Sur un ancien stationnement asphalté trône maintenant une maison au design unique, parfaitement intégrée à l’environnement pourtant hétéroclite qui borde le marché Jean-Talon, à Montréal. C’est dans ce secteur effervescent de la Petite Italie qu’un couple s’est installé quand ses enfants ont quitté le nid, pour vivre sa vie à l’européenne.

La piscine, la cour verdie et la grande maison de Mont-Royal servaient le quotidien d’une famille avec de jeunes enfants. Maintenant que les garçons étudient à l’étranger pour ne revenir que l’été, la vie de « banlieue » a fait son temps. Lisa Wolofsky et Joey Mastrogiuseppe ont envie d’une vie « plus urbaine, plus l’fun ».

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Le mur de vitre cambré de la mezzanine laisse entrer la lumière.

Le couple possédait déjà un immeuble de six logements situé rue Drolet, dans la Petite Italie, avec un grand stationnement asphalté à l’arrière. C’est cette partie du lot qu’ils ont réclamée pour édifier l’habitation de leur seconde vie, dotée de trois étages, dont un, au rez-de-chaussée, qui fait office de bureau et qu’ils pourront éventuellement convertir en logement pour faciliter leurs vieux jours.

  • Sur le côté, un retrait permet d’induire la cour arrière. Un espace de stationnement pour une voiture a été préservé et permet de garder une issue de secours pour le triplex arrière, annexé à cette nouvelle construction.

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    Sur le côté, un retrait permet d’induire la cour arrière. Un espace de stationnement pour une voiture a été préservé et permet de garder une issue de secours pour le triplex arrière, annexé à cette nouvelle construction.

  • L’arrondi vitré allège l’assise de cette maison colossale, à l’instar de sa mezzanine.

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    L’arrondi vitré allège l’assise de cette maison colossale, à l’instar de sa mezzanine.

  • L’espace salon de la terrasse sur le toit, aussi dotée d’un coin repas avec cuisine extérieure

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    L’espace salon de la terrasse sur le toit, aussi dotée d’un coin repas avec cuisine extérieure

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La maison est dotée d’un mur de vitre cambré et chapeautée du même traitement à la mezzanine quasi immatérielle. Courbes et ouvertures confirment l’esprit Mid-Century des lieux et arriment, avec élégance, le bâtiment à ceux qui l’entourent. Au cœur du lot, l’asphalte a été effrité pour faire place à une cour intérieure qui s’intimise au fur et à mesure que croissent des arbres au feuillage persistant. La terrasse sur le toit offre d’autres prétextes pour flâner à l’extérieur et un point de vue sur la vie du quartier qui fourmille de marchands, de bons cafés et de restos.

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Maison Carlier est lauréate d’un Prix de l’ordre des architectes 2023

On choisit ce qu’on veut manger vers 16 h. On va chercher ce qu’il faut au marché et on est de retour à la maison en quelques minutes. La voiture devient accessoire quand on peut marcher pour accéder à presque tout. On adore ce train de vie. On se lève pas mal tous les jours en se pinçant !

Joey Mastrogiuseppe

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Les propriétaires, Lisa Wolofsky et Joey Mastrogiuseppe

Il y a 10 ans, Joey a acheté la fruiterie Leopoldo au marché Jean-Talon et est devenu fruitier comme son père et son grand-père avant lui. Avocat dans le secteur du divertissement, il visite son commerce les week-ends et s’approprie ce métier inscrit dans son ADN. Lisa gère leur société de production qui a présenté plusieurs films et spectacles à l’international, dont Funny Girl sur Broadway. « On n’arrête jamais », lance Lisa.

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À l’arrière, l’édifice converge vers la cour intérieure. Situé sur le même lot qu’un immeuble résidentiel, il est relié à ce dernier par un escalier commun.

Emplacement maximisé

La COVID-19 aura tout de même forcé un ralentissement qui a donné le coup d’envoi à ce projet de vie, confié aux architectes Loukas Yiacouvakis et Marie-Claude Hamelin, de la firme Yh2. Baptisé Maison Carlier, en hommage à l’entrepreneur qui a assuré sa construction avant de prendre sa retraite, ce pavillon de bonne dimension, lauréat d’un Prix d’excellence en architecture 2023, a réussi à se glisser en douce entre plusieurs bâtiments.

