L'architecte japonaise Kazuyo Sejima, co-lauréate du prestigieux prix Pritzker 2010, rêve de se voir proposer la conception d'un établissement scolaire.

«J'aimerais bien concevoir des bâtiments destinés aux enfants, par exemple une école primaire ou un collège. Je n'ai pas eu cette chance jusqu'à présent», a-t-elle confié mardi à l'AFP après avoir été décorée par l'ambassadeur de France, Philippe Faure, des insignes d'Officier de l'Ordre des Arts et des Lettres.

«Les enfants sont différents des adultes, ce sont des êtres en devenir qui ont une perception plus immédiate, plus directe», a-t-elle souligné.

Elle voudrait faire ressentir aux plus jeunes, à travers la structure d'un bâtiment, la pluralité des formes, reflet de la diversité des idées et des opinions.

«Dans les écoles japonaises se produisent des faits divers qui entraînent la mise en place de systèmes de sécurité, ce qui, de mon point de vue, n'est pas une bonne chose. Si les établissements scolaires ne fonctionnent pas bien, c'est peut-être qu'ils sont de plus en plus isolés du reste de la société. Bien sûr l'architecture ne peut pas seule résoudre ce problème, mais je pense qu'elle peut y contribuer», a-t-elle poursuivi.

Selon Mme Sejima, l'architecture des bâtiments a une influence sur la façon de penser des personnes, particulièrement les enfants, encore plus sensibles que les adultes.

«Les relations entre les personnes qui se nouent au sein d'un lieu de vie varient selon la structure, l'architecture», a-t-elle souligné.

Kazuyo Sejima et son associé au sein du cabinet Sanaa, Ryue Nishizawa, ont reçu le mois dernier le prix Pritzker, connu comme «le Nobel de l'architecture».

Ils sont impliqués dans divers projets en France, dont l'annexe du Musée du Louvre à Lens (nord), et la transformation de la Samaritaine à Paris en complexe de logements, magasins, hôtel et crèche.

«C'est un travail d'une nature totalement nouvelle pour moi, un très important défi», a-t-elle reconnu.

«Mme Sejima est de ces artistes qui, par la conception et la scénographie, mettent en valeur les lieux et leurs fonctions, grâce à une présence architecturale qui sait se faire oublier tout en étant remarquable», rappelle Hélène Kelmachter, attachée de coopération artistique de l'ambassade de France au Japon.