Les architectes Lisa-Marie Fortin, 30 ans, et Louis Thellend, 31 ans, ont d'abord espéré trouver un terrain pour concevoir et construire une maison à leur goût, dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, à Montréal. Il faut dire que pour tout jeune architecte, l'élaboration d'une maison constitue un lieu d'expérimentation idéal. Une fois terminée, sa propriété devient une des meilleures cartes de visite qui soit. «De fait, cela nous permet de matérialiser spatialement nos idées», résume Louis Thellend.

Faute de terrain, une denrée rare en milieu urbain, le couple a alors changé ses plans. Il est plutôt parti à la recherche d'une maisonnette vétuste qu'il pourrait rénover, dans son arrondissement préféré.

 

«Le Plateau constitue un choix de vie, expliquent-ils. Nous n'avons pas de voiture, nous préférons nous déplacer à vélo, aimons la vie de quartier et n'avions aucunement envie de nous établir en banlieue. Il faut dire que pendant nos études en architecture, on nous a rappelé sans cesse que l'étalement urbain avait des conséquences néfastes», avouent Lisa-Marie Fortin, originaire de Repentigny, et Louis Thellend, qui a grandi à Saint-Augustin-de-Desmaures.

Comment trouver une maison délabrée

Les architectes ont d'abord identifié une ancienne maison d'un étage qui semblait abandonnée et qui avait l'avantage d'avoir une cour baignée de soleil. «Dans les environs, les adresses au nombre pair des rues nord-sud sont généralement synonymes de cours arrière ensoleillées», précise Louis Thellend. Grâce au rôle foncier, ils ont ensuite pu obtenir le nom du propriétaire de la maisonnette vacante. Mais ce registre ne comportait pas son adresse de résidence.

«Grâce à l'annuaire sur l'internet, j'ai contacté 60 personnes dont le nom correspondait à celui du propriétaire. Malheureusement, je ne suis jamais tombé dessus! Ce sont des voisins qui nous ont orientés pour trouver où vivait le propriétaire, raconte Lisa-Marie Fortin. Nous lui avons ensuite écrit une lettre en lui confiant que nous étions un jeune couple désirant fonder une famille à Montréal. Surprise, il nous a répondu! Mieux, il nous a vendu la maison, qui appartenait à ses parents, décédés depuis environ 10 ans, à un prix raisonnable.»

Grâce à la vente de leur appartement en copropriété, dans le Vieux-Montréal, et à un coup de pouce familial, les architectes ont acheté la maisonnette en juin 2008. Ils ont ensuite obtenu un permis de transformation, afin de réaliser un cottage.

Pour l'instant, le bureau des jeunes professionnels loge dans la «troisième chambre» de l'habitation. Plus tard, un appentis, qui servira de bureau, sera aménagé sur le toit, configuré pour être végétalisé.

Enfin, le couple a réussi à bâtir son cottage moyennant un coût de construction d'environ 225$, le pied carré, incluant le sous-sol, mais excluant le système géothermique et les frais d'architecte (bien sûr). Ils ont également géré le chantier de construction, sauf pendant la réalisation des fondations et de l'ossature de l'édifice.

www.thellendfortin.com

Place à la lumière!

Puits de lumière qui illumine la cage d'escalier, façade arrière largement vitrée, exposée au sud-ouest, escalier aérien, espaces décloisonnés et ouvertures judicieusement placées... Chaque décision d'aménagement dans cette habitation urbaine a été pensée pour rehausser la fluidité de la circulation de la lumière et des occupants. Ainsi, un (bon) vieux principe d'effet d'agrandissement a été appliqué : les petits espaces paraissent plus grands lorsque rien n'arrête le regard.