Au coeur du quartier Sillery, à Québec, dans une rue où plusieurs styles d'architecture se côtoient, il faut être attentif pour apercevoir l'étroite demeure de France Laberge. Le terrain de 11 mètres de largeur semble minuscule pour cette maison qui cache bien sa polyvalence.

Au coeur du quartier Sillery, à Québec, dans une rue où plusieurs styles d'architecture se côtoient, il faut être attentif pour apercevoir l'étroite demeure de France Laberge. Le terrain de 11 mètres de largeur semble minuscule pour cette maison qui cache bien sa polyvalence.

«C'est la preuve qu'on peut faire de l'architecture moderne en harmonie avec le patrimoine bâti», se félicite l'architecte. Le lierre qui recouvre la brique d'argile jaune est en grande partie responsable du camouflage. Il «aime la maison», dit Mme Laberge.

Des feuilles de cuivre agrafées complètent la façade, sans la défigurer. Avec l'âge - la résidence n'a que 11 ans - , le matériau verdira comme les toitures du Vieux-Québec. Cette devanture est une interprétation contemporaine de la technique traditionnelle de la tôle à la canadienne.

Grâce au lierre et au cuivre, l'apparence de la maison évolue, à l'instar de son style intérieur. France Laberge, à la fois architecte et cliente du projet, a mis l'accent sur la flexibilité et la polyvalence.

       «La maison est faite pour être transformée au fur et à mesure de l'évolution de la famille ou des propriétaires», explique-t-elle.

Séparés par un muret coiffé d'une rampe, le salon et le hall d'entrée forment une aire ouverte. Le plancher surélevé du rez-de-chaussée permet de dégager de l'espace pour de grandes fenêtres au sous-sol.

«Vous ne trouverez rien d'intéressant chez nous parce que ce n'est pas décoré. L'architecture suffit à faire l'ambiance», a confié France Laberge. Les poutres de bois brut apparentes et les portes vitrées coulissantes appuient son affirmation.

    «C'était plus ouvert quand on a construit, il y a 10 ans», analyse-t-elle. Le mur qui sépare le salon du boudoir donne raison à la conceptrice, il a été ajouté. «On a peut-être besoin de s'isoler à mesure que les enfants vieillissent», songe la mère de deux ados. Le boudoir et la salle à manger garnie d'immenses fenêtres ont permuté, autre exemple de polyvalence.

Malgré les nuages, la demeure profite d'un éclairage naturel marquant. À cause de la proximité de la résidence voisine, le mur nord compte peu d'ouvertures. Appuyée sur celui-ci, la cuisine profite quand même de l'apport du soleil grâce à la fenestration à l'arrière et à des blocs de verre sur toute sa longueur.

  «Tout le monde nous demande des cuisines ouvertes avec un îlot. Mais moi, quand je mange, je ne veux pas voir la cuisine», lance l'architecte. Un mur s'élève donc entre cette dernière et la salle à manger. Source de rangement, il s'arrête à un demi-mètre du plafond. «On aime cuisiner. Une chance qu'il y a un mur, parce que ça éclabousserait partout !» confie celle dont l'époux est aussi architecte.

Fonction et esthétisme

À l'étage, deux chambres d'enfant de dimensions identiques se voisinent. Peu de meubles entourent l'immense lit de la chambre principale. «Quand tu as l'espace de rangement tout près, tu peux te permettre d'avoir des pièces plus petites», fait valoir Mme Laberge. Aménagés en enfilade, une salle de bains - avec baignoire sur pieds - , un walk-in, la salle de lavage et une salle d'eau encerclent la pièce. Une ouverture gardée de rideaux donne accès à la salle de bains, les autres pièces sont protégées par des portes, rares dans la maison.

   C'est son côté pratique qui a incité France Laberge à placer la salle de lavage à proximité de sa chambre. Pas besoin de traverser la maison avec les vêtements.

Le mur de la chambre principale est percé d'une immense fenêtre qui donne sur l'escalier et l'entrée. Un rideau protège l'intimité. «J'aime beaucoup les plans vitrés, les effets de transparence. J'ai toujours la peur qu'on n'ait pas assez de lumière. Si on en a trop, on peut les obturer», expose Mme Laberge.

 Comme une cerise sur un sundae, la chambre principale s'ouvre sur un balcon. Il surplombe la terrasse du rez-de-chaussée. La vigne vierge protège du soleil et assure la privauté.

Difficile d'être architecte et client à la fois ? «Je trouve que c'est un plaisir de pouvoir s'offrir ça, confie France Laberge. On travaille toujours pour les autres, on remplit des demandes. Je trouve ça l'fun d'avoir ma maison comme laboratoire, tu essaies des choses, des matériaux. Si ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas, ce n'est pas plus grave que ça. Avec des clients, ils nous le reprochent.»

 

La cour arrière révèle une oasis de verdure impressionnante.