Deux architectes, Charles Louis Laperrière et Patrick Morand, ont conçu et construit un chalet au revêtement extérieur et à la toiture en bois massif, à Saint-Donat. Aucune protection ni produit de finition n'a été posé sur les planches de cèdre blanc de l'est du Canada. Pourquoi ? Parce que le propriétaire, Benoit Morand, le frère de l'un des deux concepteurs, souhaitait que sa propriété s'intègre parfaitement à l'environnement. Soumis aux intempéries, le bois nu du parement affiche maintenant une jolie teinte gris argenté. Cette patine, semblable à la couleur de l'écorce des arbres à proximité, rappelle celle des granges et des cabanes à sucre traditionnelles.

Dès le départ, les architectes et le propriétaire du terrain étaient d'accord sur le choix du revêtement extérieur: des planches de bois massif bouvetées, sans protection ni enduit de finition. Une décision rarissime dans le milieu de la construction résidentielle au Québec. Était-ce une façon de se distinguer ou une décision purement écologique? 

«C'était un geste à la fois inusité et écologique, car tout le cèdre provient d'une scierie locale», répond l'architecte Patrick Morand qui, avec Charles Louis Laperrière, a dessiné et construit le chalet de son frère Benoit.

Couverte de cèdre blanc de l'est du Canada, cette maison de campagne un lieu de rencontre familial possède une superficie de 1400 pieds carrés répartis sur deux niveaux. À noter: le toit est aussi en planches de cèdre et, surtout, il est dépourvu de débord. Raison? La pureté formelle de la construction à pignon est ainsi amplifiée. «Nous voulions donner une impression de bloc de bois sculpté», précise Patrick Morand, 36 ans, architecte à l'agence ACDF*.

Toutefois, cette absence de débord a un inconvénient: le cèdre n'est aucunement protégé contre les rayons UV et la pluie. Seul un solin d'aluminium a été installé sur le pourtour de la toiture. Pourquoi ne pas avoir posé une gouttière? «Nous voulions réduire les détails au maximum afin d'éviter d'altérer la lecture du volume», justifie Charles Louis Laperrière, 33 ans, d'Ubiq habitat. Ainsi, l'eau de surface s'écoule le long des murs. Et le grisonnement du bois sous l'effet du soleil? Pas question de le contrôler! De fait, la volonté des architectes était justement de réaliser un volume de bois dont l'apparence se modifie au gré du temps et du climat.

Photo: Robert Mailloux, La Presse

L'architecte Charles Louis Laperrière, 33 ans, d'Ubiq habitat, est l'un des deux concepteurs de ce chalet couvert de planches de cèdre blanc bouvetées. On le voit devant le vestibule à claire-voie. Coûts de construction de l'habitation: environ 250 000 $.

Les concepteurs ont néanmoins eu la bonne idée d'éloigner le parement d'environ 3,8 cm de la structure de l'habitation. Ainsi, l'air entre au bas des murs et s'échappe au faîte. Un mouvement d'air permettant de sécher le cèdre est ainsi créé, ce qui prévient ou à tout le moins retarde l'apparition de la pourriture. Détail: un grillage a été installé pour éviter l'entrée des insectes et des petits rongeurs.

«Mais un jour, il faudra probablement refaire le revêtement», concède Patrick Morand.

Renseignements: www.ubiqinc.qc.ca

Photo: Robert Mailloux, La Presse

Myrianne Tissot-Chénier, stagiaire en architecture et conjointe de Charles Louis Laperrière, prend un bain de soleil sur ce rangement en cèdre pouvant se transformer en chaise longue, orienté au sud.