Dans la topographie escarpée de Charlevoix, face à un fleuve presque aussi imposant que la mer, se révèle cette nouvelle construction qui semble avoir apprivoisé son paysage depuis des lunes. Avec de nombreux attraits qui empruntent aux maisons traditionnelles de la région, le Grand Bercail s’est posé dans son environnement en toute aisance.

Sur les terrasses de Cap-à-l’Aigle, en amont de La Malbaie, une collection de maisons d’architectes luxueuses, souvent contemporaines, attire le regard. C’est dans ce petit paradis où les structures rivalisent de créativité que Julie Parenteau a mis la main sur le dernier terrain à vendre. Deux jours plus tard, elle appelait la firme L. McComber, déjà sollicitée quelques années plus tôt pour la rénovation de sa maison de ville, dans Cité Jardins.

PHOTO ULYSSE LEMERISE, FOURNIE PAR L. MCCOMBER

La façade principale

Dès le départ, il a été établi que ce projet serait destiné à la location de courte durée et qu’il s’intégrerait dans l’architecture vernaculaire, dit-elle. « Je ne suis pas amateure d’architecture contemporaine et encore moins en région. La première chose que j’ai mentionnée, c’est que je voulais d’une maison qui a l’air d’être là depuis 50 ans. Je souhaitais qu’elle se fonde dans la nature et qu’elle soit implantée en ne défrichant que le minimum. »

La réponse de la firme a été cette imposante demeure dont l’oculus, clin d’œil au langage maritime, est devenu un trait distinctif.

Malgré sa silhouette traditionnelle, l’endroit fait appel aux meilleures techniques d’aujourd’hui pour limiter l’empreinte de carbone. Elle emprunte aussi aux bonnes vieilles méthodes d’antan, leurs façons passives de profiter des gains solaires en hiver, tout en limitant la surchauffe en été.

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La façade latérale est

Isolé bien au-delà des normes prescrites, le Grand Bercail réconforte autant par son confort que par son allure.

L’intemporelle

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La salle familiale est dirigée vers le fleuve et le poêle au bois.

C’est dans le cadre d’une retraite sur le cap rocheux de Cap-à-l’Aigle que l’équipe de concepteurs a dessiné cette villa familiale. « Le réflexe est d’imaginer de très grandes fenêtres qui permettent de profiter de la beauté du fleuve et des couchers de soleil. L’inconvénient, comme on a pu le constater, est toutefois de créer une surchauffe à l’intérieur », pointe Olivier Lord, architecte chargé du projet avec Laurent McComber, lors de son séjour.

Le duo s’est donc intéressé aux façons de créer un projet à la fois tourné vers le fleuve et efficace d’un point de vue énergétique.

Les lignes plus traditionnelles du bâtiment font appel à différents dispositifs de protection et de durabilité que nos ancêtres avaient compris, mais qui ont parfois été abandonnés au profit de volumétries plus sobres.

Olivier Lord, architecte chargé du projet

Parmi ces stratégies, l’intégration d’une grande galerie a une double fonction qui est d’offrir une aire de vie à l’abri des intempéries et de protéger les grandes ouvertures du soleil. Les avancées de toit qui la surmontent font office de casquette. Cette coiffe, efficace par temps chaud, n’est cependant pas un obstacle pour que la chaleur pénètre en hiver, alors que le soleil est plus rasant.

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La salle à manger offre un point de vue saisissant sur le fleuve.

Faire régner la simplicité

« À l’intérieur, on a misé sur la simplicité. On voulait faire en sorte que rien ne soit compliqué pour les locataires et que la maison soit accueillante pour des enfants en bas âge, sans qu’ils ne dictent l’horaire du réveil pour toute la maisonnée », relève la propriétaire, qui est aussi à la tête des boutiques de mode enfantine Billy le Kid.

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Dans le vestibule, un passe-plat permet de glisser les sacs d’épicerie dans l’arrière-cuisine.

