo Martin Chamberland, La Presse

Avec sa façade simple et son volume carré, la maison de Marie-Christine Talbot a un style Boomtown à l'extérieur, donc simple et carré. Jusqu'à récemment, elle arborait la classique chandelle tricolore du barbier du village, qui y tenait salon entre 1970 et 1990.