Claude Cormier, le plus connu des architectes paysagistes québécois, s’est éteint le 15 septembre à Montréal, après avoir laissé sa marque aux quatre coins du pays. Il avait 63 ans.

Il a signé certains des aménagements publics les plus emblématiques de la métropole, des boules roses du Village au nouveau square Dorchester en passant par la plage du quai de l’Horloge.

Son dernier projet montréalais, l’anneau géant de l’esplanade de la Place Ville Marie, a été inauguré l’an dernier. Une « lettre d’amour » à Montréal qui s’est aussi révélée être une lettre d’adieu.

« Claude Cormier était la force créatrice à l’origine de certains des espaces publics les plus appréciés, les plus joyeux et les plus admirés au Canada », souligne le communiqué annonçant sa mort.

M. Cormier est mort des suites de multiples cancers. Il était atteint du syndrome de Li-Fraumeni, une rare prédisposition génétique à développer cette maladie.

« Des idées très fortes »

Sophie Beaudoin est coprésidente de CCxA, le cabinet créé par Claude Cormier et qui portait son nom jusqu’à récemment.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Sophie Beaudoin et Claude Cormier en 2018

« Le style Cormier, c’est qu’il y a de l’amour, de l’humour, de la beauté et de la générosité dans tout ce que l’on fait, a expliqué Mme Beaudoin en entrevue téléphonique. Des idées très fortes amenées dès le départ et qui restent jusqu’à la fin, sans être édulcorées. »

Son travail présentait « juste le bon niveau de subversion », fait valoir Philippe Lupien, professeur d’architecture à l’UQAM et administrateur de l’Association des architectes paysagistes du Québec (AAPQ).

C’est la fine ligne : il faut bousculer les conventions juste assez pour que le projet se fasse, sinon ça reste des projets fictifs.

Philippe Lupien, professeur d’architecture à l’UQAM

Lui-même architecte paysagiste, M. Lupien connaissait Claude Cormier « depuis très, très longtemps ». « J’ai vu sa pratique évoluer au fil des années », a-t-il dit.

« Quand on voit des projets de Claude, ça s’adresse à l’intelligence des gens. On a l’impression d’embarquer dans une discussion, on a l’impression qu’il a de la répartie par rapport au contexte », a dit M. Lupien. « Il y a une complexité, dans son paysage, qui est très rare. »

  • L’anneau géant de l’esplanade de la Place Ville Marie

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

    L’anneau géant de l’esplanade de la Place Ville Marie

  • Les jets d’eau de la fontaine du square Dorchester

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

    Les jets d’eau de la fontaine du square Dorchester

  • Vue aérienne des boules roses du Village

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

    Vue aérienne des boules roses du Village

  • La plage du quai de l’Horloge

    PHOTO ALEXIS AUBIN, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

    La plage du quai de l’Horloge

  • Les arbres roses dans le hall du Palais des congrès

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

    Les arbres roses dans le hall du Palais des congrès

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

La mairesse Valérie Plante a réagi à la mort de M. Cormier sur le réseau social X, saluant « un visionnaire, un bâtisseur et un grand Montréalais ». « Son influence sur les icônes et les places publiques de la ville se comptent par dizaines, écrit-elle. Son œuvre architecturale est un legs qui restera dans nos mémoires à jamais. »

« Le bon projet au bon moment »

M. Cormier a lancé son cabinet montréalais en 1994, après un passage par l’Université de Toronto et un doctorat à l’Université Harvard. Un dépaysement total pour le jeune homme né sur une ferme du Centre-du-Québec.

Il citait notamment Frederick Law Olmsted, père du parc du Mont-Royal, comme influence majeure.

Dans la métropole québécoise, il a entamé son parcours en concevant le nouvel aménagement de la place D’Youville, dans le Vieux-Montréal, avant de multiplier les projets.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La place d’Youville, dans le Vieux-Montréal

Les boules roses du Village demeurent un projet phare pour l’architecte de paysage.

Ça a eu des impacts sociaux importants. Des impacts économiques, avec la revitalisation de la rue Sainte-Catherine dans l’Est.

Sophie Beaudoin, coprésidente de CCxA

Ces boules, « c’était le bon projet au bon moment », a ajouté Philippe Lupien.

L’anneau géant, quant à lui, « était un projet très, très, très particulier qui lui tenait particulièrement à cœur », a souligné Mme Beaudoin. « C’était vraiment sa lettre d’amour à Montréal. Il l’a toujours présenté comme ça. »

En plus de ses réalisations montréalaises, Claude Cormier a aussi conçu de nombreux projets à Toronto et ailleurs en Amérique du Nord. Ses projets de plages urbaines sur les berges du lac Ontario, dans la capitale ontarienne, l’ont particulièrement enthousiasmé, a indiqué Mme Beaudoin.

Qui est Claude Cormier ?

Claude Cormier ouvre son cabinet montréalais en 1994, après avoir décroché un doctorat à l’Université Harvard.

Il conçoit de nombreuses places publiques originales à Montréal, Toronto et aux États-Unis au fil des années.

Il signe certaines des installations les plus iconiques de la métropole québécoise, des boules roses du Village jusqu’à l’anneau géant de la Place Ville Marie.