Dessiné en pleine pandémie, dans un élan de retour aux plans plus divisés, l’espace comprend des coins pour se retirer et cohabiter dans l’espace. L’aile des chambres, conçue pour accueillir confortablement deux familles, est divisée en deux unités ; séparées par une porte, elles possèdent chacune leur salle de bains et leur rangement.

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Devenu l’emblème du Grand Bercail, l’oculus rappelle les hublots des bateaux.

Dès l’entrée, pour faciliter la vie des occupants, les concepteurs ont inclus un passe-plat. Les sacs d’épicerie peuvent ainsi être directement transférés dans l’arrière-cuisine. Parce que dans un scénario typique, les visiteurs qui se pointent pour un court séjour se donnent rarement la peine de tout ranger dans les armoires, l’équipe a prévu ce coin rangement, annexé à la cuisine, qui permet de garder les produits hors de la vue à partir de la salle familiale.

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L’ajout d’une arrière-cuisine a été privilégié à une cuisine surdimensionnée. Dans l’aire commune, le traditionnel plancher de bois est remplacé par un revêtement en terre cuite, ce qui permet de tirer un maximum de performance du plancher radiant.

La salle à manger connecte visuellement avec les pièces adjacentes, mais elle est isolée acoustiquement par un mur vitré, ce qui permet d’utiliser le salon et la mezzanine simultanément. La configuration, explique Olivier Lord, a été pensée de façon à ce que certains puissent s’isoler au besoin. Pour les ados, un coin a été prévu au sous-sol et comprend des lits superposés, une salle de bains et de jeux. Si l’ensemble est tourné vers le fleuve, c’est la mezzanine qui offre la vue la plus spectaculaire en donnant l’impression de la contempler à travers un hublot géant.

Le mariage de matériaux fait la richesse du style

  • Sur la mezzanine, une aire ouverte accueille les amateurs de jeux de société.

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    Sur la mezzanine, une aire ouverte accueille les amateurs de jeux de société.

  • À l’étage, derrière la mezzanine, un salon avec téléviseur est un lieu pour s’isoler ou se détendre. On y trouve aussi un bureau et des lits de jour composés de deux lits à une place.

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    À l’étage, derrière la mezzanine, un salon avec téléviseur est un lieu pour s’isoler ou se détendre. On y trouve aussi un bureau et des lits de jour composés de deux lits à une place.

  • Le rez-de-jardin est pensé pour héberger des ados ou d’autres invités.

    PHOTO ULYSSE LEMERISE, FOURNIE PAR L. MCCOMBER

    Le rez-de-jardin est pensé pour héberger des ados ou d’autres invités.

  • Chaque unité familiale comprend deux chambres et peut ainsi accueillir une famille ou un groupe d’amis.

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    Chaque unité familiale comprend deux chambres et peut ainsi accueillir une famille ou un groupe d’amis.

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Parmi tous les chalets contemporains aux tons monochromes, le Grand Bercail se démarque avec un air de déjà-vu. Il comprend un mélange de matières nobles harmonieusement agencées – du lambris, de la brique, de la terre cuite et du bois – qui semblent s’être greffées à ses entrailles au fil des années. Ses teintes forestières font par ailleurs en sorte qu’il se perd dans sa végétation. Comme elle n’a pas de signature campée dans une époque, Julie Parenteau voit sa maison évoluer sereinement dans le temps.

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L’escalier, comme c’est le cas pour l’ensemble du projet, a été réalisé par des ouvriers et artisans locaux. Des lignes courbes s’insèrent dans le décor à plusieurs endroits et créent un décor organique.

« Bien qu’il s’agisse d’un projet contemporain, on n’a pas complètement réinventé la roue et ça fait du bien, souligne l’architecte. Le mélange de matériaux est riche et c’est ça qui est vibrant. On a l’impression de débarquer dans un endroit qui a sa propre histoire. D’ailleurs, on me demande souvent s’il s’agit d’une rénovation. Je trouve que c’est la preuve qu’on a bien réussi notre mission ! »

Consultez le site du Grand Bercail