Dans le quartier Les Rivières de Québec, entre la carrière Union et le boulevard Bastien, s'élève, en pente douce, une rue sans trottoirs, bordée à distance de maisons de campagne patrimoniales. C'est la côte des Érables. À gauche, on aperçoit la rue De Grandmaison et un bouquet de bâtiments de même nature. C'est beau et apaisant. Le soir surtout, lorsque la carrière est au repos.

Dans le quartier Les Rivières de Québec, entre la carrière Union et le boulevard Bastien, s'élève, en pente douce, une rue sans trottoirs, bordée à distance de maisons de campagne patrimoniales. C'est la côte des Érables. À gauche, on aperçoit la rue De Grandmaison et un bouquet de bâtiments de même nature. C'est beau et apaisant. Le soir surtout, lorsque la carrière est au repos.

 D'ici juillet, ce secteur «rural» ancien, contre lequel la «crue» urbaine a monté, devrait être promulgué Site du patrimoine par la Ville de Québec. Celle-ci s'emploiera, en quelque sorte, à soutenir systématiquement sa préservation et sa mise en valeur.

 «Les habitants du périmètre, généralement heureux de la décision, prise après études et audiences publiques, ne pourront désormais démolir leurs bâtiments quels qu'ils soient ni morceler leur terrain sans le feu vert du comité exécutif de la Ville. Par un programme de subventions, en revanche, ils seront encouragés à garder leurs propriétés en état», déclare François Moisan, porte-parole de la Ville de Québec.

 L'administration, de son côté, s'obligera à sauvegarder l'intégrité de l'endroit dans la conduite de ses travaux publics. Lorsqu'il faudra refaire la chaussée, par exemple, précise M. Moisan.

 Quant aux maisons patrimoniales et leurs dépendances (granges-étables, écuries, poulaillers et fournils), elles remontent aux XVIIIe et XIXe siècles.

 Cependant, dans une étude qu'elle a produite pour le Service de l'aménagement du territoire de Québec, la société de consultants en patrimoine culturel et muséal Bergeron Gagnon constate que ces bâtiments ne sont pas d'origine, puisque c'est vers 1650 que les premiers agriculteurs se sont établis. Ils se rapportent donc «vraisemblablement à une seconde génération d'immeubles».

 Héritage architectural

 En fait, ces résidences, au nombre de 15, sont tantôt à mansarde, tantôt québécoises à planches à feuillures, tantôt carrées à étages. L'une d'elles, devenue pavillon de chasse, fait corps avec une grange.

 En tout cas, le groupe Bergeron Gagnon se félicite de ce que les propriétaires successifs ont fait, pour la plupart, des pieds et des mains pour les sauvegarder. Aussi bien que leurs 20 dépendances, dont l'une d'elles est située dans l'emprise d'Hydro-Québec, au nord. D'un autre côté, un poulailler, tout en conservant sa facture architecturale, a été converti, par ses propriétaires, en atelier de jardinage.

 Mais au travers de ces bâtiments patrimoniaux se sont insinués des bungalows, cottages ou maisons de pierre nouvelles d'esprit traditionnel. Tous, pour une implantation ordonnée, sont également distancés de la voie publique et alignés sur les maisons ancestrales. Ainsi, l'ancien et le moderne s'accordent, l'un ne jurant pas par rapport à l'autre.

 Quant aux terrains, ils sont grands. Car ils sont le reliquat de lots qui ont «été amputés de leur profondeur» par l'avancée de la ville. Quelques-uns ont encore la largeur agraire typique.

 Autrefois, les terres s'étendaient loin, au nord et au sud. Le mode d'occupation, d'origine seigneuriale, était on ne peut plus rural. Cependant, le paysage dans lequel s'intègre, à présent, ce parc immobilier patrimonial, dit le groupe Bergeron Gagnon, n'est plus comme avant. Il est tronqué. Pour la Ville de Québec, il faut se hâter de sauver et de protéger ce qui reste.

 Enfin, rappelle-t-on, la côte des Étables, traversée du reste par la piste cyclable du corridor du Cheminot, est sans issue afin que les fardiers de la carrière Union ne s'y engagent pas. Déjà que plusieurs résidants trouvent intolérable le fracas de la pierre qu'on fait occasionnellement éclater.

Glossaire

 Fournil : pavillon où, autrefois, on faisait du feu pour faire le savon, les conserves, concocter les teintures et cuire le pain ; lorsqu'il était annexé au corps principal de la maison, il servait de cuisine d'été.

 Feuillures : entailles à angle droit pratiquées dans le chant (bords) des planches pour les fixer, avec précision, les unes contre les autres.

 Maison à mansarde: type de maison, d'esprit français, dont chacun des versants du toit est «brisé». La partie supérieure s'appelle terrasson, la partie inférieure brisis. Les brisis, au nombre de quatre ou de deux (devant et derrière), couvrent les murs de l'étage. L'hôtel de ville de Paris est du même esprit.

 Maison québécoise : son toit est à double versant, relevé de lucarnes et de larmiers (corniches) assez longs qui forcent les eaux de ruissellement à tomber bien au-delà de l'aplomb des murs extérieurs. Souvent, elle est pourvue latéralement d'un fournil ou d'une cuisine d'été.

 

Photo Raynald Lavoie, Le Soleil

Barotins de galerie en triolets et chambranles de fenêtre ouvragés.