Le professeur David Hanna a développé un grand respect de tous les styles architecturaux, presque chaque maison possédant, selon lui, une valeur patrimoniale. «Avant de juger, demandons-nous pourquoi cette brique brunâtre, pourquoi ces vitraux, ces toits mansardés, pourquoi ces maisons de banlieue de type colonial américain "Cape Cod" ? Quand on connaît le contexte historique et socioculturel dans lequel une maison a été construite, on est porté à maintenir son authenticité», explique celui qui dirige les études supérieures en études urbaines à l'Uqam.

Le professeur David Hanna a développé un grand respect de tous les styles architecturaux, presque chaque maison possédant, selon lui, une valeur patrimoniale. «Avant de juger, demandons-nous pourquoi cette brique brunâtre, pourquoi ces vitraux, ces toits mansardés, pourquoi ces maisons de banlieue de type colonial américain "Cape Cod" ? Quand on connaît le contexte historique et socioculturel dans lequel une maison a été construite, on est porté à maintenir son authenticité», explique celui qui dirige les études supérieures en études urbaines à l'Uqam.

 M. Hanna, qui partage ses connaissances en histoire de l'architecture montréalaise depuis des années, dans le cadre des cours d'Héritage Montréal, a été témoin du virage radical effectué en faveur du patrimoine.

«Il y a 20 ans, relate-t-il, les propriétaires voulaient raser les frontons, remplacer les portes anciennes, les fenêtres à guillotine et la brique démodée. Maintenant, ils veulent conserver le plus possible, et même rajouter les éléments perdus, rehaussant ainsi la valeur marchande de leur propriété.» Parallèlement à cette nouvelle conscience patrimoniale, les métiers artisanaux - vitrail, métal repoussé - ont pris un nouvel essor depuis 10 ans.

 M. Hanna voit un intérêt patrimonial à presque toutes les catégories d'habitations, de la modeste maison carrée d'après guerre qui témoigne de l'accession des ouvriers à la propriété, à la maison de Westmount, qui mélange allègrement les genres, en passant par les duplex montréalais en rangée, chaque style reflétant l'esprit socioculturel de son époque.

 Connaître ce qu'on possède

 S'il reste beaucoup des éléments d'origine à la maison (parapet, structure du balcon, portes et fenêtres, vitraux, matériaux nobles), ça vaut la peine de restaurer avec un souci d'authenticité, estime M. Hanna. «Sinon, réalisez un autre rêve pour la mettre en valeur, des fenêtres en saillie par exemple», dit-il.

 Besoin d'un peu d'aide pas trop chère pour apprécier votre patrimoine? Placez une petite annonce sur le babillard du département d'urbanisme d'une université (UQAM, de Montréal, McGill ou Concordia), conseille le professeur. Offrez 100$ à un étudiant à la maîtrise ou au doctorat, qui s'avérera passionné et intarissable.

 Pour David Hanna, une restauration authentique n'empêche pas des apports modernes comme un puits de lumière, une excavation de sous-sol, des fenêtres à double ou triple vitrage avec argon, avantages technologiques compatibles avec l'harmonie patrimoniale.

 Il se désole cependant de certaines fautes de goût frappantes: tel propriétaire de Montréal qui enlève deux jolis balcons pour construire un garage. Tel autre, dans une banlieue romantique (Lorraine, Rosemère), où le paysage est étudié pour donner un joli panorama à chaque propriétaire, qui plante une haie de cèdres devant sa fenêtre panoramique.

 

Photo fournie par David Hanna

Un quintuplex de style italianisant, rue Chateaubriand dans Villeray. On reconnaît les balcons de bois avec balustrade de fer forgé, typiquement montréalais, à l'origine de l'expression «balconville». «Nulle part ailleurs dans le monde, affirme l'architecte David Hanna, on ne retrouve cet aménagement qui réunit plusieurs ménages dans une même enveloppe mais avec des escaliers extérieurs, qui garantissent à chacun son entrée privée. Écologique avant l'heure, cette approche favorisait la mixité ethnique.»