Certaines sont revêtues de bois. D'autres de briques rouge vif ou de pierres des champs. Tantôt elles nous émerveillent avec leurs jolies corniches et leurs séduisantes alcôves. Tantôt on jette un regard vers leurs ornements victoriens. Et parfois, ce sont leurs toits en forte pente qui captent notre attention. Symboles d'une riche histoire, les maisons ancestrales pullulent dans les Cantons-de-l'Est. Nous vous proposons durant la saison estivale de visiter quelques-uns de ces chefs-d'oeuvre architecturaux.

Pour les nombreux petits-enfants de Béatrice Kowaliczko et Brian Young, leur grande demeure du 29, rue Maple est tout simplement «la maison blanche au Canada». Dispersés aux quatre coins de la planète, ceux-ci retrouvent chaque fois avec bonheur la maison de campagne de leurs grands- parents. «C'est vraiment notre ancrage, notre maison de famille, d'histoires et d'amour. Ici, on s'est donné des racines», illustre Mme Kowaliczko en parlant de sa belle victorienne de Stanbridge East.

Quand on franchit la porte de la résidence construite en 1877, on a l'impression que le temps s'est figé. Partout, des meubles et des objets d'époque ramènent au passé. Certains datant même de la fin du 19e siècle... Comme cette tête de lit de style Lambkin, fabriquée dans le petit village de Riceburg, non loin de là.

Il faut dire que depuis qu'ils ont acquis la maison, en 1985, le décor a bien peu changé. Et que celui-ci datait déjà de l'époque où elle était occupée par Brenda Wilson Heney, l'une des nièces célibataires des premiers propriétaires, James Scagel et Helen Stanton. «Les gens du village l'associent encore à Mme Heney. Cette dame était une vraie personnalité locale!»

Les années 50 sont donc à l'honneur partout dans la décoration, avec leur lot de papier peint fleuri, de chinoiseries et d'objets hétéroclites. «Ce sont des quétaineries, c'est kitsh, mais je les aime, car elles ont une histoire!, lance Mme Kowaliczko avec son charmant accent européen. On ne les touche pas. On a conservé beaucoup de choses par respect pour ces années-là.»

Historien un jour...

Cet amour du passé et le choix de cette maison ont sûrement quelque chose à voir avec le fait que Brian Young est un historien et auteur renommé, qui fut professeur à l'université McGill durant des années, passionné par l'histoire du Québec du 19e siècle.

Avec son grand terrain, sa dizaine de pièces, ses fenêtres en baie, ses planchers d'origine et sa grange des années 1870, la résidence centenaire a séduit le couple... surtout monsieur qui, toute sa vie, a eu besoin d'un endroit pour s'évader de la grande ville. «J'ai adoré le style de cette maison, son rapport avec la Nouvelle-Angleterre et l'ambiance du village», se rappelle M. Young, en coupant d'énormes courgettes fraîchement cueillies de son potager.

«Moi, en la voyant, j'ai dit à Brian ce n'est pas une maison, c'est un mammouth! , mais ça n'a pas compté, raconte sa conjointe en riant. Pour Brian, cette maison, c'est vital. Le jardinier et l'écrivain en lui s'épanouissent ici. Moi, je bricole, je marche et je m'intéresse beaucoup à l'histoire locale», renchérit cette ancienne professeure de lettres qui a longtemps été administratrice à l'université McGill. En jasant, elle feuillette d'anciens bouquins où le village de Stanbridge East est à l'honneur.

Une vieille photographie de la maison l'a d'ailleurs inspirée pour remettre à son état original la fenêtre gothique qui ornait la façade au moment de la construction. La longue clôture de bois blanc est, elle aussi, fidèle au modèle typique du 19e siècle qu'on retrouve un peu partout dans le village de Stanbridge East. Près de la grange, on retrouve même une grille en fer forgé, vestige de celle qui cernait l'hôpital Royal Victoria de Montréal à la fin des années 1800.

Dans l'une des pièces de la maison, Mme Kowaliczko a également ajouté un ancien manteau de cheminée déniché avec étonnement dans les poubelles du Manoir Salaberry de Chambly!

Trésor de famille

Même si le couple a parcouru mers et monde et qu'il conserve un pied-à-terre à Montréal, le 29 Maple n'a pas de prix à ses yeux. Maintenant qu'ils sont tous deux retraités, ils la fréquentent encore plus. «Chaque fois qu'on revient ici, on se dit qu'il n'y a pas de plus bel endroit au monde», confient-ils.

Et ils font le voeu que leur demeure restera dans la famille. «On a quatre fils et neuf petits-enfants. Je ne doute pas que l'un d'eux voudra la garder...», espère Béatrice Kowaliczko.