« D’un côté, on a une petite shoebox, de l’autre, un multilogement de cinq étages qui date des années 1960. En arrière, un autre édifice de six logements. Le défi était de concevoir une maison qui donnerait une unité à ce décor », indique Loukas Yiacouvakis. La nouvelle construction – un volume rectangulaire traversé par des bandes de verre et de bois – fait office de trait d’union entre les bâtiments voisins. La brique, travaillée comme un tressage qui rappelle le tartan avec son alternance de joints creux et pleins, s’arrime à d’autres revêtements de ce segment de rue et crée la cohérence.

  • Les rondeurs sont reprises partout dans le décor.

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    Les rondeurs sont reprises partout dans le décor.

  • L’aboutissement est chaleureux et minutieusement réfléchi dans ses moindres détails.

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    L’aboutissement est chaleureux et minutieusement réfléchi dans ses moindres détails.

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L’ensemble du bâtiment converge vers la cour semi-intérieure tandis que les ouvertures se concentrent au sud-est pour obtenir un gain thermique optimal en hiver et un maximum de luminosité en toutes saisons. L’extérieur est enraciné dans son sol et pourtant léger ; l’intérieur est lumineux et intime malgré la proximité.

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Les propriétaires savaient ce qu’ils voulaient. Au fil de leurs voyages, ils ont rassemblé plusieurs idées de déco dans un album qui a pu être rouvert avec ce projet.

Miser sur le long terme

« On quitte le côté épuré du design scandinave pour obtenir un résultat sensuel avec des accents d’acajou et des rondeurs. Il n’y a rien de froid dans tout ça », relève l’architecte. Les propriétaires savaient ce qu’ils voulaient. Au fil de leurs voyages, ils ont rassemblé plusieurs idées de déco dans un album qui a pu être rouvert avec ce projet, indique Lisa.

On voulait que la maison ait un feeling italien et rétro. On a passé une bonne année juste sur le design, à choisir la vibe, les matériaux et les couleurs.

Lisa Wolofsky

L’aboutissement est chaleureux et minutieusement réfléchi dans ses moindres détails, ce qui implique de n’avoir pas toujours retenu les chemins les plus faciles.

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Sur le dosseret de la cuisine et dans la salle de bain principale, des tuiles provenant du Japon

Plusieurs tuiles ont été importées du Japon ; les fresques, d’Italie. Les interrupteurs en laiton proviennent d’Angleterre. Les murs arrondis en bois franc, plutôt qu’en placage, ont nécessité des jours pour être montés jusqu’à satisfaction : autant de choix faits dans une optique de pérennité.

Le deuxième niveau accueille les chambres et est divisé en deux zones : la suite parentale et celle des enfants. C’est toutefois à l’étage supérieur, ouvert sur la mezzanine de verre, que se concentrent les pièces de vie commune et le plus senti des coups de cœur. De là, les propriétaires empruntent les dernières marches qui donnent accès aux repas et soirées d’été à la belle étoile. « Si un jour ça devient difficile de monter les escaliers, on pourra toujours occuper le rez-de-chaussée et utiliser la cour intérieure. Chose certaine, on ne déménage plus d’ici ! »

  • Un cellier a été intégré dans l’un des murs de la cuisine.

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    Un cellier a été intégré dans l’un des murs de la cuisine.

  • Dans l’entrée, une porte conduit au rez-de-chaussée, actuellement utilisé comme bureau. Elle pourra éventuellement être condamnée pour faire place à un logement doté d’une entrée indépendante à l’avant du bâtiment.

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    Dans l’entrée, une porte conduit au rez-de-chaussée, actuellement utilisé comme bureau. Elle pourra éventuellement être condamnée pour faire place à un logement doté d’une entrée indépendante à l’avant du bâtiment.

  • Les interrupteurs en laiton se patineront avec le temps et donneront une richesse au décor.

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    Les interrupteurs en laiton se patineront avec le temps et donneront une richesse au décor.

  • Le salon du rez-de-chaussée, utilisé le jour comme bureau et le soir par les enfants pour se rassembler avec leurs amis

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    Le salon du rez-de-chaussée, utilisé le jour comme bureau et le soir par les enfants pour se rassembler avec leurs amis

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